Test Slider Konova
21 septembre 2012 par Thierry Philippon
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Prix fabricant : 439 à 519 Euros |
Le slider - le rail (de travelling) en français - est un support à mi-chemin entre le trépied et la Dolly, qui s'avère très mobile car il est rapide à installer et transportable. Sa longueur varie de 60 cm à 150 cm selon le modèle. Le poids de l'engin est de l'ordre de 2 à 4,7 kilos. Sa popularité va croissante chez les adeptes des DSLR et a gagné les vidéastes, amateurs comme pros. Pas étonnant, le travelling qu'un tel rail autorise, cultive à fond le fantasme de réalisateur cinéma qui sommeille en chacun de nous. C'est pourquoi les applications du slider sont nombreuses, en fiction comme en reportage, en vidéo documentaire ou sportive. Les mouvements obtenus peuvent être horizontaux, verticaux ou même en diagonale ! Du coup, la concurrence fait rage entre différents systèmes parmi lesquels on trouve principalement les modèles de l'européen Glidetrack et du sud-coréen Konova, qui n'ont pas de différence fondamentale dans leur principe de fonctionnement. Certains amateurs ont aussi essayé de se confectionner des systèmes bricolés mais l'air de rien, la fluidité parfaite d'un tel rail nécessite des matériaux sophistiqués et des pièces parfaitement usinées. |
J'ai choisi de mettre à l'épreuve du terrain le Konova, quoique un peu plus cher, pour sa simplicité apparente d'installation, et sa palette d'accessoires possibles. Mais aussi, pour être franc, parce que les modalités d'un prêt n'étaient guère réunies pour le Glidetrack (pas de relais en France pour un prêt) alors qu'elles l'étaient pour le Konova (au prix d'un peu de patience). J'ai choisi la gamme K5 (*) qui est proposée chez Prophot en versions 80 cm (439 euros TTC) ou 120 cm (519 euros TTC). Le minimum est de 60 cm (Glidetrack descend même à 50 cm). J'ai préféré tester la version disponible en prêt offrant la course la plus longue (120 cm). C'est une longueur agréable mais contraignante (en termes de poids et de transportabilité), si besoin la version 80 cm, voire 60 cm, fera aussi bien l'affaire, d'autant que la course sur le rail n'est pas toujours utilisée dans sa totalité, selon les situations. (*) Konova dispose en soi de plusieurs gammes (K3 et K5 notamment). Le K5 se distingue du K3 par de plus gros roulements à bille et un support chromé. |
Le rail Konova (et sa plateforme) est fourni avec une housse de transport accompagnée d'une bandoulière, deux pieds de fixation, une pince et des clés, et deux patins. Des accessoires optionnels existent comme le système d'entraînement manivelle K5 (150 euros HT) pour rail 80 cm ou 120 cm, que j'ai également testé. Pour fluidifier davantage le travelling, on trouve aussi des solutions motorisées (210 euros HT) : moteur lent K5 ou moteur rapide K5. Une bonne rotule (j'ai utilisé une Manfrotto 501 HDV) s'avère indispensable pour faire glisser l'appareil sur le rail. Le fabricant recommande l'une de ces rotules Manfrotto : 0529H, 0570H, 701 / 501 / 503. |
La liste des DSLR ou caméras compatibles n'est pas limitative même si le fabricant évoque des caméras comme les EX1R, C300, REDONE, ARRI ou des DSLR comme les Canon 7D, Canon 5D, Canon 60D, Canon 500D-600D, Nikon D800, D7000, Sony A77... Pour notre part, nous avons utilisé un camescope grand-public de 800 grammes environ. La seule limite est celle du poids, une caméra trop lourde ne conviendrait pas. Et une caméra trop légère peut aussi être difficile à manoeuvrer. Ce test a été réalisé grâce à un prêt de matériel consenti par Prophot, magasin spécialisé dans le matériel pro, situé au 103 Boulevard Beaumarchais, à Paris dans le 3e. Prophot distribue pour la France les rails Konova depuis juin 2012. Site Internet de Prophot |
Le test
Mes quatre premiers constats immédiats du test : a) le slider Konova est facile à installer; b) c'est un "jouet" aussi amusant qu'efficace; c) pour que le résultat soit probant, c'est-à-dire sans micro-saccades, il faut réunir plusieurs conditions et s'entraîner, selon l'effet recherché. L'impression de simplicité est donc trompeuse. d) enfin, il faut post-sonoriser car le bruit du rail s'entend distinctement, du moins en atmosphère silencieuse. Mais la post-sonorisation est à la portée de tout monteur un peu habitué. |
Concernant l'installation, "monter" un slider Konova s'avère plus aisé qu'avec un célèbre meuble suédois... D'ailleurs, je ne me suis jamais référé à une quelconque notice, même pour le système à manivelle optionnel qui s'installe intuitivement, preuve que la conception du Konova est bien réfléchie. On hésite juste sur les pieds de fixation qui peuvent se greffer à deux emplacements différents, soit en bout de rail, soit dans les pas de vis situés à environ 10 cm des deux extrémités. En fait ce dernier emplacement sert aussi à fixer un trépied sur lequel on posera le rail si besoin. Les pieds de fixation sont orientables à loisir pour s'adapter à tous les terrains, c'est bien vu.
