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Le Montenegro en images

entretien avec Sacha Luisada

 

05 septembre 2016 par Sacha Luisada / entretien Thierry Philippon

 

Il y a cent manières de découvrir un pays, et de concevoir un film touristique... Le parti pris qu'a choisi Sacha Luisada, étudiant en architecture et passionné de photo et de vidéo, est d'avoir conçu un film particulièrement rythmé, en partie "timelapsé", et donnant toujours la part belle à l'esthétisme des paysages et aux curiosités du Montenegro. Son équipement photo-vidéo est original : deux boîtiers photo hauts de gamme (un reflex et un COI), et un stabilisateur manuel. Nous avons voulu en savoir plus...


Photos et vidéo : Sacha Luisada


 

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L'ÉQUIPEMENT

 

Magazinevideo : Quelles caméras (et accessoires) avez-vous emportés pour cette vidéo ?

Sacha Luisada : Pour cette vidéo ainsi que pour la plupart de mes projets et voyages, j’emporte un Nikon D810 et un Samsung NX1. Le D810 me sert pour les timelapses et pour la photo (car je viens au départ de la photographie). Il permet de prendre de merveilleuses photographies et a un capteur full frame. Le NX1 quant à lui, me sert à filmer mes vidéos, il à un très bon piqué en UHD, un peu moindre en 1080p mais peut monter à 120 images par secondes ce qui peut être utile dans certains cas.


J’utilise aussi un Glidecam, un stabilisateur de poing totalement manuel et un trépied Velbon videomate très bas de gamme mais qui fait le travail ! (Il faut d’ailleurs que je pense à acheter un réel trépied un jour)...


 


MV : Votre film est en 4K. Qu’apporte pour vous cette résolution ? Depuis quand filmez-vous dans cette résolution ?

S.L. : J’utilise la 4K depuis maintenant un peu plus d’un an, j’ai commencé avec ma vidéo de Paris dans laquelle j’avais des plans filmés en 1080p et des timelapses. Je trouvais ça dommage de ne pas la rendre disponible en 4K sur Internet afin de profiter un maximum des détails sur les timelapses. D’autre part regarder une vidéo en 4K sur un écran 1080p offrira une meilleure qualité qu’une vidéo 1080p sur un écran 1080p (principalement sur Youtube à cause de la compression très élevée).


Cette résolution me permet aussi de zoomer sur l’image et de redresser l’horizon sans pour autant perdre réellement de détails.


 


MV : Le Samsung NX1 que vous avez utilisé compresse en H.265. L’avez-vous acheté pour cette raison ? (si non, pour quelles raisons).

S.L. : Je l’ai en partie utilisé pour cette raison, ce format est “future proof” dans le sens où je suis sûr que dans quelques années, ce sera la norme. D’autre part le h.265 permet de prendre moins de place sur la carte mémoire tout en gardant une très bonne qualité.


 


MV : Vous utilisez un Glidecam, matériel relativement imposant en voyage. N’est-ce pas une contrainte ? Ne seriez-vous pas tenté par l’Osmo de DJI ou un système de ce genre ?

S.L. : À mon goût, le Glidecam n’est pas une contrainte, bien sûr c’est un accessoire lourd, un peu encombrant (mais pas tellement quand on regarde la concurrence, je pense particulièrement au Ronin de DJI). Je ne suis pas particulièrement attiré par l’Osmo de DJI et par la plupart des stabilisateurs “automatiques / électroniques”; pour les avoir testés, je trouve qu’il y a une liberté avec le Glidecam que l’on ne retrouve pas dans ces systèmes de stabilisation. Sans doute due au fait que le Glidecam est un système manuel.


Par contre, je pense que l’usage du Ronin (de DJI) peut être très pertinent dans la fiction mais pas dans le genre que je réalise.


 


MV : Combien de temps faut-il pour bien pratiquer le Glidecam et quelles en sont les difficultés ?

S.L. : Il m’a fallu un peu plus d’un an pour arriver à bien maîtriser le Glidecam. Bien entendu c’est encore loin d’être parfait, j’apprends toujours mais j’arrive maintenant à avoir une très grande partie de mes rushs stables. Le plus difficile au début a été d’apprendre à parvenir à la calibration qui me convient. Trouver le bon rapport poids / contrepoids. Ensuite il faut apprendre à marcher de manière stable, dans le sens où les jambes et le bas du corps doivent encaisser les chocs à chaque pas sur le sol, afin que cela ne se répercute pas sur le Glidecam.


 


MV : Quelques vues sont réalisées avec un drone, mais très peu finalement. Pourquoi si peu ?


S.L. : Je ne suis pas encore assez familier avec le drone. Je ne pilote pas assez bien et n’en possède pas (encore ?), ce qui ne me permet pas de m’entraîner. J’ai eu l’occasion d’en utiliser et j’aime beaucoup l'engin, mais je ne pense pas qu’il faille en abuser. Je trouve ça utile uniquement dans les cas où cela permet de découvrir des angles et points de vues vraiment originaux et uniques.


 


LA RÉALISATION

 

MV : De combien de rushes disposiez-vous et sur combien de jours les avez-vous filmés ?

