Test Logiciel Roxio Toast 20 Pro

Développé à l'origine par Sonic Solutions, puis racheté par Rovi puis enfin par Corel (Studio Pinnacle), le logiciel de gravure au célèbre nom de pain grillé poursuit sa commercialisation malgré une baisse continue de la demande en matière de gravure de DVD / Blu-Ray. Il faut dire que les formes de concurrences sont nombreuses. De fait, la diffusion sur site de partage, sur clé USB, le streaming, ou encore le transfert de fichiers via des services comme Google Drive, ont très fortement diminué l'intérêt pour la galette et la gravure.

Sur Mac, il est à remarquer que le support physique du DVD a été "snobé" très tôt par Apple qui avait cessé de développer des lecteurs de disques internes dès le début des années 2010. Il a maintenu bon an mal an iDVD, application en 32 bits, sans jamais la faire évoluer en 64 bits, et il est loin le temps du superbe DVD Studio Pro, le logiciel probablement le plus abouti à ce jour de création de DVD.

Il est donc logique qu'en 2023, les logiciels de gravure soient rares sur Mac. Mais cela reste un marché de niche qui a encore ses adeptes. Toast de Roxio est quasiment seul sur ce marché si l'on excepte DVDFab qui ne dispose pas d'un choix de menus aussi bien fourni. Toast n'est pas un logiciel professionnel mais c'est une vraie suite d'outils de gravure, et ses possibilités sont suffisamment nombreuses pour réaliser un produit fini utile ou même poussé. Le logiciel reste dans la logique d'un "couteau suisse" un peu comme "Nero" sous Windows.

Toast s'impose comme une interface plaisante à utiliser, capable de graver et de convertir à peu près tout ce qu'on lui présente. C'est aussi une solution qui reste simple d'utilisation.

Côté compatibilités, on peut graver un CD, DVD, DVD-R ou DVD+R, DVD DL (- ou +) ainsi que toutes les versions réinscriptibles (W) et côté Blu-ray, Toast accepte le BD (25 Go), le BD-DL (50 Go) et, en théorie, le BD-XL 100 Go ou 128 Go (pour les films en 3D). Je dis "en théorie" car c'est votre graveur qui peut s'avérer limité s'il refuse ce type de disque de grande contenance. Par ailleurs, certains graveurs n'acceptent pas les disques réinscriptibles.

Pour confectionner un DVD, on est en MPEG-2 mais pour un Blu-ray, Toast 20 Pro encode en mpeg-4 (c'est conseillé) ou en mpeg-2 HD. Inutile de dire que le MPEG-4 en Blu-ray est infiniment meilleur que le MPEG-2 en DVD.

Toast 20 vous coûtera 79,99 euros pour la version de base (Toast Titanium) ou 111,99 euros la version 20 Pro. Notez que le plug-in Blu-ray, compatible Toast 11, 12, 14, 15, 16, 17, 18, 19 et 20, peut aussi s'acheter séparément pour 19,99€. Toast 11 est compatible Mac (exclusivement) et nécessite un Mac avec une puce Apple M1 ou un processeur Intel. Les versions requises de macOS sont larges : macOS 12.0 (Monterey), macOS 11.0 (Big Sur), macOS 10.15 (Catalina) et même macOS 10.14 64 bits (Mojave). Les formats vidéo pris en charge sont les suivants : AVCHD, AVCHD Lite, DV, MJPEG, MOV, MPEG-1/2/4, VOB, dossier VIDEO_TS.

Toast 20 Pro, à la différence de la version de base Titanium, comprend Painter Essentials 8 (logiciel de peinture pour débutant), Winzip 9 pour Mac, AfterShot 3 (gestion et retouche de photos RAW), et des modèles supplémentaires pour les menus de disques. Ajoutez Roxio Secure Burn, présent dans les deux versions, qui vous assure une Protection et chiffrement de niveau bancaire des fichiers. En soi, tous ces "extras" ne sont pas nécessaires pour la gravure de disques.

Version Titanium et Pro de Toast 20 sont uniquement téléchargeables.

