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Comment compresser au mieux pour YouTube ou Vimeo ?

 

09 octobre 2020 par Thierry Philippon

 

compression

Compresser sa vidéo pour YouTube ou Vimeo est devenu un sport national et d'ailleurs mondial. Beaucoup s'attachent à ce que la qualité de lecture et donc, de compression, soit la meilleure possible, autrement dit que l'original soit le moins dégradé possible. Mais soucieux de l'empreinte écologique, ou plus prosaïquement, mus par la volonté d'une plus grande rapidité d'exécution, certains cherchent aussi à ce que les fichiers soient les plus légers et téléchargés le plus rapidement possible.


Meilleure Qualité... Plus grande rapidité... Ces souhaits sont parfois antagonistes. Ils demandent en tout cas de bien comprendre les éléments techniques qui interviennent dans la compression d'une vidéo. Et les réglages qu'il faut appliquer.


Retenez que la logique d'export reste sensiblement la même d'un logiciel de montage à l'autre, et les réglages ont beaucoup de points communs, je ne m'attarderai donc pas dessus. Tous les logiciels de compression n'ont pas la même qualité bien sûr : des différences vont s'observer sur la priorité donnée aux paramètres automatiques (ou manuels), ou sur la rapidité d'exécution de l'export.


Cet article aborde à la fois les quelques règles intangibles de la compression (certaines sont connues, d'autres peut-être un peu moins), quelques astuces de réglages, et les différentes procédures existantes pour compresser vers un site de partage. Les logiciels de compression ne sont pas décrits dans le détail, encore moins un par un, le but de cet article n'étant pas de rédiger un tutoriel géant mais d'avoir une réflexion technique sur la compression.


Nous n'abordons pas non plus la compression ayant un but d'archivage et non de diffusion. Cependant le principe et les règles ne sont pas fondamentalement différents à ceci près que pour archiver, il faut envisager la meilleure qualité possible. Toutefois, on retrouve - à un degré moindre - le compromis entre la recherche de la meilleure qualité possible de compression / et le poids du fichier archivé. Quelqu'un qui a peu de masters à archiver ou de gros disques durs pourra se permettre une haute qualité avec des fichiers très lourds, pas celui qui a des centaines de masters et / ou veut tout mettre sur le Cloud.


Je vous livre à présent mes 10 conseils de compression.


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Mes 10 conseils de compression

VP9

Un aparté pour commencer. Soyez d'abord conscient (ou rappelez-vous) que YouTube / Vimeo réencodent votre vidéo. Ce qui peut paraître absurde et destructeur (réencoder ce qui est déjà encodé) est en fait logique. Les sites de partage ont besoin de mettre votre vidéo à leur "norme maison", à tenir compte des différentes extensions envoyées (mov, mp4...), à décliner votre vidéo en différentes résolutions de différentes tailles, et à alléger la taille (le poids) de votre fichier informatique.


Il y a plusieurs années, on a pu beaucoup critiquer ce réencodage qui altérait vraiment les images (la critique était plus vive envers YouTube). Les reproches se font aujourd'hui moins violents surtout envers YouTube. Il faut dire que depuis l'adoption de son standard de compression VP9, considéré comme aussi bon voire meilleur que le H265, la qualité sur YouTube est plutôt globalement satisfaisante, même si elle s'avère légèrement inférieure en qualité à votre fichier que vous lui donnez à diffuser. Mais pas sûr que vous voyez la différence à chaque fois ! Quant à votre spectateur, il ne connaît pas la qualité originale, peut-il vraiment comparer ? Difficilement.


shutter

Ce préambule étant précisé, quels conseils peut-on donner en matière de compression ? Nous en avons listés 10, des plus simples et évidents aux moins connus (des débutants).


