Test express Lumix DC-GH5S

Le GH5s a donc débarqué en janvier dernier, juste après le CES de Las Vegas. Panasonic poursuit ainsi sa lancée sur le segment des "photocamescopes" en prolongeant sa célèbre gamme GH. Affiché à 2500 euros nu, le GH5s ne remplace pas véritablement le GH5, que les possesseurs de ce dernier se rassurent, il en est plutôt une variante, à considérer comme telle.

Alors nous n'allons naturellement pas répéter le test complet (*) qui a été effectué avec le GH5, étant donné que GH5 et GH5s partagent environ 90% de fonctions communes. dont un même écran 3,2" de 1 620 000 points compatible HDR, la même batterie de 1860 mAh, les mêmes caractéristiques d'Autofocus, le même Bluetooth / Wi-Fi, la même tropicalisation, le même grip optionnel DMW-BGGH5E, et le même double slot SD...

Nous allons aborder les 10% de différenciation entre le GH5 et le GH5s car les nouvelles caractéristiques ont un intérêt plus grand que ce faible pourcentage.

Rappelons juste aussi l'historique rapide des précédents modèles :

-le GH4 a contribué au professionnalisme de la gamme avec l'arrivée du 4K et les Profils d'images Cinelike D et V intégrés (entre autres).

-Le GH4R a franchi la limite des 29 minutes et 59 secondes, faisant du GH4R le 1er appareil photo-camescope.

-Le GH5 a apporté l'intégration du 4:2:2 10 bits doublé d'une stabilisation du capteur et de nombreuses fonctions Autofocus dont les réglages de vitesses, ou les transitions de focus automatisée.

(*) voir test du GH5 pour découvrir le détail des fonctions des GH5 ou découvrir le tutoriel vidéo des GH4-GH5 (accès Premium).

Il faut rappeler que le GH5s est proposé à 2500 euros nu, soit 500 euros de plus que le GH5 à sa sortie, expliquant que tous les formats, profils et codecs d'enregistrement qui se sont succédé, au fil des versions et des mises à jour, soient intégrés d'origine. On retrouve ainsi tous les formats d’enregistrements qui avaient été inclus sur le GH5 d'origine ou proposés en mise à jour (gratuite ou payante), c'est à dire :

enregistrement en V-LOG

après correction / étalonnage du signal V-LOG

Le GH5s dispose désormais de l’option d’enregistrement HLG (Hybrid Log Gamma), proposé par défaut en interne, parmi les Profils d'image disponibles. Déjà rencontré chez d’autres fabricants comme Sony, le HLG est un des « modes d’expression » du HDR, permettant d’enregistrer avec beaucoup de finesse vos scènes les plus délicates du point de vue de leur luminosité. Mais contrairement à Sony sur ses AX700 et NX80 notamment, ce mode HLG est réservé aux modes 4:2:2 10 bits, ce qui est plus cohérent pour bénéficier de vraies nuances colorimétriques qu'avec le 4:2:0 8 bits. Parfois, l'enregistrement en HLG doit s'effectuer via la sortie HDMI sur un enregistreur externe, comme c'est le cas en C4K ou en QFHD à 50 / 60p par exemple.

Autrement, l'enregistrement HLG s'effectue en interne si les fréquences d'enregistrement sont moins élevées, comme c'est le cas en C4K en 25p / 30p.

en Style Standard

en Style HLG

en Style 709

en Style HLG

Le GH5s revendique enfin deux améliorations :

-il intègre enfin le Cinéma 4K (4096x2160) en 50/60p, au débit de 150 Mbps. Il s'affranchit ainsi de la fréquence maxi de 24p, 25p ou 30p, très courante sur d'autres appareils. Même le GH5 était limité au 24p en DCI. En effet, développer du vrai 4K en 50p (en Pal) se heurtait jusqu'à présent à des limites non précisées par le fabricant mais sans doute réelles (risque de chauffe du compresseur à de hauts débits ?). Voilà qui semble donc surmonté...

Jusqu'à la cadence de 200 fps, en revanche vous n'avez pas de crop, aussi il est peut-être préférable de ne pas dépasser cette limite.

Précisons aussi que le ralenti en C4K/4K (UHD) est conservé jusqu'à 60 im/s et reste impeccable. Attention à la mise au point, particulièrement diffiicile à maîtriser puisqu'il faut être net... avant de shooter ! Mais une fois qu'on a réussi tout cela, les ralentis sont vraiment de toute beauté. :)

La première grosse surprise, est que le capteur BSI MOS 4/3 passe de 20 Mp à 10,28 mégapixels effectifs (11,93 au total), soit une résolution 2 fois inférieure à celle du GH5 ! Du coup, le mode Photo 4K est toujours possible mais le mode évolué Photo 6K disparaît.

