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Ralentis et accélérés

 

12 septembre 2010 par Thierry Philippon

 

ralenti vidéo

Les beaux ralentis sont sans doute inscrits quelque part dans la pensée fantasmatique de tout réalisateur amateur. Cette attitude est bien justifiée car le Ralenti fait rêver et les outils techniques pour l'obtenir facilement n'ont cessé de s'améliorer ces dernières années. De même, le contrepoint du ralenti, l'accéléré, fait désormais partie de la panoplie presque usuelle du vidéaste. Voici un tour d'horizon des applications possibles des ralentis et accélérés, accompagnés de quelques considérations techniques.


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> LIRE LA SUITE : Les différents usages du Ralenti

Les différents usages du Ralenti

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Le ralenti permet tout d'abord de saisir les détails d'une action très rapide et soudaine. Les actions rapides et soudaines caractérisent par exemple les animaux dont le comportement est souvent imprévisible. Lorsque la scène ne dure que quelques secondes alors que l’animal surgit ou s'enfuie, le cadreur est alors pris au dépourvu. Il ne lui reste au final que quelques poignées de secondes d'images. Le ralenti permet alors d'allonger artificiellement la durée de la séquence pour que le spectacle se prolonge et que tous les détails ressortent.


Le Ralenti est aussi beaucoup utilisé pour embellir, ou magnifier une action. D’ailleurs les amateurs, comme les professionnels (dans les clips) «passent au ralenti» à peu près tout et n’importe quoi avec un bonheur très inégal... Le scènes sportives conservent une légitimité à être montrées au Ralenti car outre la magnificence d'une scène de sport, la décomposition d’un mouvement sportif est souvent riche en enseignement pour le sportif lui-même (on pense au golf notamment) ou son entraîneur !


Enfin, un usage détourné et inattendu du Ralenti est de stabiliser un plan qui a été tourné à main levée et pour lequel la fixité absolue s'impose. C’est le cas des scènes de paysage. La nécessité d'obtenir un plan parfaitement stable se justifie par la fixité même du sujet et la composante "contemplative" qu'il dégage, qui supporte mal le moindre bougé de caméra. D’où l’intérêt du ralenti dans ce contexte.



(Ralentis et accélérés)

Comment ralentir (ou accélérer) une séquence ?

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Pour ralentir ou accélérer une séquence, il faut recourir à un logiciel de montage. Tous les logiciels ou presque aujourd'hui, même ceux à moins de 150 euros, sous Windows comme sur Mac, disposent d'une fonction permettant de jouer sur la vitesse de la séquence.


Un ralentissement de 30 à 50% de la vitesse de base est généralement suffisant pour donner une impression de décomposition fluide du mouvement. Pour l’accéléré, c’est le procédé inverse, il faut augmenter la vitesse nominale. Nos exemples vont de x300 à x500.


Dans les deux cas, le son est à modifier/remplacer (par une musique ou autre) au montage car il produira des tonalités graves avec le Ralenti et des aigus avec l’Accéléré. Si votre logiciel le permet, tentez de séparer l’image du son et placez le son des rushes sur une séquence en Accéléré, vous obtiendrez ainsi suffisamment de marge. Vous pouvez tenter la même chose avec le ralenti mais vous manquerez de «matière sonore». Remplacez dans ce cas ce son.



(Ralentis et accélérés)

Vitesse d'obturation et Ralenti

ralenti vidéo   ralenti vidéo

En vidéo (comme en photo), les vitesses d’obturation rapides ont une influence sur le Ralenti, et ne produisent pas du tout le même effet à l’image. Mais le phénomène n’est pas très connu en vidéo pour une utilisation au Ralenti.


Ainsi, ici à gauche, on peut visualiser le résultat d’un arrêt sur image effectué sur une séquence enregistrée au 1/50 et à laquelle on a appliqué un effet de Ralenti. L’eau apparaît trouble et presque floue en raison du mouvement de l’eau.


A l’inverse, à droite, l’obturation a été élevée au 1/2000 de seconde. L’arrêt sur image permet ainsi de tout figer, même les gouttelettes d’eau qui paraissent extrêmement nettes. Même sans arrêt sur image, la séquence se caractérise par une grande netteté.


Le rendu des fontaines et de l’eau peuvent vous sembler plus réussis à gauche ou à droite selon les cas !


L’accès au réglage de l’obturation de vitesses n’est pas aussi simple sur un camescope que sur un APN. Les camescopes milieu et haut de gamme disposent généralement d’un réglage manuel permettant de choisir la vitesse d’obturation. Pour les autres, cette fonction existe au moyen d’un mode Automatique (mode «Scène») qui laisse nettement moins de latitude de réglage.



(Ralentis et accélérés)

Le Ralenti dès le tournage

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Le Ralenti peut aussi être obtenu dès le tournage, sans montage. En grand-public, cette option nommé "enregistrement lent" (ou Smooth Slow Recording) est propre aux camescopes Sony, Sanyo ou JVC.


