Dès que vous souhaitez sortir vos images de votre caméscope, vous êtes confronté au problème des interfaces et connexions en vidéo. Au début, c'est relativement simple. Mais rapidement, lorsque les besoins augmentent, il faut décider sans se tromper. Si l'USB et le FireWire sont devenus courants, l'inéluctable augmentation des performances a engendré des évolutions et des vraies nouveautés. Il est temps de faire le point !
Véritablement mis au monde sur le premier iMac, la connexion USB était une révolution de simplicité et de standardisation. Lente dans sa première version (1,5 ou 12 Mbits/), cette interface a su envahir le monde informatique avec sa version 2, plutôt rapide. Avec une limite théorique à 480 Mbits/s, elle n'a cependant jamais satisfait les vidéastes avides de performance, car les débits réels ont vite plafonné à environ 20 Mo/s, avec des pointes à 40 Mo/s. En effet, la conception même de l'USB rend cette interface gourmande en ressource processeur et la course au faible coût a bloqué toute tentative d'amélioration de la performance. En échange, cette interface est devenue rapidement la plus universelle. A tel point que les appareils pourvus d'une autre interface, souvent plus performante, ont tout intérêt à doubler celle-ci avec un port USB pour gagner en universalité.
La connexion USB permet d'alimenter des périphériques externes peu gourmands. Elle a donc donné naissance à toute une panoplie d'appareils autonomes, de la clef USB au scanner mobile, en passant par la webcam, les baladeurs numériques et bien sûr les smartphones.
Pour nos caméscopes, l'USB est souvent la seule manière de transférer les vidéos, que ce soit en reliant le caméscope à un ordinateur ou en ajoutant un lecteur de carte USB. En effet, les caméscopes sont souvent de piètres lecteurs USB, plus lents et lourds que les petits accessoires dédiés. Les caméscopes n'ayant même pas exploité les capacités de l'USB 2, il faudra attendre de nombreuses années avant qu'ils passent à la vitesse supérieure...
Avec l'USB 3, cette interface fait plus que rattraper son retard. Avec un débit théorique de 5 000 Mbit/s, la performance devrait être décuplée. Malheureusement, pour les mêmes raisons que pour l'USB 2, les débits réels sont très nettement inférieurs à ceux théoriques, même s'ils sont nettement supérieurs à ceux de l'USB 2. Les appareils USB 3 sont ainsi fréquemment plus rapides que ceux connectés en FireWire et peuvent débiter plus de 100 Mo/s. C'est bien suffisant pour la HD, même en 3D. L'USB 3 est ainsi l'interface naturelle pour les SSD externes. L'augmentation de la puissance électrique permet d'alimenter des appareils consommant 4,5 W au lieu des 2,5 W de l'USB 2. Cela résoudra les problèmes des disques 2,5" qui consommaient un peu trop et laissera de la marge pour les SSD. Mais ce n'est pas suffisant pour alimenter un disques 3,5" ou un caméscope grand public. A quelques exceptions près, ce sont les appareils les moins chers qui sont dotés de cette interface ; ceux qui sont conçus pour la performance, comme les grappes de disques durs (RAID), proposent souvent plusieurs interfaces dont certaines sont plus rapides ou plus souples.
A noter que si l'USB 1 et l'USB 2 partagent les mêmes connecteurs, l'USB 3 double le nombre de contacts. Les appareils USB 3 devront donc se connecter à des prises USB 3 (plastique de couleur bleue) pour offrir le débit prévu. Coté appareil USB 3, la prise est différente, mais il sera souvent possible d'y brancher un câble USB 2. Coté prise USB, la prise semble la même et il est possible d'y brancher un câble USB 2, mais les contacts supplémentaires ne seront pas utilisés. Le branchement d'un appareil USB 2 sur une prise USB 3 ne pose aucun problème, il garde simplement ses performances initiales. Le branchement d'un appareil USB 3 sur une prise USB 2 le ramène en USB 2, ce qui dégrade ses performances. Il existe cependant des exceptions avec des appareils qui incluent des câbles USB 3 avec alimentation (type Powered B) qui ne pourront pas se brancher sur des prises USB 2. C'est intentionnel, puisque ces appareils ne peuvent fonctionner qu'alimentés par un bus USB 3.
Née avec la vidéo numérique, cette interface a longtemps été la préférée des vidéastes. Obligatoire avec les caméscopes DV, elle a vite été en standard sur tous les Mac et de nombreux PC aptes à la vidéo. Sony l'appelle iLink et cette interface est aussi connue sous son code de standard IEEE 1394. Rapide et puissante, elle est encore une référence. La première version atteignait déjà 400 Mbit/s en pointe avec des débits pratiques qui s'approchaient parfois des 40 Mo/s. La seconde version, présente sur les derniers Mac, atteint 800 Mbit/s et permet des débits supérieurs à 50 Mo/s. C'est bien suffisant pour la haute définition et même la 3D HD, la où l'USB 2 peine souvent.
Les évolutions prévues à 1 600 Mbits/s puis à 3 200 Mbits/s ne sont pas arrivées sur le marché, faute de volonté de la part de ses promoteurs. Avec ses câbles longs, le chaînage de nombreux périphériques et la puissance électrique supérieure, le FireWire est une interface riche qui restera jusqu'à son remplacement par son successeur naturel, Thunderbolt.