C’est un recul qui s’explique. La diminution par deux du nombre de photodiodes est destinée à permettre aux pixels d’avoir plus de surface (4,70 microns, soit 1,96x plus large qu'avec le GH5) pour une même cible M43. On laisse ainsi "respirer" les photosites et on améliore la sensibilité. Quant à la résolution, on se console : la résolution de 10 mégapixels permet toujours de composer des "grandes" photos en 3840 x 2560 (3:2) ou 4016 x 2256 (16:9), soit des impressions jusqu’au format A3, ce qui n’est déjà pas si mal ! Cette réduction a aussi le mérite de rendre les vues Raw un peu moins lourdes que sur le GH5. D'autre part, il n'est pas du tout certain que le GH5s soit utilisé comme un appareil photo par ses utilisateurs. Et comme la réduction de pixels du capteur ne nuit pas à la vidéo, le mal est relatif.

Profitant de sa moindre résolution, le paradoxe est que ce capteur reste - avec le processeur Venus Engine - particulièrement efficace pour capter en "vrai" 4K DCI (4 096 x 2 160 pixels), comprenez en 4K Cinéma, en 50p ou 60p (4:2:0 8 bits, 150 Mbits/s, LongGOP), alors qu'il était limité à 25p / 30p en vrai 4K jusqu'à présent.

En outre, ce capteur est construit avec un filtre passe bas, et non sans filtre passe bas contrairement au GH5. Il offre un niveau de détection de luminance de 5EV et un autofocus optimisé pour la nuit noire promet la marque. Pour y voir quelque chose, Panasonic a introduit un Mode Nocturne infrarouge et une fonction Live View Boost de l’écran qui permet en parallèle de vérifier la composition, même dans le noir complet.

Le nouveau capteur du GH5s offre par ailleurs offre plusieurs ratios. Cette fonction, nommée "multi-aspect" permet donc d’obtenir en vidéo du 4:3, 16:9 (UHD), 17:9 (vrai 4K) ou du 3:2., avec le maximum du cadre dans chaque format, sans aucun crop (recadrage) supplémentaire lié à ce changement de ratio.

Panasonic avait déjà adopté ce type de capteur dans le passé sur le GH2 (boîtier que nous avions testé) puis l'avait délaissé. Du coup, on bénéficie vraiment d'un crop de x2 constant quel que soit le ratio utilisé, ce qui n'était le cas ni avec le GH4 ni avec le GH5 qui ne bénéficiaient pas du multi-aspect.

Le site 43rumors en a profité pour décortiquer les crops factors réels en fonction de l'aspect choisi, de la résolution choisie ou de la fixation d'un éventuel Spedbooster de Metabones... Ainsi en C4K, avec le Speedbooster Ultra, le crop factor descend à x1,275 d'après leurs calculs. Soit avec un 12-35mm, un équivalent 15 mm en 24x36 !

Oui le GH5S n'a pas que du "plus" : pour preuve, la stabilisation du boîtier (nommée "IBIS" comme l'oiseau) s'évapore. L’argument officiel de Panasonic semble tenir debout : nombre de professionnels filment la plupart du temps sur trépied, rendant le stabilisateur inutile (voire déconseillé). Et de plus en plus souvent, les pros exploitent un Gimbal pour stabiliser plus efficacement et effectuer des mouvements coulés. Dans ce cas, la stabilisation d'un boîtier peut provoquer de petites imperfections visuelles dans la mesure où le stabilisateur cherche à compenser, parfois de manière très faible mais visible, les mouvements du Gimbal. Même désactivé, le stabilisateur pourrait nuire... Bref le remède devient pire que le mal.

Ce serait pourquoi Panasonic aurait abandonné cette idée d'intégrer un système de stabilisation du capteur. Cependant, une version officieuse est permise, celle de la difficulté à intégrer un système de stabilisation avec ce nouveau capteur légèrement plus grand pour convenir au "multi-aspect". Panasonic aurait-il jeté l'éponge, refilant le bébé et l'eau du bain aux commerciaux pour trouver les éléments de langage à cet échec technique ? Difficiel à dire...

Une certitude, cette suppression de la stabilisation du capteur n'est pas totale, en effet d'abord le stabilisateur électronique interne a été maintenu sur le GH5s. Au prix d'un très léger recadrage électronique, vous bénéficiez donc d'une stabilisation partielle. On notera que l'amplitude de ce recadrage est inférieure à celle d'un Olympus OM-D E-M1 Mark II (voir test).

D'autre part, la stabilisation de votre optique, si elle est prévue pour, continuera à fonctionner tant bien que mal. Ouf !

