Transférer ses mini-DV, HDV, Hi-8 ou 8mm sur fichier
Comment transférer vos anciennes K7 ?
08 juillet 2019 par Thierry Phiilippon
En 2019, année où j'écris cet article, un phénomène commence à se faire sentir. Il s'agit du transfert d'un format disparu il y a 10 ans (en 2009). Ce format de prise de vues, c'est le DV (sous sa forme la plus connue, le mini-DV) qui a commencé à voir le jour... en 1994. |
Son évolution, nommée HDV, est apparue 10 ans plus tard, en 2004, avec le Sony HDR-FX1. Même si quelques reporters et utilisateurs amateurs tournent encore en DV / HDV, ce format est aujourd'hui remplacé par des supports plus modernes à accès très rapide comme la carte mémoire ou la mémoire Flash. Cependant, le DV fut une vraie révolution à cette époque pas si lointaine des années 90 puis 2000. L'aspect "révolutionnaire" du DV, pourtant en 728x576 pixels seulement (ou 1440x1080 pour le HDV), se traduisait par le fait que l'utilisateur lambda avait accès à un support numérique. Difficile de se rendre compte aujourd'hui de l'attente qui existait autour de ce concept ! Le principal argument en faveur du numérique, c'était (et c'est toujours) son caractère reproductible sans perte, ce qui n'était pas le cas en analogique où la moindre copie, moins bonne, se distinguait à l'oeil nu de l'original ! Ajoutons la petite taille de la cassette DV, prenant moins d'encombrement que la "grosse" cassette 8 mm / Hi-8 et c'est sans parler de la VHS. Malgré tout, l'inconvénient du DV / HDV était (et est toujours) que du numérique sur cassette impose l'implacable linéarité de la bande et les risques d'endommagement du support magnétique. Enfin, on n'était jamais à l'abri d'un effacement accidentel d'une partie de la cassette (chose vécue !), par "écrasement" quand on se contentait de revisionner une scène. Impensable aujourd'hui, non ? Avant le DV, les plus de 35-40 ans ont peut-être aussi connu le format 8mm analogique apparu dès les années 1985-87, puis son évolution Hi-8 qui pose les mêmes problèmes que le DV, en pire ! |
Alors aujourd'hui, quel est le problème ? Des parents se retrouvent avec des K7 des petits (devenus grands) qu'ils aimeraient bien pouvoir consulter sur un support plus actuel que des K7. Et ça c'est dans le meilleur des cas. En effet, dans une graduation de cas allant du mauvais au pire, le camescope de l'époque peut donner des signes de fatigue prononcés, une pièce s'est cassée, l'image est brouillée (mosaïques), l'alimentation est défectueuse, des connecteurs commencent à s'oxyder, ou pire encore, le camescope ne fonctionne plus du tout, voire il n'existe plus suite à un divorce par exemple (!). Ce type de machine ne se répare plus. Même un bricoleur très avisé se heurte au bout d'un moment à l'absence de pièce détachée de rechange. Résultat : non seulement on ne peut plus transférer, mais on ne peut même plus regarder les images tournées il y a 15, 20 ou 30 ans. Dramatique. Même si tout va peut-être encore bien pour le moment, la conservation des rushes sur un support ancien et unique pose question. En effet en l'absence de copie de secours, on prend le risque d'endommager ou de perdre des images qui n'ont pas de sauvegarde. Les transférer sur un autre support, joue donc ce rôle de sauvegarde. Un dernier phénomène se produit aujourd'hui. En 2019, se réunir dans le salon pour visionner les films "à papa", n'est plus un rituel consacré. De nos jours, les fichiers se copient sur plusieurs terminaux : le smartphone, la clé USB, le disque externe, la tablette... On partage les fichiers entre différents terminaux, et on les envoie à l'autre bout de la France ou du Monde si besoin. Avec des cassettes, c'est beaucoup plus difficile ! Il faut donc un fichier master à partir duquel on peut générer facilement des copies en quelques secondes. Pour toutes ces raisons, il y a une prise de conscience et un besoin grandissants, parfois subitement (à l'occasion d'un événement heureux ou triste) de transférer des formats qui ne sont pas si anciens mais qui ne correspondent plus aux "standards" d'aujourd'hui. |
