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Étude de l'ADEME : mobiles reconditionnés et bons réflexes

19 janvier 2022 par magazinevideo


Le numérique responsable, tout le monde en parle. Ce 19 janvier 2022, l’Agence de la transition écologique (ADEME) et l’ARCEP (Autorité de Régulation du numérique) ont présenté leurs tout derniers travaux missionnés par le Gouvernement dans le cadre des engagements de l’Accord de Paris et des objectifs de la Commission européenne pour 2050. Un double but : dresser un état des lieux des impacts environnementaux du numérique (en France) et dégager les leviers d'accès, les bons réflexes à adopter pour les réduire. Une étude inédite concerne plus particulièrement le reconditionnement des smartphones dont l'avenir est prometteur. 
 
Mais d'abord l'état des lieux.
 
 

Numérique et émissions de gaz à effet de serre

 
Le numérique est responsable (source) de 3,5% des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Un chiffre qui pourrait paraître faible mais qui, pour prendre une image frappante, est équivalent à celui de l'impact de l'ensemble des déchets. Surtout, c'est un chiffre qui augmente à vitesse grand V étant donnée le fort accroissement des usages du numérique. D'ailleurs, on anticipe un probable doublement du pourcentage des émissions mondiales d'ici 2025 (c'est demain). Comme le secteur croit très vite, il paraît justifier de s'en occuper "en amont" avant que les effets nocifs ne soient irréversibles.
 
En France, l'impact sur les gaz à effet de serre tourne autour de 2,5%, Un chiffre plus faible qu'au niveau mondial. Mais un citoyen français possède en moyenne 15 équipements connectés, un nombre bien supérieur à la moyenne mondiale qui est de... 8 appareils. Faut-il rappeler que dans toutes les étapes de sa vie (fabrication, utilisation, fin de vie), un appareil numérique a un impact écologique élevé. 
 
Autre donnée révélatrice, en France les services numériques sont responsables de 10% de la consommation d'électricité, soit l’équivalent de la consommation annuelle de 8 282 000 foyers français ou chiffre plus individuel, de 2259 km en voiture / habitant.
 
On évoque souvent les serveurs et les industriels, alors à qui la plus grande part ? En réalité ce sont les terminaux « utilisateur », qui ont l'impact le plus grand (64 à 92%) alors que les centres de données impactent à hauteur de 4 à 22% et les réseaux entre 2 et 14%. L'impact le plus grand est à attribuer aux téléviseurs (entre 11% et 30%) suivi par les ordinateurs portables, tablettes, smartphones et ordinateurs fixes (30%).

Le reconditionnement des smartphones

 
Parmi les points intéressants, les travaux de l'ADEME abordent l'impact du reconditionnement des smartphones (à partir d'une étude toute récente), sujet qui touche encore toutefois un public assez ciblé et informé.
 
Un constat : la durée de vie des smartphones, reste toujours trop courte :  en moyenne elle dure entre 23 et 37 mois. C'est pourquoi la solution du mobile reconditionné se présente comme une solution intéressante et relativement simple à appliquer pour préserver la planète. En effet, le reconditionnement d’un téléphone mobile, même s’il induit le changement de l’écran et de la batterie, voire l’ajout d’accessoires neufs, est à l’origine d’un impact environnemental plus de 2 à 4 fois inférieur à celui de la production d’un équipement neuf.
 
Sans surprise, c’est la phase de fabrication d'un mobile qui présente l'impact le plus grand (78 % de l’empreinte carbone), suivie de la phase d’utilisation (21 % de l’empreinte carbone). On extraie plus de 50 matériaux (dont certains stratégiques comme l'or) servant à fabriquer un smartphone. Un mobile est ainsi constitué de 80 à 85% de métaux ferreux et non ferreux (cuivre, aluminium, zinc, etc.) et de 15 à 20% de substances comme le magnésium, le carbone, le cobalt, le lithium, etc.). 
 