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La caméra coulisse sur le rail avec la friction que vous lui imposez : du blocage complet à l'absence totale de résistance. C'est une vis de serrage (en rouge) qui se charge de cela. Elle se serre / desserre en un éclair.
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Pour optimiser la fluidité, on peut être amené à ajuster les 4 vis de la plateforme qui reçoit la rotule (Konova fournit l'outillage), même si pour ma part, un réglage ne s'est pas imposé (d'ailleurs ce n'est pas forcément conseillé, vous pouvez dérégler plus que régler). La fluidité dépend aussi du feutrage du rail qui pour cela, dispose de deux petits patins qu'il est conseillé d'utiliser avant tout travelling, ne serait-ce que pour éliminer les poussières. Toutefois, ne surestimez pas leur efficacité, la bonne fluidité étant surtout obtenue par une combinaison de facteurs. |
On dispose aussi d'un orifice central qui m'a d'ailleurs servi à centrer le rail sur trépied. Mais pour être franc, avec un rail aussi long, deux trépieds s'imposent normalement pour former un "pont" et garantir la stabilité requise ou en positionnant les trépieds à des hauteurs différentes, pour contribuer à un travelling en diagonale de type "téléphérique". Les pas de vis sont à chaque fois doublés en 1/4'' et en 3/8'' de manière à fixer toutes sortes de trépieds ou toutes sortes d'accessoires. |
Contrairement aux apparences, le travelling parfaitement fluide s'obtient au prix de plusieurs conditions qui ne sont pas évidentes à réunir. Souvent, il faut tolérer des micro-saccades. La fluidité relève à la fois de la capacité de l'opérateur à être régulier dans son mouvement et de la bonne stabilité / fluidité du rail. Difficile de donner une technique imparable. J'ai essayé plusieurs solutions : en tenant le bras directionnel, en faisant glisser le corps du camescope, soit de façon ferme (avec une friction assez forte), soit de façon très légère (avec une très faible friction). On peut aussi tenter de modifier l'horizontalité de telle façon que l'appareil de prise de vues glisse seul sur le rail avec une légère impulsion au départ. Les deux dernières méthodes ont produit de bons résultats à condition de renouveler les essais plusieurs fois. Mais je pense que la "bonne méthode" reste très personnelle à l'opérateur. En soi le Konova n'est pas si évident à manier.
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Une astuce très utilisée est de ralentir le mouvement au montage , ce qui a pour effet de gommer presque totalement les imperfections. Mais c'est un choix esthétique qui ne se prête pas à toutes les situations. Un autre moyen éventuel est d'utiliser une aide au travelling. Konova propose ainsi une manivelle, très facile à installer au moyen de trois points de fixation et d'une courroie. Le fait de tourner la manivelle entraîne la courroie, ce qui déplace latéralement l'appareil de prise de vues. La manivelle est censée améliorer la régularité du mouvement. Je dois dire que je suis resté sceptique sur le gain réel en fluidité car si vous n'actionnez pas la manivelle régulièrement, le problème reste le même. Il existe aussi une solution motorisée que je n'ai pas testée. |