Test GoPro Karma Grip
la poignée stabilisatrice
06 avril 2017 par Thierry Philippon
Qui n'a jamais rêvé d'avoir une mini-steadicam entre les mains pour réaliser des plans fluides et sans tremblements ? Ce rêve est à présent à la portée du plus grand nombre grâce aux stabilisateurs de caméras, parfois nommés "Gimbals" ou encore "Gyrostabilisateurs". Ce type de produit se présente sous la forme d'une poignée surmontée d'un système de stabilisation à 3 axes (c'est lui qu'on appelle Gimbal) dans lequel on glisse sa caméra. La société GoPro, qui essaie de repartir du bon pied après de multiples déboires en 2016, a décidé logiquement de couvrir ce marché de niche, avec un produit remarqué, le Karma Grip. Le Karma Grip permet donc de stabiliser une caméra GoPro Hero5 (GPH5 pour les intimes) ou Hero 4 Black / Silver (GPH4). Ne tentez pas une Hero3 ou 3+, ou une ancienne Hero Session, le système est incompatible. Et contrairement à ce que nous avons lu ailleurs, aucun harnais n'est prévu pour la Hero 5 Session à ce jour. Le Karma Grip est inclus avec le drone Karma dans le pack de base à 999 euros pour offrir une polyvalence de prises de vues, aériennes comme terrestres. Du coup, la section stabilisation (la nacelle) se détache facilement du drone pour se fixer sur la poignée grip, et vice versa. En dehors du drone, GoPro a eu la riche idée de proposer également le Grip du Karma en version "stand-alone" au prix de 350 euros, pour ceux qui ne sont pas intéressés par le drone de la marque et / ou qui possèdent déjà un aéronef concurrent (Mavic Pro, Phantom...). |
Le Karma Grip reprend ainsi peu ou prou le concept du Gimbal G4 Plus de Rollei (concept repris par d'autres fabricants depuis) que j'avais testé il y a un peu plus d’un an, c'est à dire qu'il agit selon 3 axes à l'aide de 3 moteurs dits "brushless" qui compensent souplement les mouvements de la caméra, même les plus rapides. Une telle poignée stabilisée renforce énormément la fluidité et la stabilité de toutes les prises de vues en mouvements. Le Karma Grip se différencie un peu de la gamme Osmo de DJI qui intègre d’origine une caméra (modèles Osmo et Osmo+) et fonctionne en association avec un smartphone. Mais quel que soit le concept, l’idée est la même : fluidifier et stabiliser ses plans le mieux possible. Pour GoPro, c’est un enjeu d’autant plus important que le stabilisateur de sa GoPro Hero5 Black n’est pas actif en 4K, la stabilisation étant réservée au mode FullHD; d'autre part, les GoPro Hero4 sont dénuées de stabilisation. Ici la poignée stabilisée vient solutionner ce problème. Et même en FullHD, la stabilité est grandement améliorée avec le Karma Grip. Mais passons au test. |
Le test du Karma Grip
Le Karma Grip se présente sous la forme d'une longue poignée en plastique plutôt agréable à prendre en mains et d'une nacelle stabilisée qui exécute les commandes réalisées depuis des boutons situés sur la poignée. Le harnais qui accueille la GoPro s'ouvre et se ferme à l'aide d'un clapet efficace et rapide à ouvrir / refermer. Aucune vis à visser ni ajustement barbant. Ouf !
