C'est à lire : Moi, Orson Welles
08 septembre 2025 par magazinevideo

Une évidence : les films d'Orson Welles ont marqué le cinéma, et ont influencé plus d'un réalisateur (dont Stanley Kubrick entre autres). Mais encore aujourd'hui, en 2025, le nom de ce grand Maître du cinéma résonne toujours dans la tête des cinéphiles et des réalisateurs.
Nombre de ses films continuent à servir de référence, comme Citizen Kane, Falstaff, le Procès ou la Soif du Mal. Il faut dire que le cinéma de ce démiurge du 7e Art s'avère particulièrement inventif et fantasque. De plus, ce réalisateur, scénariste et acteur a su aussi lutter contre la toute puissance des studios d'Hollywood pour faire aboutir des projets indépendants qui n'entraient pas forcément dans le moule.

On peut donc saluer la réédition (en pré-commande) de l'ouvrage Moi, Orson Welles, en version "'beau livre", sachant que la version française initiale était sortie en 1992. Ce livre de cinéma propose un recueil d'entretiens entre l'auteur de Citizen Kane et Peter Bogdanovich. Cette nouvelle mouture est publiée à l'occasion de l'exposition my Name is Orson Welles qui se déroule prochainement à la Cinémathèque française.
Pour ceux qui ne connaîtraient pas Peter Bogdanovich, c'est un expert du cinéma aux multiples casquettes : réalisateur, écrivain, acteur, producteur, critique et historien du cinéma américain. Ce fin connaisseur du milieu du cinéma a interviewé de nombreux cinéastes d'Hollywood parmi les plus grands, de John Ford à Alfred Hitchcock en passant par Howard Hawks ou Fritz Lang.
Le livre Moi, Orson Welles est conçu d'une façon unique puisqu'il repose sur un long dialogue entre Welles et Bogdanovich, agrémenté d'une centaine de (superbes !) photos réparties tout au long de l'ouvrage. Une large place est consacrée aux films emblématiques d'Orson Welles parmi lesquels Falstaff, la Dame de Shangai, ou Citizen Kane, sans oublier La Guerre des mondes, la célèbre émission radiophonique qui fit tant parler.
L'ouvrage est découpé en 8 sections représentant les lieux qui ont marqué les oeuvres premières de Welles : Rome, Guaymas (ville du Mexique), New-York, Van Nuys (Quartier de Los Angeles), Hollywood, Paris et Carefree (banlieue de Phoenix, en Arizona). Outre les huit sections, l'introduction de Peter Bogdanovich est loin d'être inintéressante, tout comme deux Annexes, l'une sur la Splendeur des Ambersen (version originale d'Orson Welles), la seconde sur la Soif du mal (mémo à la Universal).
L'entretien entre Bogdanovich et Orson Welles donne lieu à quelques anecdotes croustillantes, comme celle, dès l'introduction, décrivant son premier contact téléphonique avec Welles, appel qui sera marqué par une impatience réciproque de nourrir la rencontre ! Il faut dire qu'à ses débuts, les films de Welles étaient mal compris de l'opinion dominante et les défenseurs de son oeuvre, comme Bogdanovich, encore rares. Or Welles avait justement lu plusieurs années auparavant un papier de Bogdanovich, qui l'avait motivé à le rencontrer. Du coup le Maître, de 22 ans l'aîné du critique de cinéma, lança à ce dernier : "vous ne pouvez pas imaginer depuis combien de temps j'ai envie de vous rencontrer !" C'était évidemment réciproque...

L'entretien entre les deux "cinéphiles" est passionnant de par ce qu'il nous enseigne sur la vision du cinéma d'Orson Welles, et aussi celle des studios, et notamment d'Hollywood. Mais loin d'être académiques ou pompeux, les dialogues sont l'occasion de tournures de discussions franches comme deux copains érudits et passionnés qui discuteraient de cinéma ! Page 156, on en trouve une illustration éclairée :
Peter Bogdanovich À propos, que penses-tu de Rossellini ? Il a fait quelques bons documentaires dernièrement...
Orson Welles Oh, Peter, Peter...
P.B. Tu ne l’aimes pas !
O.W. Je n’aime pas cette conversation. Je n’aime pas parler de cinéma, j’en ai marre de parler de cinéma. Et je parie que le lecteur aussi.
P.B. Espérons que non.
O.W. Bon, bon, tu as raison. Si ton cher cinéma, et bien entendu, ce « cher » est sincère, Peter, nous l’aimons tous les deux passionnément, s’il cesse d’être la grande obsession contemporaine, alors il n’appartiendra plus qu’aux seuls distributeurs. On le jettera aux chiens en d’autres termes, et nous, qu’est-ce que nous ferons ? Mais pourquoi faut-il que je contribue à ce jeu des critiques et des louanges ? Je vois à peine un film par an.
P.B. Ce n’est pas vrai, tu le sais bien...
Des moments inattendus comme celui-ci parsèment les 328 (!) pages de Moi, Orson Welles. Un livre savoureux à plus d'un titre, joyeux et instructif qui se lit facilement malgré le volume de pages impressionnant, un peu comme on écouterait un long Podcast aujourd'hui. :) Bref, un splendide livre réédité, une référence à offrir ou à s'offrir.
Titre : Moi, Orson Welles
Auteur : (Entretiens avec Peter Bogdanovich)
Editions : Capricci
Pagination : 328 pages
Format : 22 x 28 cm
Parution : 3 Octobre 2025
Prix : 45€ (*)
(*) Frais de port offerts pour les 50 premières commandes sur le site Capricci avec le code WELLES.
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