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Interview technique du film Aspirocab

Entretien express avec Vincent Pili, auteur du film

 

19 mars 2009 par Thierry Philippon

 

Aspirocab est un film inventif, et surtout bien construit. Nous avons interrogé son auteur, Vincent Pili, passionné de débrouille et de cinéma.



 



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L'entretien express

magazinevideo.com : Avec quelle caméra as-tu filmé et avec quoi montes-tu ? Utilises-tu des accessoires ?

Vincent Pili : Matériel très amateur, un simple caméscope (SD, mono CCD !) Canon MVX150i agrémenté d’un objectif grand-angle. L’image est retravaillée sous Adobe Premiere Pro 1 pour améliorer son aspect, logiciel de montage d’ailleurs utilisé pour tout le film. Les accessoires : une perche avec micro et un support de caméra confectionné personnellement permettant la manipulation et les mouvements fluides.



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MV : Combien de temps a nécessité la réalisation de ce film ?



V.P. : 6 mois pour l’écriture, le découpage technique (calé à la seconde), les repérages, la distribution et la planification. 3 journées équivalentes de tournage et 2 mois de montage, mixage et habillements sonores (faits maison). Au total presque 9 mois. Le tout en dehors de mon activité professionnelle bien sûr.





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MV : Le plan le plus difficile à réaliser ?



V.P. : La chute des abats, un moment douloureux et nauséabond pour lequel je n’ai pas eu le courage de faire plusieurs prises. Je l’ai regretté après coup car j’avais plein d’autre idées pour améliorer l’effet.



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MV : Combien de fois répètes-tu les scènes ?



V.P. : Pour ce film aucune répétition n’a été organisée, notamment en raison de l’éloignement de l’acteur principal ayant déménagé à Lyon en cours de préparation du film, qui lui se déroulait sur Mulhouse. De toute façon, les acteurs ne se sont pour ainsi dire jamais totalement croisés, aucun échange réel en prise de vue. Aucun plan ne montre 2 personnages à l’image. En revanche, j’ai fait des lectures avec l’acteur principal.





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MV : Un éclairage particulier a t-il été utilisé pour les scènes intérieures ?



V.P. : L’éclairage est la partie la moins maîtrisée et est un sujet appréhendé de manière très empirique, avec un petit projecteur de chantier et une lampe (récupérée) à faible luminosité utilisée peut-être à l’origine pour la photographie. En tout cas, un domaine qui est ma bête noire, pour lequel je recherche en vain un spécialiste local équipé (sans succès, à bon entendeur….).



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MV : Le format d'image et le split screen sont-ils juste un parti pris esthétique ou plus que ça ?



V.P. : Le montage reste pour moi une partie d’amusement et il faut que j’arrive à jouer d’une façon ou d’une autre avec les images. Non prévu initialement au découpage technique, ces plans secondaires (essentiellement axés sur les mains et visages), filmés par un collègue, étaient difficiles à caser en montage linéaire. Vue la densité du film, j’ai décidé en cours de montage de les placer en split screen. L’aspect esthétique prime, mais au-delà de cela, le montage répond sur plusieurs aspects à une mécanique de toute manière très marquée. Je me suis néanmoins assagi quant à l’esbroufe visuelle que l’on me reprochait auparavant et qui agaçait le spectateur.



 



 



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MV : Un mot sur les deux acteurs principaux du film ?



V.P. : Préparant seul mes courts-métrages, je manque de temps pour mettre en place un casting digne de ce nom. Je fonctionne beaucoup avec d’anciennes relations. L’acteur fumeur avait tourné dans mes 2 précédentes réalisations, des petits rôles plutôt déjantés. Son expérience reste cantonnée à un peu de théâtre amateur remontant déjà à plusieurs années. La mamie femme de ménage (83 ans) avait été formidable lors d’une courte apparition d’un de mes films en 2006. Depuis ce jour j’avais décidé de la mettre en fil conducteur plus tard. Il s’agit d’une simple connaissance du milieu vidéaste local. Son état de santé très critique aurait pu compliquer l’organisation du tournage, mais elle a fait preuve d’une réelle motivation pour accomplir sa tâche. Je lui en suis extrêmement reconnaissant.





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MV : Un mot sur la musique ?



