Test Lumix DC-GH5 II

Le Micro 4/3 n'est pas mort, loin de là. Pour preuve, l'emblème de ce format, le GH5, sorti en 2017, laisse sa place à un successeur, le GH5 II (nommé aussi GH5 MII ou Mark II), proposé à un prix moins onéreux (1699€ nu contre 1999€ pour son prédécesseur). Quatre longues années ont donc passé. On espérait une évolution majeure. Ce n'est pas pour cette fois en attendant un possible (probable) GH6 annoncé en teasing et qui devrait renouveler son capteur s'il veut pousser la résolution. Il faut dire qu’entre-temps, Panasonic comme toutes les grandes marques photo, a beaucoup parié, parfois au prix d'une forte communication, sur l'hybride Plein Format avec ses DC-S1, DC-S5, S1H.

Alors qu'est-ce qui différencie le GH5 II de 2021 du GH5 de 2017 ? D'abord le capteur type 4/3 de 21,7 Mp (20,3 Mp efficaces) est qualifié de "nouveau" car, grâce à un système anti-reflets, il compenserait bien mieux les effets de flare (halo) et d'images fantômes. Le Rolling Shutter serait aussi réduit et la stabilisation bénéficierait d'un meilleur algorithme. Panasonic annonce ainsi un gain de 6,5 stops. 

L'enregistrement est par ailleurs disponible en 4K / UHD 50p / 60p sans crop (x1) en 4:2:0 10bit , entre autres nouveautés appréciables. Autre point remarqué, le profil V-Log L, qui permet d'étalonner au plus fin, est pré-installé dans le boîtier alors qu'il était auparavant payant (100 euros).

• Prix boîtier nu : 1699€ TTC
  
• Kit avec Lumix G 12-60mm F3.5-5.6 : 1899 €
• Kit Leica DG 12-60mm F2.8-4 : 2299 €

 

SIMILARITÉS ET DIFFÉRENCES

 

Le GH5 II reprend quasiment le même design que le GH5s ou le GH5, et se rapproche beaucoup du DC-S5. Les mensurations GH5 / GH5 M2 sont rigoureusement identiques aux deux boîtiers, au mm près, ce qui profitera à la réexploitation d'accessoires si vous passez de l'un à l'autre (comme la batterie-grip DMW-BGGH5). Cela conviendra aussi aux habitudes de prise en main. Attention, les petits "oeillets" de la bandoulière font toujours du bruit à vide, cognant contre l'armature du boîtier. Enlevez-les s'ils vous gênent ou fixez la bandoulière.

Le GH5 II est annoncé tropicalisé mais sauf erreur le GH5 l'était aussi.

 

Il faut aussi plonger à l'intérieur pour constater que les Menus ont été retravaillés, c'est à dire qu'on dispose désormais de 2 colonnes sur la gauche au lieu d'une seule pour mieux segmenter les sections générales et les sous-sections puis accéder ainsi aux listes de fonctions sur 1 ou plusieurs pages. La couleur est aussi de mise avec un surlignage en jaune quand une section ou fonction est sélectionnée. Une bonne chose sans doute. Mais comme souvent, il faut se réhabituer à un Menu quand il change. Celui-ci ne fait pas exception.

On retrouve sinon pas mal de caractéristiques communes. D'abord on note le même emplacement des principaux boutons et molettes à croire qu'on ne change pas une disposition gagnante ! À bien y regarder, la "cosmétique" change toutefois un peu mais c'est une succession de subtilités : d'abord le bouton vidéo a été peint comme un voyant rouge de pompier, affirmant un peu plus la spécificité vidéo; d'autre part, tous les boutons Fn ont changé de sigle, remplacés par la fonction par défaut auxquels ils correspondent. Bizarre car ils donnent toujours accès (facilement !) à la fonction de votre choix, ce qui peut ensuite induire en erreur, mais pourquoi pas...

Enfin, sur le sélecteur de modes, il existe désormais 4 personnalisations C au lieu de 3 pour mémoriser vos propres réglages. Quatre, c'est plus que nécessaire à mon avis.

Enfin et c'est le signe le plus distinctif quand on regarde le GH5 Mark II à l'horizontale, la "molette du mode d'entraînement" à gauche hérite d'un liséré rouge à sa base. Décidément, Panasonic aime bien le rouge !

