L'art du portrait vidéo
Entretien avec Christophe le Squer (titof44)
21 juin 2017 par Christophe le Squer (titof44) / entretien Thierry Philippon
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« Ciseaux ». Sous ce nom énigmatique se cache un artiste plasticien haut en couleurs dont Christophe Le Squer - vidéaste passionné, membre d'un club nantais, et intervenant assidu du Forum (pseudo titof44) - brosse le portrait en suivant le créateur dans son atelier. Le thème assez prisé du portrait vidéo est à la fois accessible à l'amateur, intéressant pour le spectateur et gratifiant quand le personnage est volubile. C'est pourquoi il tente beaucoup de vidéastes. Mais comment s'y prend-on, quels sont les petits secrets du portrait vidéo réussi ? Christophe Le Squer nous révèle sa méthode d'approche et de réalisation. |
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MATÉRIEL / TECHNIQUE
MV : Vous utilisez une PXW-X70. Pourquoi avoir opté pour ce modèle ?
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MV : Quels profils d’image et réglages de Profil choisissez-vous sur cette caméra ?C.L.S : Le plus souvent en extérieur j’utilise le PP4 avec des modifications (en cherchant sur le Net), par rapport au profil enregistré par Sony. Pour des captations de spectacles, nous utilisons plutôt le PP1 avec toujours des petits changements au fur et à mesure de nos expériences. Pour la balance des blancs, j’ai opté pour un réglage fixe à 5600K. Le problème n'est pas là, il s'agit plutôt de fabriquer sa lumière pour qu'elle soit homogène et ne pas subir des températures différentes dans un même plan. C'est vraiment le plus compliqué. J’avais mis en place un panneau LED que j’ai vite abandonné à cause des arrières-plans extérieurs (à travers la porte de l’atelier). Un autre accessoire très important à mes yeux est le moniteur vidéo (modèle Lilliput 663/O/P2 HMDI sortie 7 "Moniteur LED IPS) qui aide beaucoup à la mise au point et au cadrage. MV : Qu’avez-vous utilisé comme micro pour enregistrer la voix de l’artiste ?C.L.S : Pour cette vidéo j’ai utilisé un micro Audio Technica AT875R et en plus un enregistreur Tascam DR-05. |
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MV : Un trépied ? Support de stabilisation ?C.L.S : J’utilise, dans tous mes reportages, un trépied Manfrotto MT502AM accompagné d’une tête fluide MVH502AH montée sur un bol. Cela implique beaucoup de manutention... Certains plans on été filmés sans trépied et je stabilise à travers mon logiciel de montage (en l’occurrence FCPX). Parfois j’utilise un monopode lors de tournages dans la foule ou en dehors des sentiers battus ! |
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RÉALISATION MV : Certaines « explications » du sculpteur ont-elles été répétées / modifiées ?C.L.S : En fait j’avais fait une première interview il y a un an, mais j’avais de gros problèmes de surexposition ! Ce coup-ci nous avons consacré 1h uniquement pour cette prise de son. Nous avions préparé une petite trame de mots clés et ensuite j’ai laissé l'artiste (Denis) s’exprimer en répétant 2 ou 3 reprises à cause de sons parasites extérieurs. MV : Combien de jours avez-vous passé dans son atelier ? Combien de minutes ou d’heures de rushes avez-vous obtenues au final ?C.L.S : En fait nous avons consacré 4 journées de tournage en choisissant toujours un temps ensoleillé. Au final j’ai enregistré 5 heures de rushes pour environ 8 minutes au final. MV : Quels problèmes techniques particuliers avez-vous rencontrés ?C.L.S : Le gros problème était la luminosité entre l’intérieur de l’atelier et l’extérieur. Je ne voulais pas que la porte soit fermée car cela donnait une impression d’écrasement, l’atelier étant en sous-sol. J’ai rencontré aussi un problème de poussière lors des plans de ponçage, d'où une vigilance accrue à chaque prise pour le nettoyage du filtre neutre anti UV de protection de mon objectif. De plus il fallait que Denis ait les mêmes vêtements à chaque journée de tournage et ce n’était pas facile ! Un autre souci était les arrières-plans car entre deux rendez vous, la vie continuait et le décor n’était pas tout à fait dans la configuration des premières prises. MV : Votre film dure environ 10 minutes. Vous posez-vous la question de la durée de vos films, (cherchez)-vous à raccourcir par exemple en fonction du public auquel vous adressez votre film ?C.L.S : Oui effectivement mon film actuellement est d'une durée de 8’18, je souhaiterais le réduire à 7’30 mais ce n’est pas facile pour garder l’équilibre de l’ensemble !!! Cette vidéo a 2 buts : Le 1er est de présenter cette vidéo à des passionnés pour échanger et recevoir des commentaires et critiques sur des sites comme le vôtre. Le 2ème au sein d’une association de vidéo à Nantes (CVNA) est d’essayer de faire sélectionner mon film pour le concours régional du cinéma amateur qui aura lieu à Montjean-sur-Loire (49) au printemps prochain. |