V.P. : Je travaille avec un musicien multi-instrumentiste amateur hors pair qui prend un réel plaisir à me concocter des musiques plus qu’il ne m’en faut. Il a même enregistré une chanson rock sur le thème du film, que je n’ai pas pu caser bien sûr. Sur ce film, la bande son est plus discrète qu’à mon habitude.



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MV : Beaucoup de gros plans : c'est ton style ou un essai spécifique à ce film ?



V.P. : J'ai des difficultés à filmer un plan d’ensemble. J’ai réussi à en caser un dans ce film, un quasi-exploit pour moi ! J’aime les cadrages serrés qui remplissent l’image, c’est manifestement ma "griffe" et c’est inconscient. Ici j’ai accentué encore plus cet effet car ma ligne de conduite était basée au maximum sur la mise en exergue d’objets en premier plan. Le storyboard élaboré était initialement construit ainsi. De toute façon je n’aime pas le vide et j’ai toujours tendance à cadrer de près.






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MV : Faut-il voir dans ce film un message particulier ?



V.P. : Pas vraiment, si ce n’est que je me venge indirectement de collègues de travail, lié à mon environnement professionnel, dont une qui m’a pollué l’ambiance pendant des mois à fumer dans le bureau voisin alors qu’elle était totalement en infraction. Cela m’a donné forcément des idées. Je ne suis pas fumeur et aujourd’hui je supporte encore moins la fumée de cigarettes. Le message final « Fumer tue » était le leitmotiv que je voulais absolument voir apparaître en fin de film.



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MV : Le début de l'année 2008 a commencé par la totale interdiction de fumer dans les lieux publics : cette législation a-t-elle servi d'inspiration ou l'idée du scénario était-elle antérieure ?



V.P. : Fumer sur le lieu de travail est interdit depuis plusieurs années. Le sujet revenant médiatiquement à l’approche des réglementations touchant les lieux publics m’a tacitement amené à traiter du sujet qui me trottait dans la tête malgré tout bien avant (depuis 2-3 ans). Mais au départ je ne savais pas comment mettre en forme cette idée. D’autre part, l’idée de solutions alternatives telles que le fumoir, mettant les fumeurs en situation de pestiféré, m’a toujours semblé ridicule. Je n’ai fait que me moquer de tout cela, et de surcroît de manière très caricaturale.





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MV : Au début, la femme de ménage donne une pichnette à des lettres qui composent le générique : comment réussit-on ce type de trucage ?



V.P. : Le générique a été composé bien avant le tournage, avec ces lettres qui traînaient à l’image. Au moment du storyboard j’ai imaginé cette interaction ludique. Sur le plateau personne ne comprenait mes consignes, surtout l’actrice qui agitait les bras sans en comprendre le sens. Au montage, j’ai recalé les trajectoires pour obtenir cette coordination. En fait, tout réside dans le découpage technique ou chaque plan était calé dans un tableau chronométré.



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MV : Une anecdote ?



V.P. : Oui. L’acteur principal (le fumeur) a loupé son train la veille du deuxième jour de tournage et il a fallu composer autrement l’interaction beaucoup plus prononcée que j’avais prévue entre lui et la femme de ménage. Les plans et le montage ont dû déjouer par quelques artifices cette mise en commun des 2 acteurs principaux. Cela reste encore ma déception, mais là le montage me sauve (de presque tout). Une deuxième en prime, j’apparais dans le film dans une vingtaine de plans (exemple les gros plans des mains) que j’ai réalisés seul, 4 mois avant les prises avec les acteurs, et ceci dehors à la lumière du jour, sur un morceau de planche sur le balcon.



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MV : Un truc de réalisateur à donner aux visiteurs de magazinevideo qui ont lu cet entretien jusqu'au bout :-)?



V.P. : Il est possible de réaliser des court-métrages avec des moyens modestes, le tout étant d’arriver à une mise en forme finale correcte. Ici le fumoir n’existe même pas, le fumeur n’avait aucun flux d’air et le ventilateur tenait dans les mains. La magie est justement d’ajouter un habillage trompeur à travers le montage : en particulier la sonorisation qui est extrêmement importante et qui, à l’instar d’un piment dans un plat, vient relever une saveur au départ fade, et en fait oublier tous les défauts existants.





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(Interview technique du film Aspirocab)

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