1) Pas d'entrelacé

Ne produisez pas de contenu entrelacé (le fameux 50i le plus souvent) : vos vidéos doivent être désentrelacées avant d'être mises en ligne, c'est à dire être en Progressif (p comme 25p, 50p, 60p) car YT ou Vimeo n'acceptent que du Progressif. Pour désentrelacer au mieux, un entrelacement étant constitué de deux trames paire et impaire, il faut diviser par deux la fréquence de départ pour convertir en Progressif. Donc du 1080/50i à l'origine doit être exporté en 1080/25p.


3) Pixels carrés

La proportion des pixels dit être (la plupart du temps) carrée.


3) Pas de VOB ni de MPEG-2

Ne tentez pas d'envoyer sur YT ou Vimeo des fichiers de type DVD, c'est à dire pas n'envoyez pas de fichiers comportant l'extension VOB. De même ne compressez jamais en MPEG-2 pour YouTube ou Vimeo, la qualité serait trop dégradée.


4) Ne modifiez pas la fréquence de vos images

De préférence, ne modifiez pas la fréquence d'images (le 25p, 30p, 50p, 60p...) entre le tournage / le montage / et l'export. Si vous filmez en 4K 25p, un cas de plus en plus fréquent, ne passez pas au 4K 50p, pensant que ce sera mieux. Ce sera pire ! Et en plus, votre logiciel de compression risque de passer beaucoup plus de temps à convertir la fréquence. Certains logiciels (cas chez Media Encoder d'Adobe) vous proposent une simple case à cocher pour rester dans la même fréquence que celle de la source. Cochez-la.


en production

5) Résolution maximale

Sauf volonté personnelle délibérée, mettez en ligne vos vidéos dans la résolution maximale dans laquelle elles ont été filmées. Placez du 4K en 4K. Outre le fait que cette méthode permettra à vos spectateurs de voir vos films dans leur qualité originelle (voir de les télécharger s'ils en ont l'autorisation comme sur Vimeo par exemple), il faut savoir que le site de diffusion adapte parfois la qualité des vidéos diffusées par rapport à votre débit Internet. Il importe donc de proposer à vos visiteurs de partir du plus haut pour pouvoir s'adapter à toutes vos configurations.


H264
videostudio

6) Recourez au H.264 de préférence

Le H264 est un standard MP4 reconnu. Cette norme, qui commence à être ancienne (adoptée dès 2001 !), est pourtant toujours d'une brûlante actualité 20 ans plus tard. C'est la plus conseillée, la plus utilisée, la plus connue aussi. YouTube comme Vimeo la recommandent, les logiciels de montage lui font la part belle. A cela rien d'étonnant car elle combine une assez bonne qualité de compression à un poids raisonnable, et ce codec est très oecuménique.


Pour le H264, il existe de nombreux débats et querelles d'experts pour déterminer le bon débit (bitrate en anglais) de compression à destination d'un site de partage. Les deux sites de partage recommandent des débits binaires (en Mbit/s = Mégabits par seconde) plutôt élevés qui ont l'avantage de "sécuriser" à coup sûr la qualité de votre vidéo, mais ont le double inconvénient d'allonger le temps d'encodage sur votre ordinateur, et le temps d'upload sur YouTube.


exporter magix

Pour du 4K (UHD ou 4K DCI) à 24, 25 ou 30 im/s, YouTube recommande ainsi du 35 à 45 MBits et va jusqu'à préconiser du 53-68 Mbps pour des fréquences plus élevées en 50 ou 60p notamment. Cette distinction, qui semble ancienne (la page n'a pas été actualisée depuis longtemps), ne se retrouve pas chez Vimeo qui ne différencie aucunement les fréquences d'images, et préconise une fourchette large de 30 à 60 Mbit/s pour le 4K, quelle que soit la fréquence.


A noter que seul Vimeo recommande le 8K, sans doute parce que la page YouTube est moins récente que celle de Vimeo, et n'a pas pris en compte les résolutions les plus récentes. Le 8K est néanmoins a priori accepté par YouTube.


débit binaire vimeo

Pour le 1080p (FullHD), en H.264 toujours, Youtube recommande du 8 Mbit/s en 24p, 25p ou 30p et du 12 Mbit/s pour du 48,50p ou 60p, alors que Vimeo se borne à évoquer une fourchette entre 10 et 20 Mbit/s.