Pour notre test, nous avons utilisé le graveur LG BE12LU30, un graveur Blu-ray ancien acheté en 2011 mais qui reste performant et en bon état. Il grave des DVD ou des Blu-ray (BD-R ou BD-R DL) avec une écriture x12 pour des DVD mais se limite à 2x en écriture sur BD-RE ou BD-RE DL. Pour l'anecdote, il n'est pas annoncé comme compatible Mac, pourtant il l'est à 100% ! Il est équipé d'un ancien port USB 2.0, mais il possède aussi un port eSATA qu'il est recommandé d'exploiter si l'on souhaite des performances supérieures en termes de rapidité.

Testé sur version Toast 20 Pro sous Monterey.

Contrairement à ce qu'on pourrait craindre d'un système de gravure semi-automatisé, graver un DVD / Blu-ray est à la fois simple et offre quand même quelques facultés de personnalisation (pas toutes).

Le principe : on importe ses fichiers à graver depuis le Navigateur de médias (ou le Bureau, très pratique !), fichiers qu'on ajoute à la grande fenêtre de contenu de Toast. Parallèlement (avant ou après selon version), on crée un Thème ou un Style de menu. Puis on fait une Preview, et (au plus pressé) on enclenche le gros bouton rouge Graver. On introduit le disque (ou on fait un essai avec Image disque). Et on va boire un café ou un thé !

Les éléments sources des fichiers peuvent être multiples : fichiers déjà stockés, fichiers caméras, vidéos du Web...

Simple donc ? Oui et non. En fait il existe deux options (correspondant à 2 "versions"), la "Classique" et la "Mise à jour" qui permettent de concevoir le Menu d'un DVD ou d'un Blu-ray pour ce qui concerne la gravure d'un disque vidéo avec Menu, ce qui "complique" un peu les possibilités.

Version Classique (Ancienne version)

Version Mise à jour (Nouvelle version)

Toast 20 intègre en effet 2 versions : la version Classique ("ancienne version") et la version "Mise à jour" ("nouvelle version"). Cette différenciation n'existe pas si vous gravez un Dossier BDMV, une archive AVCHD ou un dossier VIDEO_TS.

Dans la version Classique, quoique basique, on dispose tout de même de 25 Styles qu'on peut personnaliser. Les menus sont fabriqués de façon Automatique ou Personnalisé. En Automatique, vous pouvez régler seulement la qualité vidéo (entre Bonne et Haute en passant par Meilleure). A partir de là, Toast fabrique et encode en fonction du nombre de séquences glissées dans la fenêtre de contenu, et du style du Menu choisi.

Dans le mode Personnalisé de la version Classique, on peut modifier la couleur du texte / d'arrière-plan, la couleur d'activation, les proportions, et l'ajout d'un fond de couleur. On peut même importer des chapitres définis dans iMovie. On peut aussi choisir le nombre de boutons ou laisser faire l’automatisme.

En mode Personnalisé surtout, les réglages sont plus nombreux : débit binaire moyen, maximum, évaluation du mouvement, recodage, priorité de trame, Half-PEL, format audio.... Existe-t-il un risque de choisir un débit moyen trop faible ? Pour le savoir, une excellente astuce arithmétique à connaître : vous pouvez fixer le débit minimum en multipliant le débit moyen par 2 et en déduisant le débit maximum. Ainsi, le débit moyen que j'ai choisi est de 16,5 Mbps et le débit maxi de 22 Mbps : j'obtiens donc 16,5x2=33-22 = débit minimum de 11 Mbps.

Bien sûr, plus vous augmentez le débit moyen, plus le fichier pèse, et moins vous disposez d'espace de stockage. Le temps d'encodage s'allonge aussi en conséquence. Mais globalement, l'encodage sous Toast m'a semblé assez rapide comparativement aux autres solutions d'encodage.

Le réglage "évaluation du mouvement" (le mot est tronqué sur l'interface) et le Half-PEL" sont également intéressants. Il ne faut pas hésiter à placer ce curseur sur "Haute". Au-dessous, j'ai observé observé des artefacts un peu sévères. Mais il n'y a pas de règle absolue et des scènes peuvent rester difficiles à encoder : ainsi des feuillages bougeant légèrement ont été mal encodés même en manuel, et même en augmentant le débit moyen fortement. On sera tenté d'utiliser la fonction "Half-PEL" qui permet de détecter les pixels qu changent d'un demi-pixel d'une image à l'autre. Inconvénient : le temps d'encodage s'accroît. Et l'encodeur de Toast n'a pas les capacités de prédiction statistique du mouvement que possède Compressor, le logiciel de compression bien connu d'Apple.