Ce qui frappe aussi - quand on connaît les GH - c'est le témoin d'enregistrement sur écran. Il gagne en visibilité car il a été positionné en dehors de la surface sur fond noir. C'est d'ailleurs le cas de toutes les indications qui ressortent sur fond noir, en dehors de l'affichage de l'image, ce qui évite d'être peu lisible, lorsque le blanc du texte se superpose à une zone claire de l'image. Pas mal.

En complément, rappelons l'apport du cadre rouge en cours d'enregistrement qui apporte un plus à ce modèle.

 

CARTES MÉMOIRE

 

Sur le côté droit, le boîtier arbore bien évidemment un double slot pour cartes SDXC. Une configuration classique aujourd'hui sur les boîtiers hauts de gamme ou les camescopes pros. Je regrette juste que Panasonic n'ait pas modifié le système d'ouverture de la trappe qui s'use à la longue dans sa partie centrale et peut rendre l'ouverture de la trappe moins aisée.

Les cartes utilisables sont de classe 3 à la norme UHS-I/UHS-II et de classe 90 à la norme UHS-II. Si le débit d'enregistrement sur le boîtier ne dépasse pas 72 Mbps, une carte V10 (= UHS 1) peut suffire. Entre 100 Mbps et 200 Mbps, une V30 convient ou une UHS 3. De même, pour la Photo 6K/ 4K, une V30 en UHS 3 est nécessaire. Toutefois j'ai réussi à utiliser une Class 10 avec succès à 150 Mbps.

Enfin, pour le débit maximum de 400 Mbps, une V60 / V90 est absolument requise.

Une répartition automatique des images sur les deux supports est possible, ce qui peut s'avérer intéressant pour bien séparer photos et vidéos par exemple, voire pour séparer en photo les vues en JPEG des vues en RAW. Mais il n'est toujours pas possible de distinguer 2 formats vidéo différents dans chacun des emplacements, ce qui pourrait être intéressant pour comparer la qualité d'un mode par rapport à un autre.

Notez qu'on peut enregistrer en "Full" qui correspond au cercle image de l'objectif en Micro 4/3 ou Pixel / Pixel, qui correspond à un angle de vue étroit, ce qui, indirectement, accroît la position Télé. Dans certaines circonstances, cela peut s'avérer utile. Sinon, bien évidemment, restez en "Full".

 

CAPTEUR ET SENSIBILITÉ

 

Le capteur type 4/3 de 21,7 Mp (20,3 Mp efficaces) est qualifié de "nouveau" car, grâce à un système anti-reflets, ajout inhabituel, il compense bien mieux les effets de flare (halo) et d'images fantômes qui se produisent lorsqu'on pointe par exemple une source lumineuse intense. Un phénomène que j'ai pu vérifier en comparant le GH5 II avec un GH4 (je ne disposais pas d'un GH5) et des paramétrages quasi identiques. Il faudra voir à l'usage si ce système anti-reflets n'a pas des effets de bord car tout "filtre" non-désactivable compense un défaut mais ajoute un traitement.

Par ailleurs, Panasonic a fait le choix de maintenir la résolution à 20,3 Mp comme sur le GH5. Rappelons que cette résolution est plus que suffisante pour la vidéo, mais pas stratosphérique pour la photo.

A priori, pas de changement marqué côté sensibilité, car à capteur égal, le format micro 4/3 a des limites connues. Et le capteur champion de la sensibilité reste celui du GH5s à 10 Mpx. En soi, la sensibilité s'étend de 200 à 25 600 Iso. Mais on évitera de dépasser les 800 Iso en vidéo, ou les 1600 Iso en Photo RAW pour ne pas rencontrer trop de bruit dans l'image. Il n'existe pas de Dual Iso natif (2 paliers Iso) sur ce produit.

Bref, le GH5 Mark II s'en tire à condition de bénéficier de suffisamment de lumière, à défaut rien ne vaut un Full Frame dans ce contexte. Et le GH5 Mark II reste passable. À notre l'absence de Flash, un choix sans doute assumé par Panasonic étant donné la priorité vidéo de son boîtier.