Ces chiffres de débits préconisés par YT ou Vimeo restent "confortables", voire élevés. Les sites ne tiennent pas à décevoir leur visiteurs / posteurs. Les écarts de préconisations de débits à l'intérieur d'une même résolution s'explique par le fait que deux vidéos, n'ont pas forcément besoin du même débit, selon la complexité de la scène. Un travelling, un panoramique, une vidéo sportive va bien évidemment nécessiter un débit plus élevé qu'un débat statique ou un paysage fixe. Ainsi pour des débats de 1H30 à 2 heures en 1080p à 28 Mbps, je me suis autorisé à descendre jusqu'à 4 Mbit/s pour gagner du temps en compression (la mise en ligne urgeait) et pour accélérer l'upload depuis une ligne ADSL basique (6 à 7 heures à chaque fois).


Utiliser du 4 Mbit/s en 1080p est très limite sur des aplats (comme le dossier d'une chaise) mais avec un bon logiciel de compression et surtout, une double passe (voir plus loin), la qualité reste globalement acceptable. Si l'on effectuait un sondage sur 100 personnes, 99 d'entre elles ne verraient probablement aucun problème à l'image. Cependant ces notions de fixité / mouvement sont parfois trompeuses. Ainsi le plan fixe d'une foret d'arbres ou un aplat coloré peuvent s'avérer très complexes à encoder, et nécessiter dans ce cas, d’augmenter le débit. Les aplats, les zones uniformes, les feuillages d'un arbre, les petites vaguelettes d'une étendue d'eau, sont particulièrement traîtres pour les systèmes de compression, il faut donc s'en méfier !


Le H264 a une autre caractéristique (inexistante sur le H265), c'est qu'il peut évoluer de façon constante (CBR) ou variable (VBR). Le CBR ne va pas changer le débit, qui sera le même pour toute la vidéo, sans distinction. On peut le pousser un peu si besoin. Alors qu'avec le VBR, selon la complexité de la scène, le débit va varier.


H265

Cependant le H265 présente un meilleur rapport qualité / poids, pour une qualité a minima égale au H264. Le H265 fonctionne avec un débit bien moindre que le H264, entre 15 et 25 Mbps, soit environ 2 à 2,5 fois moins que le H264. Il est surtout préconisé par Vimeo, mais vous pouvez parfaitement l'utiliser pour YouTube (test vérifié). Le site de partage de Google a sans doute plus de difficulté à le recommander car son propre logiciel de compression utilise un système concurrent, le VP9, aux qualités au moins égales.

Le H265 (HEVC) pose le problème qu'il n'est pas accepté par tous les ordinateurs, lorsqu'ils sont anciens ou que la lecture peut s'avérer plus difficile (la lecture peut avoir des "hoquets"), le codec étant plus gourmand en ressources. que le H.264.


Enfin, on terminera ces notions de formats d'encodage avec le Prores 422. Ce format professionnel, à la haute qualité d'encodage, est parfois utilisé par les professionnels. Il est recommandé uniquement sur Vimeo. Mais il est très lourd à l'encodage, pèse bien plus que le H.264 (jusqu'à un facteur 5) et nécessite donc une ligne à très haut débit pour uploader d'aussi lourds fichiers. Le jeu doit en valoir la chandelle.


mediainfo

7) Optez pour un débit supérieur à vos rushes

Si vous ne savez pas pour quel débit opter, un bon truc est de tenter de faire en sorte que votre débit de compression soit légèrement supérieur à celui de votre de débit de prise de vues. Ainsi si vous filmez en 25 Mbit/s, tentez de choisir un débit supérieur de 28 Mbps. Si vous ne vous souvenez pas de votre choix de débit à la prises de vues, glissez votre fichier dans un utilitaire comme Mediainfo (ou sur Mac utilisez QuickTime + I). Vous obtiendrez toutes les infos nécessaires.