S.L. : J’avais 465 plans filmés au NX1 (il faut dire que je suis assez perfectionniste et qu’il m’arrive de filmer plusieurs fois le même plan si la moindre chose me gêne) et environ 5500 photos pour les timelapses, tout cela a été capté sur 5 jours. Ce fut particulièrement intense et fatigant, mais ça en valait la peine !


 


MV : En combien de temps avez-vous monté ce film (à peu près) ?

S.L. : Le montage s'est étalé sur 11 jours avec en moyenne 9-10 heures par jour (heureusement que j’étais en vacances !). J’ai passé 4 jours sur le montage, et le reste du temps sur l’étalonnage et la stabilisation des timelapses et de tous les plans fixes qui étaient tremblants parce qu'ils ont été filmés à la main .


 


MV : Avez-vous repéré à l’avance les (superbes) vues de paysage qui sont présentes dans votre vidéo ? Comment procédez-vous ?

S.L. : Habituellement je fais des recherches dans des guides de voyage, sur des sites internet et j’utilise beaucoup Google Street View. Pour cette vidéo c’était différent, j’ai suivi les conseils et le récit de voyage d’une proche qui avait visité ce pays l’an dernier. Cela m’a donné une base que j’ai complétée avec quelques recherches et en me renseignant localement. Je pense que c'est la meilleure manière de découvrir un pays. Les locaux connaissent des coins intéressants et peu connus du grand public la plupart du temps.


 


MV : Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour le time-lapse de vos plans ? Quelle fréquence d’images utilisez-vous ? Comment effectuez-vous les zooms / dézooms ?

S.L. : Etant donné que je viens de la photo je n’ai pas eu particulièrement de difficultés durant les timelapses. La plupart du temps je prends une photo toutes les 2 secondes. Le plus difficile à mon avis est le coucher de soleil, la luminosité est très changeante, ce qui demande de changer les réglages fréquemment (et cela altère la fluidité de l’exposition, il y a donc beaucoup de travail de correction en post-production).


Les timelapses demandent aussi un travail de tracking sur After Effects afin de les stabiliser, en raison du vent et du trépied bas de gamme que j’utilise.


Enfin, les zooms/dézooms des timelapses sont également réalisés sur After Effects.


 


MV : Quelles difficultés avez-vous rencontrées pour ce tournage (en dehors du time-lapse) ?

S.L. : Le tournage en lui même n’a pas été particulièrement difficile. Par contre, je réalise mes vidéos sans budget et tout seul. De ce fait, j’ai manqué cruellement de temps pour filmer tous les lieux que je voulais filmer. Je n’ai pas pu me rendre dans quelques magnifiques endroits, je n’ai pas pu filmer les endroits que je voulais au moment où je voulais et donc avec la bonne lumière. Cela a aussi rendu une partie de mes timelapses inutilisable dans le sens où je ne pouvais pas rester assez longtemps dans chaque spot.


 


MV : La musique est très calée sur les images. Choisissez-vous la musique avant de monter ? Comment procédez-vous et dans quel ordre ?

S.L. : La musique est la partie qui est la plus difficile pour moi. Avant de commencer à la chercher, je revois tous mes plans, les classe et je me fais une idée de l’ordre qu’ils auront dans le montage final et du rythme que je veux donner à la vidéo.


À partir de ce moment là j’écoute de très nombreuses musiques sur Youtube et Soundcloud jusqu’à trouver celle qui me plait et qui selon moi correspond à l’idée que je m’étais fait de la vidéo.


 


MV : Votre film pourrait être une belle « promotion » pour le Montenegro. En avez-vous été conscient en effectuant le montage ?

S.L. : Beaucoup de gens m’ont dit ça. Ce n’est pas particulièrement mon but même si c’est un pays d'une grande richesse. J’essaye surtout grâce à mes vidéos de faire ressortir la somptuosité de ce monde et des lieux que je filme. Je veux faire voyager et découvrir ou redécouvrir des contrées à l’internaute à travers mon point de vue.


 


MV : La vidéo est-elle votre métier ?

S.L. : La vidéo n’est pas mon métier. Cela ne m’empêche pas de travailler de temps en temps sur des projets professionnels mais ce n’est pas pour l’instant mon activité principale.
C’est une passion que je cultive depuis très longtemps avec la photographie. J’ai commencé à toucher à la vidéo et particulièrement au montage autour de l’âge de 11 ans. Je suis actuellement étudiant en école d’architecture.


 


MV : Des projets ?

S.L. : J’aimerais beaucoup continuer à pouvoir filmer des villes ou des pays du monde et pourquoi pas le faire plus régulièrement mais cela demande un budget que je n’ai pas pour le moment. J’essaye de mettre en ligne une vidéo chaque premier du mois sur ma chaîne Youtube même si c’est très difficile vu le temps de travail que ces vidéos demandent.


Mais je travaille actuellement sur une suite à la vidéo de Paris que j’ai réalisée l’an dernier en exploitant le nouveau matériel que je possède et en utilisant l’expérience que j’ai acquise. Malheureusement c’est une vidéo extrêmement longue à produire donc elle ne devrait pas voir le jour avant plusieurs mois.


 


Propos recueillis par Thierry Philippon.


 

Pour découvrir les photos et autres vidéos de Sacha Luisada, vous pouvez visiter son site personnel ou sa chaîne YouTube.


(Le Montenegro en images)

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