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Obsolescence des imprimantes et des cartouches : un printergate ?

25 septembre 2017 par Thierry Philippon


Plusieurs fabricants d’imprimantes, et non des moindres, Epson tout particulièrement, mais aussi Canon, et Brother entre autres, pourraient avoir maille à partir avec la Justice.
 
En effet, une plainte en justice pour obsolescence programmée des cartouches d'imprimantes et des imprimantes à jet d’encre, a été déposée par l’association HOP (Halte à l’Obsolescence programmée) dirigée par Laetitia Vasseur. C’est une première en France et ce n'est pas rien car la pratique de l'obsolescence programmée est interdite depuis la Loi de Transition énergétique votée en 2015. L’association invoque les motifs d’infraction d’obsolescence programmée mais aussi de tromperie. HOP laisse même une porte ouverte à tout autre chef d’inculpation que l’enquête diligentée permettrait d’identifier.
 
L’obsolescence programmée est un phénomène souvent minimisé par les fabricants, mais qui est désormais connu, surtout sur des produits d’une certaine valeur (téléviseurs, tablettes, machines à laver, aspirateurs, etc.). Le fait nouveau est que le phénomène toucherait cette fois les imprimantes grand-publics, mais aussi les cartouches d’encre, bêtes noires des consommateurs tant leur prix sont prohibitifs. A tel point que des cartouches neuves XL valent parfois (voire dépassent) le prix de l’imprimante et que leur renouvellement est un budget devenu considérable pour un usage amateur. 
 
L’association a ainsi calculé que le prix de certaines cartouches Epson équivalait à 2062€ le litre (!), soit deux fois le coût d’un certain parfum Chanel 5… Cela laisse songeur. Les fabricants répondent qu’avec le développement technologique (notamment des buses), on imprime plus de pages qu’autrefois, ce qui est invérifiable, la contenance moyenne des cartouches n'étant pas constante.
 
L’association HOP a donc mené sa propre enquête facilitée par les centaines de témoignages aussi variés que concordants émanant de consommateurs étonnés d’un comportement anormal de leur imprimante. Parmi les phénomènes observés :
 
  • -un constat de cherté des cartouches d'origine quelle que soit la marque et même en les achetant en pack
  • -alerte dissuasive qui se déclenche alors que la cartouche n’est manifestement pas encore complètement vide. Selon l'étude menée par HOP chez le fabricant Epson, il resterait parfois jusqu'à 20% d’encre, un chiffre bien éloigné de la petite variabilité que reconnaissent les fabricants,
  • -messages intempestifs et anxiogènes lorsqu’on utilise une cartouche générique de façon à dissuader le consommateur de faire appel à une solution générique, moins chère,
  • -incompatibilité de certaines cartouches génériques car la puce (qui sert à l’imprimante à reconnaître s’il s’agit d’une cartouche de la marque et à compter le nb de pages) ne serait plus configurée de la même façon d’une année à l’autre, obligeant les fabricants de génériques à se réadapter en permanence,
  • -mise à jour du firmware (chez HP) qui va jusqu’à bloquer l’utilisation de cartouches non-officielles. D'ailleurs, aux Etats-Unis, sous la pression des consommateurs, le groupe a "reconnu" l'anomalie et a modifié son firmware.
Précisons que nous ne sommes pas sur un marché de niche. Chez HP par exemple, en 2016, la branche impression a représenté un bénéfice jusqu'à 3 fois supérieur à celui des ventes de PC. On peut parler de marché juteux...
 
L’association HOP s’est aussi penchée sur le tampon encreur. Il s’agit d'une éponge encastrée parmi les pièces de l’imprimante qui a pour rôle d’absorber les petites gouttes d’encres usagées qui sont rejetées à chaque impression et lors du nettoyage des têtes d’impression. 
 
Problème, le logiciel en charge du tampon encreur semble signaler sa fin de vie en se référant au nombre de copies et cycles de nettoyage. Le consommateur ne peut changer lui-même le tampon encreur, seul un SAV en est capable. Or la fin de vie intervient le plus souvent hors garantie. Le consommateur va donc s’empresser de racheter une nouvelle imprimante. A moins de 100 euros, les fabricants font tout pour qu’il n’hésite pas. Et les cartouches étant souvent différentes d'une génération à l'autre, les anciennes sont bonnes à jeter.
 
 
La plainte est désormais dans les bras du procureur. Il faut attendre 3 mois pour savoir si le procureur poursuit ou pas. S’il décide de ne pas poursuivre, l’association envisage de se constituer partie civile auprès d’un juge d’instruction. Pour cela, il lui faudra assurer des frais de justice (environ 10.000 euros) pour lesquels elle a d’ores et déjà lancé un financement appréciatif chez GoFoundme. Vous pouvez apporter votre contribution à sa présidente, Laetitia Vasseur, qui a mené cette réflexion sur l'obsolescence après avoir mené un tour du monde durant 1 an, principalement en Asie.
 
Pour rappel (Loi sur la Transition énergétique), le délit d’obsolescence programmée est puni d’une peine de 2 ans d’emprisonnement et d’une amende de 300 000 euros qui pourra être portée jusqu’à 5% du chiffre d’affaires. 
 
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Vos avis !

avatar rozieres Membre
Possesseur d'une imprimante CANON PIXMA MG 7150 depuis environ 2 ans, elle vient de tomber en panne, erreur B200, qui correspond à un défaut de la tête d'impression. Sur les forums d'internet j'ai pu constater que je ne suis pas le seul à être dans cette situation. La seule réponse apportée par le service maintenance de CANON:" débranchez la machine, et déposez-là notre centre de maintenance." Ce centre se trouve à Courbevoie, et mon domicile se situe dans le sud de la France. Les réparateurs locaux refusent de prendre en charge la réparation, trop aléatoire selon leurs dires, et les solutions proposées sur le forums, que j'ai toutes essayées, n'ont donné aucun résultat. Il ne me reste que la solution de jeter cette machine à la déchèterie !... Et d'en acheter une autre pour la remplacer. Si les soupçons d'obsolescence programmée sont fondés, je trouve cela purement scandaleux. C'était mon coup de g....

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