Le reconditionnement permet ainsi d’éviter l’extraction de 82 kg de matières premières et l’émission de 25 kg de GES par année d’utilisation, soit 87% de moins qu’avec un équipement neuf. On réduit ainsi en moyenne (selon les éléments à reconditionner) de 55 à 91% l'impact de ce produit numérique dont on ne peut raisonnablement plus se passer.
 
 
 
 
Bien que marginal par rapport aux neufs, le marché des smartphones reconditionnés est en forte croissance : plus d’un tiers des Français ont désormais acheté un smartphone de seconde main quoique 82% comptent encore acheter un prochain modèle neuf.
 
Du côté de ceux qui sont déjà convaincus, l'ADEME recommande de privilégier un reconditionnement local en circuit court. Autre conseil : ne pas favoriser un marché du reconditionné basé sur la surconsommation : dit autrement, ne pas acheter en reconditionné un modèle très récent, mais viser si possible un modèle (un peu) plus ancien. Reste le problème de l'obsolescence des systèmes d'exploitation qui rendent les anciens mobiles potentiellement vulnérables à des failles de sécurité, lorsque les mises à jour n'existent plus. L'ADEME affirme collaborer déjà avec les acteurs du numérique pour les sensibiliser à ces aspects techniques parfois déterminants.
 
 
Les reconditionneurs doivent aussi produire des efforts en privilégiant les pièces de rechange de seconde main ou en évitant de  systématiser le changement de pièces. Enfin au niveau du législateur, il faut rendre l'ajout d'oreillette / kit main libre optionnel, ce qui se pratique déjà par certaines marques (comme Fairphone). 
 
En 2020, les ventes de smartphones reconditionnés en France sont estimées à 2,8 millions d’unités. L'utilisation par les français a permis approximativement des économies de 229.000 tonnes de matières premières et 70.000 tonnes d’équivalent CO2. L'année 2021 devrait suivre fortement cette tendance.
 
Autre bonne bonne nouvelle : l'indice de réparabilité, lancé par la France, va être étendu en 2022 aux tablettes numériques.
 
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Les impacts environnementaux du numérique

 
 
L'ADEME-ARCEP a aussi présenté les résultats fort instructifs du Baromètre « Les Français et les nouvelles technologies ». Le but principal de cette étude, réalisée tous les deux ans depuis 2013, est de mieux connaître les attitudes des citoyens vis-à-vis d'une série de technologies innovantes aux impacts positifs ou négatifs. Cette année, l'angle des questions portait surtout sur le numérique.
 
Verdict : les Français sont plus ou moins conscients des inconvénients du numérique (ils citent "la consommation d’énergie", "les émissions de gaz à effet de serre"), mais seules 4 pratiques pouvant réduire l'impact du numérique sont effectuées (sur 15 pratiques testées) :
 
-61 % déclarent nettoyer régulièrement leur boite mail, 
 
-49 % garder leur smartphone jusqu’à ce qu’il ne fonctionne plus et privilégier la réparation, 
 
-22 % donnent une seconde vie à leurs vieux appareils en les amenant chez un revendeur informatique ou dans des bornes de recyclage. 
 
-20% déclarent limiter leur consommation de vidéo et 8% baissent la résolution des vidéos visionnées sur smartphone ou tablette.
 
 
À ce sujet, l'un des axes de l'ADEME est de sensibiliser les sites de partage à réguler le débit des vidéos en fonction du Terminal utilisé, tendance qui avait été initiée lors du 1er confinement. En effet, rien ne sert de voir une vidéo 4K sur un smartphone au petit écran. Une vidéo en FullHD sera aussi détaillée !
 
Pour joindre le geste à la parole, l'ADEME vient d'initier une campagne digitale, à destination du grand public. Lancée le 11 janvier et diffusée jusqu’au 31 janvier, cette campagne a pour mission d’interpeler sur les impacts du numérique et de faire de la pédagogie sur les bons gestes à adopter pour réduire l’empreinte environnementale.
 
 
Pour aller plus loin :
 
Une campagne de sensibilisation sur le numérique responsable, est disponible sur le site dédié suivant,
 
 
Guide ADEME « Pour un numérique plus responsable ».
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