(en C4K) A gauche sans stabilisateur électronique activé, à droite avec stabilisateur activé : on voit bien la différence d'angle de champ sur les bords qui est tout de même sensible. Panasonic ne fournit pas d'élément chiffré mais on peut estimer la perte d'angle de champ à environ 2mm en équivalent 24x36. Soit pour l'optique utilisée ici (14-140mm), un équivalent 28 mm sans stabilisateur, et un équivalent 30mm avec stabilisateur.

Signalons deux types d'enregistrements marginaux mais intéressants que permet le GH5 :

-on retrouve l'enregistrement en boucle, et l’enregistrement anamorphique 4:3 en 4K (exclusivement) en 60p, 50, 25p ou 24p et en 4:2:0 8 bits ou 4:2:2 10 bits. Rendu possible grâce au capteur 4/3 du GH5S, l’enregistrement anamorphique procure un aspect cinématographique très allongé (en 3328x2496) à différents débits possibles : 100 Mbps, 150 Mbps, ou 400 Mbps. Mais il faut utiliser un objectif ou un adaptateur anamorphique pour en profiter et qu’il prenne en charge le format 4:3. Ensuite, pour donner un aspect cinémascope à la séquence, un logiciel adéquat est requis (Premiere, FCPX, Edius, sont adaptés entre autres). Notez une bonne nouvelle : sur le GH5S, l’affichage anamorphique peut être reproduit sur l’écran du GH5S (l’image est « désqueezée » si on ose ce néologisme), ce qui est très pratique pour jauger très précisément le cadrage réalisé.

Qui dit capteur moins pixellisé (10,2 Mp au lieu de 20,4 M sur les GH5 et 16 Mp sur les GH4 / GH4R), dit meilleure sensibilité. Et c'est l'un des gros points forts - sinon le gros point fort - de ce boîtier. Côté chiffres, le GH5s gagnerait jusqu'à 9dB en termes de rapport signal/bruit. Sa sensibilité s'élève jusqu'à 51200 Iso en Sensibilité "normale" et jusqu'à 204800 Iso en Sensibilité étendue, mode paramétrable dans le Menu. Pour mémoire, le prédécesseur, le GH5, plafonnait à 25600 Iso, et le GH4 stagnait à 6400 Iso en mode de Contrôle Créatif et à 25600 Iso dans les autres modes.

Au-delà des chiffres, sans aller jusqu'aux valeurs extrêmes, le GH5s est plaisant à utiliser à des Iso qu'on n'ose pas sélectionner habituellement. Selon l'intensité de votre source d'éclairage, le bruit est là, mais moins dévastateur. Du coup, une scène captée dans la pénombre totale, devient exploitable.

La sensibilité du GH5s est bonne. Mais il faut savoir la mettre à profit, à savoir :

-Que ce soit en photo ou en vidéo, l’automatisme (du mode Iso Auto) ne va pas au-delà de 6400 Iso (3200 sur le prédécesseur GH5), afin sans dout de préserver une certaine qualité image. En cas de lumière insuffisante, si la limite Iso est atteinte, vous obtiendrez donc un résultat strictment identique que vous placiez le GH5s sur Iso Auto ou sur 6400 Iso.

-Variante au mode Auto, le mode Iso Intelligent est un peu plus compliqué à négocier, puisqu’il joue, lui, sur la sensibilité Iso automatique mais optimise en même temps l’obturation de vitesse en fonction des mouvements du sujet (lorsque le sujet est mobile bien sûr). C'est pour cette raison qu'elle est nommée "intelligente". Comme avec le mode Auto, l’automatisme (du mode Iso Auto) ne dépasse pas 6400 Iso.

-La dernière option est la plus intéressante puisqu'elle concerne le réglage manuel des Iso. On choisit la valeur d'Iso la plus adaptée entre 160 et 52400 Iso. Pour rappel, avec un GH5, en mode Créatif, cette valeur n'excédait pas 25600 Iso, et avec un GH4, on était même limité à 6400 Iso.

Comme l'Iso Auto ne pousse pas au-delà de 6400 Iso, les Iso manuel sont tout indiqués entre 6400 Iso et 52100 Iso. J'ai beaucoup travaillé à 6400 Iso et 12800 Iso. Cette valeur "maxi" du GH5s (51200 Iso) est déjà très élevée mais on peut aller encore plus loin en activant le réglage du menu « Sensibilité étendue ». Aussitôt ce menu activé, la sensibilité est paramétrable dès 80 Iso, et surtout, grimpe à 102.400 et même 204.800 Iso ! C'est bien sûr inexploitable en vidéo sauf si la situation le justifie comme dans le cas d'une prise de vue animalière nocturne par exemple. Un créneau sur lequel on rencontre déjà les Alpha 7 de Sony, particulièrement le A7SII, mais qui s'en sort mieux, grâce à son capteur Full Frame.

Iso Auto

Iso 1600

Iso 6400

Iso 12800

Iso 25600

Iso 51200

Iso 102400

Iso 204800