A l'origine, cette interface est réservée aux disques internes des ordinateurs. Mais une variante externe a permis de sortir les disques des boîtiers et d'offrir ainsi la même performance en interne qu'en externe. Très rapide, cette interface ne s'est malheureusement pas imposée. Son absence d'alimentation intégrée et la fragilité de sa connectique la réserve au stockage peu mobile. Elle est pourtant la plus efficace et économique pour les disques d'entrée de gamme. Les meilleurs boîtiers externes proposent cette interface en plus des autres plus solides.
Performance, longueur de câble, chaînage, alimentation électrique intégrée (10 W), coût élevé, ça ne vous rappelle rien ? Intel et Apple nous refont le même coup que Sony et Apple pour le FireWire. Parce que se contenter d'une interface limitée et bon marché comme l'USB n'est pas le choix de tous, l'interface vidéo du futur est arrivée en 2011 et prend doucement son essor en 2012. Avec une vitesse de base à 10 Gbit/s et des contrôleurs capables d'assumer ce débit, elle impressionne ! Et pourtant, le passage du fil en cuivre vers la fibre optique dans une future version permettra non seulement d'allonger les câbles, mais surtout de multiplier le débit par 10, pour arriver à 100 Gbits/s.
Thunderbolt, c'est le passage d'un port PCI Express d'une carte mère d'ordinateur à travers un connecteur mini DisplayPort. L'universalité est donc importante puisqu'on peut y connecter presque tout ce qui se branche à un ordinateur, depuis le réseau jusqu'à un écran, en passant par une carte graphique externe ou une baie de disques en RAID.
Mais Thunderbolt ne concurrencera pas l'USB 3, car il est trop coûteux. Mi 2012, le surcoût est encore de presque 200 euros entre des disques comparables connectés en Thunderbolt et en USB 3. Certes, cette différence va s'atténuer, mais elle restera importante. Il aura par contre comme effet de cantonner l'USB à l'entrée de gamme, comme le FireWire l'a fait pour l'USB 2. Cette interface permettra aux amateurs d'avoir accès aux mêmes performances que les professionnels qui utilisaient le Fibre Channel pour obtenir ces débits. Le monde de la vidéo professionnelle peut donc se recentrer autour d'une interface unique, balayant une complexité inutile.
Si les boîtiers d'acquisition/diffusion, les disques durs externes et quelques accessoires sont déjà commercialisés, les caméscopes et les écrans vont s'y mettre aussi. La première caméra connectée en Thunderbolt vient d'ailleurs d'être annoncée au NAB 2012 et Canon a déclaré vouloir utiliser le Thunderbolt sur de futurs caméscopes. Ça vous intéresse de décharger une journée de tournage en 3 minutes sur vos disques, ou de sauvegarder 1 To en moins d'une heure ?
Attention, piège ! Si les disques réseaux (NAS) semblent attractifs, ils ne sont pas forcément adaptés au stockage vidéo. Monter à partir de rushs stockés sur un NAS est un bon moyen de perdre patience. Pourtant, avec un débit théorique de 1 000 Mbits/s, les réseaux 1000baseT (si tout le réseau est à cette vitesse) semblent à la hauteur. Après tout, c'est plus que le FireWire 800 qui remplit très bien son rôle. Mais l'expérience montre que le débits pratiques sont bien plus faibles et que les temps de latence peuvent devenir incompatibles avec le montage vidéo. Concrètement, les disques réseaux ont un rôle critique à jouer en vidéo : la sauvegarde ! Et éventuellement l'archivage si vous maîtrisez parfaitement votre outil : mise en lecture seule, redondance des disques.
On retrouve les mêmes problèmes qu'en réseau filaire, en pire : débits pratiques encore plus faibles, temps de latence encore plus élevés. Même la sauvegarde se fait longue si elle porte sur de gros volumes. Mais l'absence de fil est un argument sérieux et permet des sauvegardes plus automatiques, donc plus sûres.
Le WiFi est de plus en plus utilisé en diffusion de vidéo, par les boîtiers multimédia qui remplacent progressivement les lecteurs de disques optiques dans les salons. Dans ce cas, le débit est bien suffisant (la vidéo est fortement compressée) et les temps de latence absorbés par la mise en mémoire cache des images.
Le Wireless USB n'a jamais percé, pourtant il répond à de vrais besoins. Pourquoi faut-il brancher son caméscope pour transférer 5 minutes de rushs ? On trouve maintenant de plus en plus d'appareils qui utilisent le réseau WiFi pour faire les transferts. Mais c'est encore bien compliqué. Les dernières versions de Bluetooth ou du Wireless HD viendront peut-être à la rescousse.
La vidéo reste un usage avancé de l'informatique. Il est donc logique que les vidéastes utilisent les interfaces et connexions les plus avancées. Thunderbolt sera le premier choix pour les adeptes de la performance, avec l'USB 3 pour le grand public, le réseau et les connexions sans fil pour les mobiles, et chaque interface à sa place. Lorsque vous investissez dans des appareils qui vont vous suivre plusieurs années, n'oubliez pas de prêter une attention particulière à la connectique, avec une préférence évidente pour ceux qui proposent plusieurs possibilités.
(Les nouvelles interfaces en vidéo)
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