Les solutions de transfert mini-DV, HDV, 8mm / Hi-8
Selon le format de départ, les solutions de transfert sont au nombre de 3 :
1) Pour le DV / HDV, l'erreur est de croire qu'on peut transférer via la prise USB qui équipe ces caméras et fait partie de notre univers actuel. Mais cette USB qui est implantée sur les camescopes mini-DV / HDV n'est pas (du tout) prévu à cet effet, vous n'y arriverez d'ailleurs pas. Elle peut au maximum transférer des photos. La raison est que la prise USB est d'un débit insuffisant, et sert au transfert d'un système de fichiers indépendants les uns des autres (cas des caméras et APN actuels), or le flux numérique d'un mini-DV n'est évidemment pas organisé comme tel. |
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Pour la vidéo, le transfert d'une cassette mini-DV ou HDV s'opère donc FORCÉMENT via la sortie dite "FireWire" ou iLink ou encore IEEE1394. Le transfert a lieu vers un ordinateur (PC ou Mac) muni de cette même prise. Il vous suffit alors de transférer vos rushes à l'aide d'un logiciel de montage qui va identifier et convertir ce signal DV en "capturant" le signal audio / vidéo. Notez que le transfert vers un disque externe FireWire a peu de chance de fonctionner car les outils nécessaires ne se trouvent plus à l'état neuf, il faut donc effectuer le transfert vers un ordinateur. |
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Il existe deux types de prises FireWire, pour simplifier l'une comporte un gros embout (6 broches) et l'autre un petit embout (4 broches). Sur les camescopes, c'est quasiment toujours un petit embout. Sur un ordinateur de bureau, un gros embout. Sur un portable, un petit embout. Il faudra donc que votre câble corresponde à votre configuration. On en trouve facilement sur Internet, chez les spécialistes du câble ou sur Amazon bien sûr. Il existe par ailleurs des câbles FireWire 400 et 800. Cela joue sur la bande passante (400 Mbit/s ou 800 Mbit/s). Les 400 Mbit/s sont les plus courants et seront généralement les mieux adaptés. Ca, c'est dans le cas où le connecteur FireWire équipe l'ordinateur utilisé. Sur PC, les cartes mères ont normalement toujours au moins ce type de port. Mais il faut commencer à parler au passé. En effet, le problème s'accroît d'année en année : les ordinateurs les plus récents sont totalement dépourvus de prise FireWire, connectique considérée comme dépassée depuis de nombreuses années au profit des USB, USB-C, Thunderbolt, etc. |
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Alors si vous êtes un tout petit peu "bricoleur", il suffit d'installer une carte interne IEEE1394. L'installation ne coûte pas cher (10 à 20 €) et reste simple à faire : il suffit d'ouvrir le capot et d'insérer la carte FireWire sur l'un des slots PCI libres de la carte mère. Evidemment, ça se complique furieusement si vous possédez un portable récent, généralement dépourvu de cette entrée et qui ne l'accepte pas, faute de place. Seule exception : s'il dispose d’une fente « express card » (PCMCIA), vous pourrez vous procurer un adaptateur Express card / FireWire. Et si rien de tout cela n'est possible, il faut se tourner vers les solutions à suivre. |
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Parmi elles, une autre solution plus radicale mais redoutablement efficace est de vous procurer un PC reconditionné ou d’occasion, équipé (ou non) de cette prise FireWire (vous l'ajoutez si elle n'existe pas). Nous avons dégoté une station de travail HP reconditionnée, modeste mais suffisante (RAM de base à augmenter), équipée Windows 10 et munie d'office de cette précieuse prise FireWire pour 189 euros. Sinon des milliers d'utilisateurs se séparent de leur ancien PC. Plutôt qu'il atterrisse dans une décharge immonde au Ghana, vous pourrez peut-être le récupérer et l'utiliser à cette fin ? Sachez que Windows 7 suffit amplement pour effectuer le transfert.