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Pour connecter la GoPro Hero 5 Black au Karma Grip, il faut détacher la petite porte étanche de la GoPro (attention à ne pas l'égarer !), et emboîter les connecteurs USB-C et HDMI de l'actioncam sur les deux connecteurs du harnais du Karma Grip. Il faut bien enfoncer les connecteurs mâle et femelle, au besoin en prenant appui. Et tirer fort (on hésite au début) pour extraire la GoPro quand on a fini. A force d'insérer / extraire la GoPro dans le harnais, j'ai remarqué que le revêtement de l'actioncam en devenait légèrement marqué sur le dessus. Un point à considérer éventuellement si un jour, votre objectif est de revendre votre GoPro... Pour avoir testé l'année dernière le modèle Rollei G4 Plus, l'installation du système GoPro m'a paru plus simple et beaucoup plus rapide à mettre en place car il n'y a aucun ajustement à effectuer. Petit détail, le harnais comprend un orifice qui laisse passer l'audio, c'est bien vu. Si vous possédez une Hero 4 Black ou Silver, un harnais optionnel (35 euros tout de même) est nécessaire pour adapter le Grip. Ce harnais repose sur le même principe de connexion. |
Karma Grip et GoPro Hero forment ensuite un ensemble très interactif et fusionnel puisque lorsqu’on active le bouton d'alimentation du Grip, la GoPro s’allume à la suite automatiquement. Et une fois fini, l’extinction du Grip provoque l’extinction de la GoPro. Le Grip gère donc la mise sous et hors tension, mais aussi le démarrage / arrêt de l’enregistrement, et enfin le changement de modes de la caméra GoPro qu’on lui associe. D'un point de vue ergonomique, c’est plutôt réussi de tout commander depuis la poignée sans se soucier de la caméra. Notez simplement que les boutons nécessitent une pression certaine et qu'à la longue, je pense qu'ils sont un peu marqués à force d'être pressés. Un calibrage est préconisé si vous constatez que l'angle de tilt ou de roll n'est pas au même niveau que la ligne d'horizon. Le calibrage se justifie également pour paramétrer finement l’équilibrage du Grip Karma en fonction du modèle d'actioncam choisi. Ce calibrage s'effectue facilement, Grip éteint, en plaçant le Grip à l'horizontale, et en appuyant de façon continue sur le bouton de verrouillage, puis en attendant que la stabilisateur ait terminé son opération. Suite à ce calibrage, la ligne d'horizon est bien respectée. Un petit détail d'installation : de préférence, ne faites jamais fonctionner le Karma Grip avant d'installer la GoPro car sans celle-ci, le système est déséquilibré et s'agite en tous sens. Par conséquent, installez d'abord la GoPro, allumez le Grip ensuite. |
Côté énergie, c'est assez particulier et même sujet à critique. La charge du Karma Grip s’opère grâce à un câble USB-C (fourni) qu’on connecte à la base de la poignée. C'est la batterie du Karma Grip qui alimente la GoPro, à tel point qu'on peut retirer la batterie de la GoPro. Sans batterie, la GoPro met en revanche plus de temps à s'allumer et s'éteindre. Attention, sans batterie, votre GoPro n'est plus autonome, une fois le Karma retiré, elle deviendra inutilisable. L’autonomie de la batterie interne du Grip s’élève à 1H45, ce qui reste (très) faible car contrairement à d'autres stabilisateurs du marché, il est impossible de changer la batterie. GoPro a sans doute jugé qu'on n'utilisait pas ce type d'accessoire plus de 1H45 par jour ? C'est possible mais risqué, d'autant que certains rivaux proposent jusqu'à 8 heures d'autonomie (le Feiyu G5 par exemple) et que la charge du Karma Grip dure 6H (!) avec le chargeur 1A standard. Pour réduire ce temps à 2 heures, il faut investir dans le Supercharger de GoPro (en option pour 55 euros), capable par ailleurs de recharger 2 batteries. Mais cela commence à faire cher pour une poignée de stabilisation... Seule ruse possible : adopter un Power pack portable comme celui que propose GoPro pour 65 euros. On peut aussi s'interroger : une batterie a une durée de vie limitée avec un certain nombre de cycles de charges / décharges. Que se passera-t-il lorsque la batterie interne parviendra en fin de vie ? Nous avons posé la question à GoPro, qui a confirmé qu'il faudra changer la poignée mais la durée de vie de la batterie serait suffisante pour un usage pendant des années.
Par contre un bon point : comme chez DJI et son Mavic Pro, on peut surveiller le niveau de charge au moyen de 4 diodes lumineuses. On peut aussi visualiser l’état de charge de la batterie en appuyant sur le bouton de verrouillage de l’inclinaison. |
Côté fonctionnement, un appui séquentiel sur le bouton alimentation / mode permet de changer de mode : mode vidéo au mode Photo, Photo en rafale, Photo en accéléré. Puis on lance l'enregistrement via le bouton "Shutter" (cercle rouge) du Karma Grip. On peut enfin ajouter des balises Highlight à la volée. Le Karma Grip est très costaud, l'alliage fait sérieux. La prise en main est bonne, aidée par le grip antidérapant qui a été placé à l'arrière de la poignée, ce qui est plus logique qu'à l'avant comme l'a fait DJI avec son Osmo. Mais le Karma Grip est lourd quoique le poids soit plutôt bien réparti. Cette sensation se confirme par les chiffres : la partie stabilisateur et la poignée Karma Grip font pratiquement le même poids : 242 et 244 grammes, soit déjà 486 grammes. Ajoutez les 118 grammes d’une GoPro Hero5 Black, et vous dépassez les 600 grammes. C’est relativement lourd pour une poignée. Par comparaison, un Osmo+ pèse 201 grammes, soit autour de 350 grammes maxi avec le smartphone associé. C’est environ 40% de moins ! Est-ce que la lourdeur du Karma Grip participe d’une meilleure stabilisation ? Ce n’est pas impossible car les mouvements d'un objet lourd sont plus amples, et donc très stables. Revers de la médaille, l’avant-bras ou le poignet peuvent fatiguer avec un poids de cette importance. A voir à l'usage. |