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MV : Comment avez-vous découvert cet artiste ?C.L.S : Je connais Denis depuis une vingtaine d’années, nous faisions du VTT ensemble ! Depuis son départ en retraite, il s’est beaucoup impliqué dans des associations d’ou mon film sur les Archers d’Orvault et j’ai toujours eu l’idée, sachant qu’il était plasticien, de faire un reportage sur l’une de ses œuvres. C’est pas hasard, en discutant avec lui sur son projet de ciseaux que nous avons décidé de le filmer. MV : Comment approche-t-on un artiste ? La « méthode « vous paraît-elle différente de celle d’un autre personnage dans la mesure où souvent, les artistes s’expriment avec leurs œuvres, pas toujours avec des paroles ?C.L.S : L’approche se fait toujours grâce à une passion. Ici c’était ma passion pour la vidéo et lui pour ses sculptures ou peintures. A travers nos deux passions, les points communs on fait que cette vidéo existe. La difficulté était surtout la disponibilité de l’un ou l’autre, et surtout qu’il n’avance pas sur son œuvre quand je n’étais pas là ! Effectivement durant le tournage j’essayais d’avoir des commentaires sur ses techniques mais Denis n’était pas très parlant donc nous avons opté pour une interview séparée. |
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MV : Avant de tourner, connaissiez-vous la belle anecdote du ciseau que vous raconte l'artiste ? Et la métaphore (le fil de la vie) qu’il explique ?C.L.S : Non pas du tout, j’avais simplement entendu parlé qu’il avait fait souder des ciseaux en rosaces, et pendant la prise de vues, il s’est livré sur la maladie de l’un de ses proches, qui a fait que l'oeuvre et la vidéo ont pris une autre dimension. MV : Quelle est la part de « mise en scène » (demander au sculpteur de se positionner à tel ou tel endroit, de recommencer un geste) et de filmage improvisé ?C.L.S : En fait il y a très peu d’impro, à chaque action qu’il allait faire, nous discutions des gestes pour trouver le meilleur angle de prise de vue. Je lui ai demandé à plusieurs reprises de commencer un geste, de l’arrêter pour changer la caméra de place et reprendre le geste. Tout ça pour ne pas troubler son avancement en faisant 3 ou 4 prises, quand le bois est coupé il est coupé ! MV : Comment avez-vous effectué votre recherche musicale pour ce film, et de façon plus générale, comment trouvez-vous vos musiques ?C.L.S : En général au cours du montage j’ai une idée du thème musical (lent, rythmé etc.) que je dois utiliser. Ensuite sur des sites de musiques sans droits, je passe du temps à sélectionner quelques morceaux que je place sur la time line. La sélection se fait au fil du temps et des reprises de montage pour qu’il y ait une belle correspondance musique/images. J’utilise souvent la bibliothèque audio de YouTube qui est mise à jour régulièrement, on y retrouve des œuvres de musique gratuite et originale. MV : A partir de 5’44’’, on entend une musique celtique « orchestrale » qui dénote avec celle, très douce, utilisée (de façon récurrente) dans le reste du film. C’est volontaire ?C.L.S : Oui, je trouvais ce morceau de musique très beau et l’intensité musicale montait jusqu'à caler mes images pour finir avec des percussions sur l’œuvre terminée. C’est peut-être un peu ambitieux mais je trouvais que ce thème montrait l’envolée de l’œuvre ! De plus Denis ayant une âme celte, celle-ci correspondait bien au personnage :) MV : Comment l’artiste a réagi à votre film ?C.L.S : Super bien !!! Très content du résultat, je lui proposerai peut-être de la présenter lors de l’exposition en Belgique, ce qui sera peut être un plus pour la compréhension de son oeuvre par les visiteurs. MV : Des projets ?
C.L.S : Oui plein !! Et toujours au sein de l’association : des travaux de groupes. |
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captures d'écran et photos : Christophe le Squer entretien : Thierry Philippon Musiques : Retreat / Jason Farnham
Long road ahead / Kevin MacLeod
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(L'art du portrait vidéo)