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Une autre astuce, suggérée par un de nos visiteurs, est d'acheter d'occasion... un ancien enregistreur blu-ray d'occasion. En effet, certains enregistreurs de ce type, comme les Panasonic DMR-BW780 ou DMR-BW880 (2010), disposent d'une entrée DV : Firewire (ici à gauche) qui permettent d'enregistrer sur Blu-ray ou même sur le disque dur de l'appareil qui dispose de 250 Go (ou 500 Go) d'espace de stockage. Proposé seulement d'occasion, ce type d'enregistreur se décroche toutefois difficilement pour moins de 200 euros (pour le DMR-BW780) contre moins de 100 euros pour un camescope mini-DV permettant de relire ses cassettes à copier sur un disque dur externe. Par ailleurs, une fois sur le disque dur de l'enregistreur, l'enregistrement peut être de moindre bonne qualité. |
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2) Pour le 8mm / Hi-8, l'unique solution est d'utiliser la sortie analogique du camescope qui sera reliée à une sorte de "boîtier d'acquisition" qui prend souvent la forme d'une grosse clé USB à relier sans difficulté à l'ordinateur, l'autre extrémité étant composée d'un jeu de 3 entrées femelles (parfois 4 dont 2 au choix pour la vidéo) : 2 RCA stéréo pour l'audio et 1 RCA jaune pour la vidéo composite. La prise noire, familière aux vieux routiers de la vidéo, est une prise s-vidéo (prise ronde 5 broches) qui permet d'atténuer légèrement la perte de qualité. Sur les entrées femelles, on raccorde le camescope via un cordon analogique composé de ces mêmes prises et d'un embout multiconducteur à brancher directement sur le camescope. Ce câble est généralement toujours fourni... quand on ne l'a pas perdu ! A défaut, on est bien embêté, mais parions que vous l'avez toujours. Le fichier est converti directement en MPEG2 par ce petit boîtier qui ne paie pas de mine. |
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Pour le Hi-8 / 8mm, voire mini-DV, parmi les boîtiers d'acquisition existants, on trouve par exemple le boîtier de transfert Dazzle Creator Vidéo ou Magix SOS Cassettes Video qui coûtent une cinquantaine d'euros et s'avèrent très simples à utiliser. Attention, SOS Cassette Video ne semble plus fonctionner avec du 32 bits. Il en existe plein d'autres, y compris à des prix très "cheap" mais au résultat plus ou moins heureux. Il faut que les drivers soient compatibles. Normalement, si la compatibilité est garantie dans la doc du boîtier, vous n'aurez pas de souci. |
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Ces boîtiers sont parfois fournis avec une prise Peritel, l'ancêtre de la HDMI, pour pouvoir raccorder un magnétoscope VHS ou un magnétoscope Hi-8, voire mini-DV (les 3 ont existé). Le principe est rigoureusement identique, seul le câble change. Le curseur de la prise Peritel doit être positionné sur Out. Le VHS n'est toutefois pas conseillé à transférer car le Secam pose d'énormes problèmes aux boîtiers d'acquisition, souvent incompatibles en termes de couleurs. Retour rapide au mini-DV : notez que ce principe d'utiliser la sortie analogique est possible aussi en mini-DV. Il vous permet d'acquérir vos rushes en court-circuitant la problématique de l'absence de la prise FireWire car évidemment, tout PC a une entrée USB aujourd'hui. Mais bon, nous considérons que cela reste un pis-aller car il est bête de retomber en analogique à partir d'une source numérique. La dégradation est réelle. |
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3) La dernière solution est de faire appel à une société spécialisée dans le transfert. L'idée n'est pas si bête attendu que les prix sont raisonnables; et que cela vous garantit la meilleure qualité possible a priori. L'heure tourne généralement autour de 20 à 35 euros. L'affaire est donc tout à fait rentable si vous avez relativement peu de cassettes à transférer ou si vous disposez d'un certain budget. Et si vous en avez beaucoup, regardez si vos K7 sont vraiment pleines, attendu que c'est l'heure réellement transférée qui compte, pas le nombre de cassettes. Par contre, méfiez-vous des bandes enregistrées en LP, la durée est doublée ! Parmi les sociétés proposant ces prestations, toutes facturent uniquement l'heure. On trouve des prestataires comme mesfilmsdefamille.com, transfertvideo83.fr, plurielcom.com, fnac.com, ou encore filmsons.com (regroupés en franchise), pacavideo.fr, etc. Le transfert de cassette mini-DV débute à 8.90€ TTC. A magazinevideo, nous assurons aussi le service de transfert de K7 mini-DV / HDV (exclusivement) sur fichier. Voir ici. |