Chez Sony, elle offre aux spectateurs souvent ébahis des petites séquences de 12 ou 24 secondes (selon les modèles) au Ralenti mais en réalité, seules 3 ou 6 secondes ont été capturées. Dans ce mode, les images vont se loger dans une mémoire-tampon et sont restituées au ralenti. La mémoire tampon a une autre fonction, elle permet de choisir entre la capture des 3 ou 6 secondes suivant le Start, ou précédant le Start. Le son est présent dans ce cas.


Difficulté : l'enregistrement lent est de moindre qualité (même avec un camescope HD) car la définition verticale de l'image s'en trouve diminuée. Cependant, l’image respecte la résolution d’origine en SD (720x576) ou HD (1920x1080). De plus, cette qualité d'image peut largement suffire pour diffusion sur un produit nomade comme l'iPhone/iPod. D'autre part, on peut améliorer l'enregistrement avec des images extérieures bien éclairées, ce qui permet d'exploiter une vitesse d'obturation plus élevée (genre 1/2000s), et d’optimiser ainsi le résultat.


L’enregistrement lent existe depuis le modèle Sony HDR-HC1, apparu en 2005. Attention à ne pas confondre cette notion avec le mode LP (Long Play) qui n’a rien à voir.


On trouve aussi une variante de ce dispositif chez Sanyo avec deux modes Ralenti en 448x336 pixels ou en 192x108 pixels. Ces modes enregistrent le signal vidéo en 300 ou 240 fps pour un Ralenti modéré et jusqu’à 600 fps, pour un ralenti extrême. Les ralentis multiplient ainsi la durée finale par 4 ou 10. Il en résulte un ralenti de 40 ou 100 secondes. La limite d'enregistrement par scène est de 10 secondes (avant ralenti). Quelques inconvénients : la séquence est forcément dénuée de son et les automatismes ne semblent pas réagir très bien dans ce mode. De plus, le zoom n'est jamais disponible au Ralenti.


Raisonnement proche chez JVC qui intègre depuis peu un mode Ralenti avec des vitesses en 500i/s, 250i/s et 100i/s. Ainsi, une séquence de 2,8 secondes peut atteindre un temps de lecture de 28 secondes, soit 10 fois plus.



Vidéo-test du Sony PMW-EX3 au ralenti en mode HQ 1280x720 (en 25p) à 35 Mb/s en utilisant le mode "Slow & Quick Motion" positionné sur Slow. Images : © T.Philippon/magazinevideo.com


En professionnel low cost (*), les camescopes XDCam EX (Sony PMW-EX1R/ EX3 ou NX5) proposent également des possibilités directes de ralenti variables (Slow & Quick Motion). Avantage de ce ralenti sur les systèmes grands-publics, les images sont enregistrées au format natif sans interpolation, et sans faire appel à un processus de montage ultérieur. La qualité d’enregistrement est donc excellente. Par ailleurs, le Ralenti est réglable très finement. L’accès au Ralenti s’effectue via un simple bouton rotatif (Frame).


Le ralenti est possible en 1280x720 pixels de 1 à 60 /images/seconde et en 1080i (1920x1080) de 1 à 30 /images/seconde.


(*) = bon marché, autrement dit pour du pro, entre 3000 et 6000 euros.



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Quels usages pour l'Accéléré ?

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L'Accéléré s'illustre surtout pour générer un effet burlesque. Quoi de plus amusant qu'un jardinier du dimanche labourant l'ensemble de son jardin en quelques secondes seulement ! Ou un orienteur d'une course à pied en train de préparer des kilomètres de ruban et des dizaines de flèches pour la préparation de la compétition ! Mais le comique n'est pas seul à justifier un Accéléré.
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Dans un esprit plus créatif, on peut aussi utiliser l’Accéléré pour augmenter la vitesse d'un sujet naturellement lent, voire très lent, afin de rendre compte artificiellement de la progression d’un phénomène : nuages, éclosion d’une fleur, passants dans une ville… C’est la technique dite du «Time-lapse», très en vogue actuellement (voir sites de partage tels que Vimeo). En filmant à une vitesse nettement plus importante (x400 par exemple), on donne à ces scènes une dynamique impossible à obtenir à vitesse normale et on insuffle un sentiment mélange de réalité et d’irréalité.


On rencontre aussi l'Accéléré quand on souhaite condenser une action qui se prolonge. Ainsi, un accéléré réalisé dans l'aéroport de Bangkok m’a permis de témoigner de l'absurdité de ce lieu : en effet, le terminal oblige à traverser près de 1500 mètres de galerie marchande pour rejoindre son avion ! Filmer à vitesse normale, un travelling à travers la galerie aurait été lassant (près de 12 minutes !) mais à 500% d'accélération, cela devient édifiant.


On retiendra les Trucs faits à la Maison de Philippe Masson (sorti en DVD chez Studio Canal), dont tous les trucs sont condensés en 2 minutes au moyen du procédé de l’Accéléré, là où il aurait fallu normalement 3 à 4 minutes.



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