Dans la version Classique, Toast est aussi capable d'éditer une vidéo et même de recadrer. Pour éditer, deux poignées triangulaires servent de repère sur la ligne de temps. La vidéo comprise entre les repères droit et gauche (Cut In / Cut Out), est ainsi sélectionnée sur le disque gravé.

On a mis un peu de temps à comprendre comment le Menu se construisait et la façon de le modifier, car l'Aide en ligne n'est pas très bavarde à ce sujet. Mais une fois pigé, c'est assez rapide et même plus souple que prévu. On peut ainsi multiplier les items du Menu, par exemple si votre DVD / Blu-Ray doit comporter plusieurs sujets. Et pour chacun d'eux, on peut créer autant de chapitres que l'on veut (ou aucun si besoin, dans ce cas le film démarre directement en cliquant sur le sujet). Imaginons un sujet sportif, à base de matches de foot amateur que vous avez filmés. Vous pouvez par exemple intégrer 3 matches de foot intitulés Match 1, Match 2, Match 3 puis pour chacun d'eux, vous pouvez créer des chapitres correspondant par exemple à des moments-clés du match.

Il est aussi possible de créer des sous-menus au Menu principal.

Certes, tout n'est pas personnalisable : par exemple la grosseur et la couleur des titres reste fixe et paradoxalement, aucun réglage de compression de gravure , mais l'essentiel est là : déplacer un titre n'est pas un problème, ajouter une musique est facile ou on peut se contenter des thèmes musicaux intégrés, qui sont déjà très bons. On peut aussi ajouter sa propre image de fond. Attention, importez une photo de grande taille pour éviter une pixellisation si vous restituez une image Blu-ray.

Notez aussi que les paramètres de sortie diffèrent légèrement selon qu'on utilise la version Classique ou Mise à jour. Ainsi l'option Format donne le choix entre DVD / DVD Haute définition / Disque Blu-ray dans la version Classique et DVD / AVCHD / BDMV dans la version Mise à jour. Cela revient au même cela dit ! De même les paramètres Titre / Destination ne changent pas. La version Classique utilise certains raccourcis (Qualité / Nb de Copies...) absent de la version Mise à jour qui, par contre, ouvre la voix à l'option "Supprimer le Menu".

Parmi les autres remarques :

Avec Toast, je vous encourage vivement, avant toute création de disque, à créer une image disque, un moyen ultra pratique de simuler la gravure autant de fois que vous voulez, avant de graver. Notez que la gravure, même avec une image disque, peut prendre "un certain temps". C'est dans les Paramètres de sortie que l'on trouve cette fonction. La relecture du fichier "image disque peut s'effectuer (avec plus ou moins de bonheur) par le lecteur multimédia VLC.

Roxio a aussi conçu son logiciel afin qu'il convienne même si vous ne possédez pas de graveur BD ou de media BD. En effet, le plug-in permet de graver du contenu Blu-ray sur un DVD standard (le plug-in High Def / BD est également requis). C'est ce qu'on nomme parfois "faux Blu-ray". On peut enregistrer environ 30 minutes de vidéo avec ce procédé qui évite d'avoir à acquérir un graveur Blu-ray et des disques Blu-ray. Mais la compatibilité est moins assurée avec l'ensemble du parc de lecteurs Blu-ray.

La gravure directe d'un dossier BDMV, sans menu (structure de l'AVCHD et du Blu-ray) est aussi possible, il suffit juste de déposer son dossier dans la fenêtre de contenus. Graver un dossier BDMV vous permet de créer un disque Blu-ray ou de faire une sauvegarde d'un dossier. Un seul dossier BDMV peut être gravé à la fois.

On peut aussi convertir tout fichier avec un large choix de paramètres de sortie.

Notez qu'on retrouve l'information cruciale d'espace restant qui s'ajuste en bas de la fenêtre au fur et à mesure de l'ajout de fichiers dans la fenêtre de contenus.

Toast va même vous indiquer que vous avez des fichiers en NTSC et vous demandera si vous souhaitez les convertir en Pal.

Pour finir, sachez que l'Aide en ligne (en français) est plutôt bien conçue. Il existe quelques aides contextuelles, plutôt bienvenues.