Le stabilisateur de Gopro filme à l’horizontal. On peut lui demander de filmer franchement vers le haut (à 130°) ou le bas (à 45°). Pour cela il faut maintenir le bouton de Verrouillage de l’inclinaison puis relâcher lorsque la position souhaitée est obtenue. Le Grip orientera ainsi le cadre vers le haut ou vers le bas et il restera dans cette position. Pour annuler l’opération, il suffit de rappuyer sur le même bouton de verrouillage. L'utilisateur peut aussi orienter la caméra manuellement vers le haut ou vers le bas en maintenant la caméra avec la main dans la position souhaitée durant deux secondes. C'est simple et bien vu. Mais GoPro s'est arrêté là. On ne peut pas accomplir des mouvements de type panning, ou de rotation à 180 degrés pour un selfie. A titre personnel, je trouve que ce n'est pas plus mal. Mais ces restrictions pourront déplaire à certains au nom de la polyvalence. Au pire, pour un besoin ponctuel, on peut retourner le Karma Grip et filmer à l'aveugle. |
A l'horizontale, la conception même du grip GoPro souffre d'un petit handicap. Le symptôme : lorsque vous tenez le manche verticalement et visez devant vous à hauteur des yeux, votre regard bute contre l'un des bras du stabilisateur, ce qui masque environ 1/3 de l'écran de la GoPro. Si bien que vous êtes tenté, pour mieux voir l'écran, de décaler le Grip de l'axe de votre corps, et de le placer sur la gauche, ce qui est une position moins confortable ou d'incliner le stabilisateur vers vous, ce qui élimine la gêne visuelle, mais crispe la prise en main. Il vous faudra trouver la meilleure position. Autre particularité de conception, l'absence de pas de vis qui a pour conséquence qu'on ne peut pas installer le grip sur trépied. C'est dommage. La concurrence fait mieux sur ce plan. |
En option, le grip-stabilisateur peut être tenu à la main ou fixé sur le corps au moyen de différents accessoires. Récemment commercialisé, le Karma Grip extension câble (environ 120 euros) est l'un des plus ingénieux car il permet de désolidariser la partie stabilisateur de la partie poignée, les deux étant reliés par un cordon souple (voir vidéo promotionnelle). La poignée de 20 cm peut alors se glisser dans la poche d'un sac à dos ou être fixée sur le buste à l'aide d'un harnais supplémentaire. D'autres accessoires existent sur lesquels on connecte directement le stabilisateur. Une solution particulièrement indiquée pour les VTTistes, les skieurs, etc. |
Sur le terrain, le Karma Grip est d'une efficacité redoutable, permettant de réaliser des plans réellement très stables, en toutes circonstances. La vue reste bien stable en marchant, en courant, sur des terrains accidentés, en descendant des escaliers (voir notre vidéo) ! L'efficacité du stabilisateur tient probablement à la qualité de l'ingénierie GoPro mais aussi peut-être à la compatibilité restreinte aux seules GoPro. Quand on est compatible qu'avec une seule marque, on fabrique sans doute un meilleur produit que lorsqu'on cherche à tout prix l’universalité... Cependant, comme avec l'Osmo, mais à un degré moindre, l'image ne peut s'empêcher "d'onduler" légèrement en courant, mais c'est parfaitement supportable à l'oeil. La commande d'une GoPro 5 Black par reconnaissance vocale est un régal car ainsi, on n'a pas besoin de quitter la position de prise de main de la poignée. En raison de la gêne occasionnée par l'arrière du stabilisateur, l'angle de vue et la prise en mains nécessitent d'être bien étudiés. Tenez compte aussi qu'on voit moins bien sur le petit écran d'une GoPro que sur un smartphone de 5'' associé à l'Osmo de DJI par exemple. Au niveau des petits détails appréciés, un cordon de poignet permet de prévenir une éventuelle chute du Grip s’il vous échappe de la main. Côté audio, c'est plutôt satisfaisant. Certes, le Karma Grip émet un petit bruit de fonctionnement (grésillement léger) mais qui reste très faible et donc peu audible en définitive. Globalement les moteurs brushless sont plutôt silencieux. C'est un net avantage sur SS rivaux. Cependant, fort logiquement, la restitution du son change avec et sans grip. La voix d'une personne est plus nasillarde et moins forte lorsque la GoPro Hero5 Black est insérée dans le Karma Grip. Il faut parler éventuellement plus fort. |
Enfin, sachez qu'un étui autant solide qu'imposant est fourni. Il est doté d'un intérieur moulé, et permet de transporter le Grip en toute sécurité. Il rappelle tout à fait la housse de l’Osmo+. L’étui résiste aux intempéries mais comme aucune indice d'imperméabilité n’est précisé, je doute qu’il supporte une pluie de type tropical. Disons des grosses averses.
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