Mélanger deux sources pose souvent une difficulté, celle de "matcher" deux caméras qui n'ont pas la même colorimétrie, ou pire, la même technologie. A l'occasion d'un débat de personnalités du monde de la Culture et du Journalisme, je me suis justement retrouvé face au dilemme de devoir mélanger des sources totalement différentes pour des raisons logistiques et budgétaires.
Deux questions principales se sont posées à moi : pouvais-je mélanger les vues de deux caméras vidéo sorties à 10 ans d'intervalle malgré leur écart technologique probable ? Les deux caméras : un camescope Sony SR11 sorti en 2008 au zoom x12 et au capteur 1/3,1" de 6 Mp et un camescope récent Panasonic VXF1 au capteur 1/2,5" de 8,2 Mp commercialisé en 2018. Autre question en corrélation avec la première : pouvais-je éventuellement matcher les images d'un hybride GH4 micro 4/3 avec une des deux caméras vidéo ? Verdict.
Pour répondre aux questions du mélange d'images provenant de sources différentes, nous avons expérimenté 4 fois l'opération à partir de 4 débats. Voici ces 4 cas de figure.
Sony SR11
Panasonic VXF1
1er exemple :
Dans ce premier cas de figure, une salle relativement sombre, dès que la lumière vient à manquer, en automatique, le SR11 souffre : il crame un peu les blancs au point qu’on perd tout détail dans certains vêtements comme la chemise blanche de la femme de droite. Le VXF1 s’en sort incomparablement mieux, à valeur de plan moyenne. Les blancs sont moins saturés, les visages sont moins cadavériques, et la nappe de couleur marron foncé ressort brune sur le VXF1 (sa couleur réelle) alors qu’elle ressort grisonnante sur le SR11. NB : ce débat n'a pas pu être filmé avec un reflex en parallèle (pour des raisons organisationnelles).
Conclusion : le mélange des deux caméras est possible mais demeure délicat dans ce type de contexte.
Sony SR11
Panasonic VXF1
Panasonic GH4
2e exemple :
En baissant franchement l’exposition du SR11 et en refusant tout automatisme, les choses changent beaucoup. A valeur de plan égal, le SR11 se met paradoxalement à délivrer une image à l'homogénéité quasi comparable à celle du VXF1 ! J’ai d’ailleurs révérifié plusieurs fois l’origine des plans pour en être sûr.
Un GH4 même avec des réglages peu optimisés, conserve toutefois une longueur d’avance sur le SR11, mais j'ai préféré coupler l’image du SR11 avec celle du VXF1 pour ne pas subir le problème de synchro du GH4 (arrêt toutes les 30 minutes), alors qu'entre deux caméras vidéo, il n'existe pas de synchronisation, ni de contrainte de temps d'enregistrement. En conclusion, le mélange est préférable entre deux caméras vidéo qu’entre une caméra vidéo et un hybride limité à 30 minutes. Avec un GH4R, un GH5 ou un GH5s, le raisonnement aurait été différent.
Sony SR11
Panasonic VXF1
Panasonic GH4
3e exemple :
En piqué en gros plan, avec une lumière plus puissante, en automatique, le VXF1 s’en tire merveilleusement bien, pendant que le SR11 délivre toujours une image un peu délavée et manquant de piqué. Lorsque l'éclairage est bon, la comparaison souffre de l’écart des deux rendus.
A valeur de plan égal avec le SR11, le GH4 fait mieux que le SR11 et j'aurais pu tenter e mélanger GH4 et VXF1. Mais pour des raisons liées une nouvelle fois au problème de synchro du GH4 (arrêt toutes les 30 minutes), j'ai préféré choisir les deux axes des caméras vidéo.
Sony SR11
Panasonic VXF1
Panasonic GH4
4e exemple :
Cet exemple confirme les constatations précédentes. D'abord pour tenter malgré tout de mélanger un hybride (GH4) à une caméra vidéo (SR11), j’ai choisi deux axes quasiment identiques (SR11 et GH4) et des focales relativement proches. Dans ce cas, la comparaison est sans appel : alors que l’image du SR11 continue de souffrir du manque de lumière en boostant trop le gain, entraînant une décoloration partielle, celle du GH4 est à la fois colorée et piquée. Du coup, le rendu colorimétrique du SR11 se marie mieux avec celui du VXF1, plus proche au niveau des tonalités. J’ai donc une nouvelle fois matché les deux caméras vidéo en délaissant le reflex.
Matcher VXF1 et GH4, bien que de même marque (Panasonic), aurait trop souffert de la différence colorimétrique marquée, à moins de compenser en post-production pour atténuer l'écart. Mais il serait resté une différence de piqué, le VXF1 ne donnant pas le meilleur de lui-même à fond de zoom x24.
En conclusion, il reste risqué mais possible de mélanger deux caméras vidéo d'époque différente, d'autant qu'on ne rencontre aucun problème de synchro, avantage du camescope ! Il faut débrayer les automatismes pour éviter les inconvénients de la plus ancienne des deux caméras.
Cette solution est tout de même préférable à celle de mélanger caméra vidéo et reflex. Le mélange entre une caméra vidéo et un reflex reste plus marqué qu'entre deux caméras vidéo pour supporter le mélange sur un même sujet, sans compter le problème de synchro (sur un GH4).
Notez que le problème de synchro peut se résoudre en post-production en prenant soin de repérer les courbes audio de chaque source. Mais le synchronisme automatique tel que celui de FCPX par exemple, se base sur l'audio. Avec des interruptions, le synchronisme se trouve rompu, obligeant à synchroniser manuellement. Et c'est beaucoup plus fastidieux !
Merci à la Manufacture d'idées et à ses intervenants pour l'autorisation concernant la reproduction des images...
(Mixer deux caméras de qualité différente)
Cet article vous a plu ? Vous souhaitez télécharger le PDF ? Bénéficiez du Premium Des tests objectifs, des articles pointus, des pubs non-intrusives, dépendent de vous !