Le Grand Jeu
Entretien avec Yannick Pecherand, auteur du film
19 juin 2008 par (entretien : magazinevideo.com)
Le Grand jeu est un film soigné réalisé par un jeune auteur à la lente maturation et qui tourne peu. Une rareté de réalisation qui en fait toute la valeur. Nous l'avons interrogé pour connaître les petits secrets de fabrication de son film. |
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L'entretien express
Magazinevideo.com : Avec quelle caméra as-tu filmé et avec quoi montes-tu ? Utilises-tu des accessoires ? ------------------------------ MV : Combien de temps a nécessité ce film ? Y.P. : Ayant travaillé sur plusieurs projets plus ambitieux que je n'ai pas pu concrétiser, j'ai écrit « LE GRAND JEU » en quelques heures en me disant qu'il fallait que je le tourne le week end suivant, histoire de retrouver une spontanéité et concrétiser enfin un projet. Le tournage a pris deux jours et demi et il a fallu plusieurs semaines pour le montage, doublage du film (pas de prise de son au tournage) et musique. ------------------------------ MV : Le plan le plus difficile à réaliser ? Y.P. : Deux plans ont été particulièrement difficiles à tourner : celui où l'on voit l'homme sur le quai avec sa pancarte et celui sur la comédienne qui découvre avec stupeur le message de son ami avant que le train ne parte. La difficulté : nous n'avions pas d'autorisation de tournage, et nous devions donc tourner dans l'urgence. ------------------------------ MV : La SNCF ne t'a pas accordé l' autorisation de tourner ? Y.P. : En fait, je n'ai demandé aucune autorisation. J'avais pu lire sur le site de la SNCF, que les prises de vue réalisées sans trépied, sans éclairage et sans accessoires particuliers, étaient tolérées... Et comme c'était notre cas, on s'est lancé sans se poser trop de question. Mais cela a été finalement plus compliqué que prévu. La police ferroviaire nous a interpellés pour que l'on arrête de tourner... et comme on avait un train à prendre pour filmer le départ de l'intérieur... on n'a pas cherché à discuter et on est revenu le lendemain boucler les quelques plans. ------------------------------ MV : Combien de fois répètes-tu les scènes ? Je crois savoir que tu es assez perfectionniste. Y.P. : Je répète très peu en fait. Je travaille beaucoup la mise en scène en amont, mais une fois sur le tournage, je laisse tout ce travail de côté et improvise au feeling, en fonction de ce qui se passe dans le cadre. Quant au travail avec les comédiens, l'essentiel se fait là aussi en amont. Le jour du tournage, je rappelle les grandes lignes, on mime la scène et les mouvements de caméra... puis on commence à filmer très vite. Je ne suis pas trop pour les répétitions. Je trouve que c'est généralement beaucoup d'énergie dépensée au détriment d'une certaine spontanéité... ------------------------------ MV : Un éclairage particulier a t-il été utilisé pour les scènes intérieures ? Y.P. :
Pour éclairer les intérieurs, j'ai utilisé une boule chinoise avec un filtre CTB pour transformer la lumière tungstène (jaune) en lumière du jour, comme si cette dernière provenait de l'extérieur. ------------------------------ MV : Pourquoi avoir choisi un format d'image très étiré ? Y.P. : Ce choix d'image, type format scope, résulte d'un parti pris esthétique, d'une volonté de donner un aspect cinéma au film. Pour ce faire, l'image a également été désentrelacée. ------------------------------ MV : Un mot sur l'actrice du film ? Y.P. : J'ai connu Aurèle grâce à un court-métrage (« A vous de voir ») qui a connu un beau succès sur le net et dans lequel Aurèle excelle. Préparant à l'époque un autre projet, je l'ai contactée par mail pour lui proposer le premier rôle. Malheureusement, le film ne s'est pas fait. Mais comme j'avais beaucoup envie de travailler avec elle, j'ai écrit « Le grand jeu... ». Nul doute que nous retravaillerons ensemble... ------------------------------ MV : La musique a été composée au vu des images j'imagine ? Le compositeur a-t-il reçu des consignes particulières ? Y.P. : Le travail sur la musique a été très important. Il fallait trouver le ton juste, le bon rythme... cela n'a pas été facile. Les intérieurs nécessitaient à mon sens peu d'instruments. Je voulais une musique plus rythmique que mélodique... Elle devait apparaître par petites touches pour apporter un certain suspens et souligner les rebondissements du jeu de piste... Ce n'est que lorsque le personnage monte dans le taxi que la musique se fait plus présente pour nous emporter jusqu'à la chute. Grégory (Libessart) a fourni un gros travail, composé plusieurs morceaux, pour arriver au résultat final, que j'aime beaucoup. ------------------------------
Y.P. : Oui, lorsque nous étions dans le train et que nous filmions le comédien sur le quai avec sa pancarte... Certains voyageurs qui ne savaient pas que nous tournions un court-métrage, se sont mis à rire et à applaudir en voyant le carton... Pour l'anecdote, le carton utilisé pour le tournage était quelque peu différent de celui qui apparaît dans le film. Il était mentionné initialement une réplique bien plus vulgaire et qui n'apportait rien à l'histoire mais qui faisait beaucoup rire la comédienne : « bon vent connasse ». N'étant pas satisfait de cette pancarte, j'ai transformé le texte en post-prod en utilisant la technique du tracking... ------------------------------ MV : Faut-il voir dans ce film un message sur les rapports du couple ? Y.P. : Les plus pessimistes peuvent effectivement y voir un message, mais ce n'était pas mon objectif... |