8) Notions de "passe"

Notez aussi que la plupart des encodeurs proposent en H.264 la notion de "passe". Si vous le pouvez, à chaque fois, choisissez plutôt la double passe (selon l'appellation). Le principe des deux passes est liée à la compression spatiale : le logiciel de compression analyse une première fois la vidéo avant d'encoder la vidéo au mieux en fonction des informations qu’il a récoltées lors de l'analyse. En gros, l’algorithme, sait à quoi va ressembler "l'image d'après". Alors qu'avec une passe unique, l'encodage est effectué sans analyse préalable. On comprend facilement que le résultat en pâtit dans ce cas. La différence peut se voir à l'oeil nu. Le seul inconvénient de la double passe - est qu'il est objectivement plus long à s'effectuer.


On trouve aussi sur certains logiciels (Adobe Premiere par exemple) la notion de débit cible et de débit maximum. Le débit cible est celui qui constituera votre moyenne d'encodage tandis que le débit maximum, tiendra compte des passages qui nécessiteraient un débit plus élevé. L'art de doser ces 2 réglages peut s'avérer compliqué, aussi faites des essais. Choisissez par exemple en H264 20 Mbit/s pour le débit cible et 25 Mbit/s pour le débit maximum. Ou en 4K qui requiert de plus hauts débits, vous pouvez tenter un débit cible de 40 Mbit/s et un débit maximum de 60 Mbit/s.


9) L'audio

Côté audio, YT recommande généralement du AAC-LC en 96 ou 48 Khz en stéréo. Ne négligez pas totalement cet aspect qui joue aussi (un peu) sur le poids de la vidéo. Toutefois, il est rare qu'on ait des réglages audio à effectuer, le choix du codec vidéo paramétrant l'audio en même temps. Proscrivez juste le Dolby Surround qui ne sert pas à grand chose sur YouTube ou Vimeo.


export

10) Profil d'export prédéfini direct vers YT / Vimeo

La quasi totalité des outils de montage offrent le choix entre un profil prédéfini pour exporter directement vers Youtube ou Vimeo ou, bien sûr, une personnalisation possible des réglages d'exportation. Sachez que le profil prédéfini sera quasiment toujours de qualité inférieure à la personnalisation des réglages. En guise de "test", nous avons comparé une séquence de 5 minutes en 1080p en export prédéfini direct vers Vimeo et un export indirect, par la méthode habituelle. En prédéfini direct vers Vimeo, le logiciel nous a enregistré du 15 Mbps en moyenne (fichier de 456 Mo) alors qu'en réglant l'export sur une qualité conseillée, nous avons atteint 20 Mbps (607 Mbps). Et ce n'était pas le maximum, nous pouvions aller jusqu'à 25 Mbps ! En export direct vers YouTube, la qualité semble également moindre, il est plus difficile de connaître le débit utilisé, les vidéos de YouTube n’étant pas téléchargeables, sauf moyen très détourné.


export

Cette différence de qualité est plutôt logique. Avec un profil prédéfini, l'éditeur du logiciel de montage vise à simplifier la procédure et à permettre une mise en ligne rapide du montage. Pour cela, le calcul des images-clés est accéléré et il n'y a pratiquement jamais de double passe. il en résulte une qualité moindre.


Attention, même si je n'ai pas rencontré de problème depuis des essais à partir de 3 logiciels différents, les exports directs vers YouTube ou Vimeo ne fonctionnent pas toujours comme on le voudrait et sont parfois, paradoxalement, très longs à être mis en ligne et, parfois sans la moindre visibilité sur l'état d'avancement de l'export. Autant de raisons qui doivent vous faire préférer l'export indirect (transfert vers votre ordinateur puis import vers YouTube ou Vimeo) plutôt que l'export direct.



(Comment compresser au mieux pour YouTube ou Vimeo ?)

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