Magazinevideo > Actus > Actus photo

Photokina : Le temple de la Photo disparaît

27 novembre 2020 par Thierry Philippon


C'était un des très grands rendez-vous "image" en Allemagne qui avait lieu tous les deux ans. C'était aussi un des plus anciens puisqu'il était né.... en 1950 à Cologne. Soit 70 ans d'existence !
 
La célèbre Photokina (la Kina pour les intimes) n'aura pas lieu en 2022 alors qu'elle tentait de planifier cet horizon. Ce salon prestigieux a surtout convenu d'arrêter définitivement les frais. Une décision qui a été prise en liaison avec la German Photo Industry Association, et qui a dû empêcher de dormir les organisateurs durant plusieurs nuits.
 
 
La PhotokIna est-elle une victime collatérale du coronavirus ? Pas exactement. La mise sous oxygène puis l'arrêt de la Photokina pourraient bien refléter un mal plus large et plus profond.
 
Explications :
 
Avant l'arrivée de la pandémie, ce salon se cherchait déjà un second souffle. En apparence, la PhotoKina était toujours cet événement bisannuel incontournable de la photo et continuait à compter sur la scène internationale. Voici un peu plus de 2 ans, le salon décidait de revoir ses dates en profondeur : au lieu d'un rendez-vous tous les deux ans au mois de septembre, la "Kina" tentait un pari audacieux : se dérouler sur une périodicité annuelle au mois de mai, à dater de l'édition de 2019 ! 
 
Mais comme un signe du destin, ce changement de braquet a fait dérailler l'organisation. Celle-ci avait visiblement surestimé la capacité des fabricants à présenter des nouveautés marquantes en 8 mois d'intervalle entre l'édition de septembre 2018 et l'édition de Mai 2019 qui devait inaugurer le nouveau rendez-vous. Conséquence, la Photokina 2019 a été annulée avec l'espoir que le salon reparte d'un bon pied en Mai 2020. On connaît la suite de l'histoire : annulation du salon de mai 2020 pour cause de Coronavirus, et nouveau report prévu pour... 2022. On se disait que les organisateurs avaient fait preuve de sagesse et se donnaient le temps de se réorganiser.
 
Covid-19 exceptée, ces déboires organisationnels reflétaient pourtant un mal plus profond, celui du marché de la photo dite "classique". Ce marché subit en effet depuis 2014 une décroissance annuelle à deux chiffres. Certains segments s'en sortent mieux que d'autres, le marché s'est même un peu revigoré -  en volumes et en valeur - avec le développement des Full Frame hybrides qui a vu l'année 2019 dépasser les ventes de réflex. Mais pour les enjeux d'un salon, ça n'a pas suffi.
 
 
Oliver Frese, le patron de la Koelnmesse, résume assez bien l'état des lieux en évoquant qu'il n'y a jamais eu autant de photos prises aujourd'hui, et que malgré le dynamisme de la photo-vidéo sur smartphone, et l'essor de la communication par l'image sur les réseaux sociaux, les segments du marché classique n'ont pas résisté. Du coup, la Photokina, représentant la plus haute qualité et le plus grand professionnalisme sur le marché international de l'imagerie, a "perdu le nord". Et probablement son ADN.
 
On peut ajouter aujourd'hui que les salons photo ont un peu perdu une partie de leur vocation : s'ils sont toujours un rendez-vous nécessaire pour les professionnels et pour toucher des nouveaux matériels, ils ne sont plus ce "temple" où on découvrait un nouveau produit, annoncé la veille ou l'avant-veille. Désormais on connaît bien avant et dans ses moindres détails - par Internet - les nouveautés qui y seront présentées. 
 
L'ensemble de ces causes ont donc eu raison du Temple de la Photo. L'avenir nous dira, même si nous semblons mieux armés en 2021 pour lutter contre le Coronvairus, si les difficultés afffecteront ce seul salon ou si forts de cette annonce un peu triste, d'autre salons se repositionneront mieux dans ce "monde d'après".  
Bénéficiez des tests Premium et téléchargez les fichiers natifs
Créez un compte Premium et abonnez-vous à l'indépendance

Je publie un avis

Écrivez votre commentaire sur le forum >>

 

Articles correspondants