 

STABILISATION

 

Enfin, le capteur est doté de la stabilisation mécanique du capteur, ajoutée à celle de l'optique, (le fameux Dual IS 2), qui manquait au grand frère GH5s. Panasonic annonce ainsi une amélioration de son stabilisateur sous la forme d'un gain de 6,5 stops en photo lorsque l'objectif est compatible bien sûr. C'est effectivement un chouia mieux en photo que le GH5 ancienne génération (5 IL).

Attention, on parle souvent de 5 axes + 2 : les 5 axes désignent en fait la stabilisation électronique, les 2 la stabilisation du capteur et de l'optique.

En vidéo, la stabilité est également très bonne à main levée. Pour affirmer qu'elle st meilleure, il m'aurait fallu le GH5 en comparaison et encore c'est un test pas évident à réaliser. D'après plusieurs Youtubers, la stabilité serait meilleure sur le GH5 M2. Elle s'inspire du S1H, avec des panoramiques annoncés comme plus fluides, un point habituellement faible de ce type de boîtier. Mais cela exige de faire appel à la fonction "Mode de fonctionnement" qui est inopérante lorsque le boîtier est sur le mode caméraM.

Hormis ce point, la stabilité s'apprécie déjà fortement au 60mm (sur le 12-60mm f/2.8-4.0), à condition bien sûr d'activer la stabilisation sur l'optique. Au 14-140mm, la stabilisation est également éloquente, test effectué avec le premier 14-140mm (sans Dual IS 2) comme avec le 14-140mm 3.5-5.6 dernière génération (avec Dual IS 2).

 

PROFILS D'IMAGE

 

Notez l'apparition des Profils L.Monochrome S (Soft) et L.Classic Neo qui s'ajoutent aux Profils classiques des Lumix (Standard, Naturel, Vivi, et aussi le HLG). Il existe même un Profil Flat qui propose une saturation et un contraste plus bas, un peu comme celui des GoPro.

On recense aussi les modes améliorés Cinelike-D2, Cinelike-V2... Le Cinelike D2 privilégie la plage dynamique tandis que le Cinelike V2 favorise le contraste. Différence avec les précédents : Panasonic a ajouté un réglage des Ombres et des Hautes lumières parmi les paramètres. Disons pour simplifier qu'avec ces modes, vous évitez la phase de l'étalonnage.

Enfin, last but not the least, le profil V-Log L (dynamique 12-Stops) est pré-installé sur l’appareil alors qu'il était auparavant payant (soit une économie de 100€). On peut paramétrer la Netteté et la Réduction du bruit. Ce qui devrait permettre de mieux gérer les scènes à l'exposition compliquée, en les retravaillant à l'étalonnage. On pourra aussi importer sa propre LUT sur l'appareil.

À défaut, il ne faut pas hésiter quand c'est possible à s'appuyer sur la mise au point à la main. On s'aidera des assistances à la mise au point, toujours précieuses, comme le Peaking (multiples couleurs) ou le Zoom Expand qui se déclenche en PinP ou en totalité sur l'image. Ici l'Autofocus "paniquant" dans cette situation, je n'aurais pas pu mettre au point correctement au 140mm, dans l’urgence, ce roitelet huppé par temps gris sans ces aides combinées de mise au point.

 

STREAMING

 

Autre avancée importante que revendique en tout cas Panasonic, le GH5 Mark II surfe sur le streaming en Live, on pourra donc diffuser en direct en FullHD 60ips en 16 Mbps (pas en UHD, faut pas rêver) !

Les Live peuvent être diffusés sur YouTube, Facebook ou grâce - autre nouveauté - au protocole RTMP/RTMPS. Une diffusion par adresse IP filaire (donc plus stable) est également prévue ultérieurement (pas avant début 2022 apparemment, dommage).

On peut également convertir le GH5 II en Webcam, ou relier le boîtier Lumix à la célèbre application OBS. Le Bluetooth est toujours présent en 4.2

Avant cela, ou pour piloter à distance son boîtier photo depuis son smartphone, un appairage est nécessaire. Ce jumelage préalable entre le smartphone et le boîtier photo est extrêmement bien conçu, le pas-à-pas est exemplaire, du moins sous iOS je n'ai rencontré aucune difficulté. Bravo.

Autre avancée discrète mais très utile : le port USB-C 3.1 Gen1 Type-C qui est encastré juste au-dessous de la vraie HDMI. C'est un port essentiel qui permet désormais de charger le boîtier (ce qui n'était pas le cas sur le GH5) et même de filmer tout en étant sur secteur, ce qui n'était pas possible auparavant.

 

AUDIO, CONNECTIQUE

 

L'audio est toujours de bonne qualité, même avec le micro intégré, dont les capsules sont situées juste devant la griffe porte-accessoires. Il est même d'une amplification telle que dans une atmosphère calme, les niveaux sont trop forts, il faut les abaisser à -2dB au moins. On peut aussi enclencher le limiteur audio et / ou activer l'anti-vent.

Le timbre de la voix est bien restitué, rien à redire. Le haut-parleur est suffisant et pas trop nasillard.

On notera la connectique audio très complète avec le sabot pour fixer un Micro (ici le nouveau Sennheiser MKE 400) et les prises Mic / Casque 3,5mm. Autre option : le boîtier XLR (DMW-XLR1-E à 329€), vendu en option, est toujours raccordable, muni des mêmes fonctionnalités. Il dispose d'ailleurs de son propre Menu quand on le raccorde.

La prise casque est juste encore un peu gênante lorsqu'on incline l'écran du boîtier, c'est à dire qu'on peut incliner l'afficheur mais seulement sous un certain degré d'angle. Un défaut récurrent que Panasonic ne se résout pas à éliminer totalement !

Un dernier point que j'aime bien, c'est la variété du mode Lecture, et la richesse des informations (je n'ai pas noté autant de détails sur le test du GH5 1re génération). À savoir qu'on dispose de toutes les infos utiles comme la date, le n° de fichier, la résolution utilisée, la vitesse / ouverture, la valeur de la compensation d'exposition, le recours ou non au Flash, etc. Mais aussi les Iso, la limite Iso, le Profil utilisé, la longueur focale, ou encore le type de stabilisation. Des infos sacrement utiles pour le testeur comme pour l'utilisateur qui souhaiterait s'améliorer en ayant une connaissance approfondie des paramétrages qu'il a effectués. Ou simplement pour vérifier lesdits paramétrages.

 

SUR LE TERRAIN

 

J'ai pu exploiter le GH5 Mark II pour une utilisation spécifique, celle d'un filmage de débats. Ces débats étaient longs (près d'1H30), alors bien évidemment, l'absence de limite d'enregistrement a été rudement appréciée.

J'ai fixé au GH5 mark II le 14-140mm afin de permettre, à une certaine distance (environ 12 mètres) d'obtenir des gros plans valorisants des débatteurs. Les résultats sont tout à fait probants.

j'ai filmé en FullHD 50p car les besoins d'un filmage de débats n'imposent pas nécessairement du 4K et cela permet surtout d'alléger le poids des fichiers obtenus. Les fichiers font chacun 4,7 Go. les raccords entre deux fichiers sont parfaits. Je n'ai pas eu besoin d'utiliser le mode Relais entre 2 cartes mémoire.

La batterie a tenu sans difficulté la durée d'un débat d'1H30 + une 1/2 heure d'un second débat de même durée, soit 2 heures au total maxi : un peu moins qu'espéré. Il faut donc acquérir dans ce cas une 2e batterie pour éviter de générer une interruption au milieu d'un débat !

L'image obtenue est très piquée. J'ai utilisé le mode Naturel qui se mariait fort bien avec le Profil "Still" d'une Sony PXW-X70. En tout cas, je défie un non-spécialiste (voire un amateur averti) de discerner que la première des caméras est un boîtier photo et la seconde un camescope. La différence de piqué ne se voit pas outrageusement, même sur les flous de profondeur de champ bien que les capteurs soient assez différents (Micro 4/3 pour le boîtier photo-vidéo, 1 pouce pour le camescope). Seule le contraste est un peu différent.

J'ai quasi constamment débrayé la mise au point automatique afin de ne jamais être trahi par un verre, une bouteille ou des feuilles en arrière-plan qui auraient pu leurrer la mise au point auto. Le peaking a été un allié de poids. Sur un gros plan, le peaking sur le visage, ou mieux, sur les yeux, est redoutablement efficace. Par contre dès lors que j'effectuais un plan large ou semi-large, je passais en Automatique un bref instant pour fiabiliser la mise au point qui pouvait défaillir. Et une fois ce point obtenu, je repassais en manuel.

En conclusion, un boîtier qui rend bien des services pour filmer des spectacles ou des débats.