L'art de la prise de vues équestre
Entretien avec Prettyhorse
21 février 2016 par Prettyhorse / entretien Thierry Philippon
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Prettyhorse - Vanessa dans la vie - cultive une passion fusionnelle pour les chevaux qui sont devenus ses sujets photographiques de prédilection. Grâce à la complicité qu'elle noue avec ces êtres majestueux et sensibles, la photographe équestre fixe des moments de grande beauté. Munie d'un Eos 5D Mark III, elle s'est lancée récemment dans l'image animée avec un film touchant intitulé "What can you see ?". L'occasion pour magazinevideo de l'interroger sur son approche matérielle et artistique de la vidéo. Photos et vidéo : © Prettyhorse |
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LA RÉALISATIONMV : Vous venez de l’univers artistique photographique. Quelles sont les facilités et les difficultés quand on passe de la photo à la vidéo ?Prettyhorse : L'influence est évidente, d’autant plus que les bases de lumière et de cadre sont sensiblement les mêmes. Mes photos sont la plupart du temps en mouvements, il faut toujours être au taquet pour capter le moment, surtout avec les chevaux. C’est la même chose lorsque je filme. J'aime les belles images et ce qu’elles transmettent en émotions. Plus que figer un moment, la vidéo est le moyen pour moi de saisir la vie, c’est une sorte de prolongement de soi. Il me reste encore beaucoup de choses à apprendre, que ce soit en matière de montage et de prise de vue. Mais mon but premier, c’est de faire passer des émotions et je dirais même que parfois, je préfère une image pleine de défauts mais qui m'émeut, à une autre dont la perfection me laissera indifférente. Parmi les difficultés, la mise au point sans hésitation. Difficile de suivre un cheval en plein galop, qui change de trajectoire à tout va ! C’est ce qui m’a obligée à recommencer certaines scènes. Cela nécessite une certaine maîtrise (que je n’ai pas encore acquis totalement) : ne pas se tromper de sens dans lequel tourner la bague, ne pas déstabiliser l'appareil, etc. Cela m'a appris à dialoguer, à diriger, à dire exactement ce que je voulais, à être plus précise quand c’est possible, chose difficile pour moi car je n’aime pas m’imposer. Comme je suis très peu équipée (je ne dispose pas d’un moniteur vidéo, follow focus, etc), ça me limite beaucoup dans la précision.
MV : Beaucoup de plans sont mis en scène (avec réussite). Est-ce une influence de votre travail photographique ?Prettyhorse : Probablement! Pourtant, la majeure partie du temps, en photographie, je travaille essentiellement sur la spontanéité du moment. J'ai commencé à appliquer mes idées de reportages à la vidéo avec toujours le sens de l'image, près des gens, près du coeur… comme en photo.
MV : Il existe une grande harmonie entre vos images et la musique. Avez-vous sélectionné votre thème musical avant de tourner les images ?Prettyhorse : Merci! Je suis une fan inconditionnelle de musique. Elle alimente mon travail. C’est souvent à l'accroche de celle-ci que j'imagine un scénario, c'est comme ça que je fonctionne la plupart du temps.
MV : Excepté pour le premier plan du court métrage, vous ne laissez pas de son d’ambiance mixé avec la musique. Ce qui créé un sentiment d’irréalité. C’était délibéré ?Prettyhorse : En effet, c’est voulu. Je ne voulais pas parasiter la musique, elle est tellement prenante.
MV : Comment avez-vous obtenu le plan de fin où le cheval recule ? Du dressage ?Prettyhorse : Le fait que Lex recule ou pose sa tête sur Gilbert (son leader), ce n'est pas que du dressage, c'est surtout que le cheval lui accorde toute sa confiance pour se poser sur lui. Le couché est une position très vulnérable pour le cheval, je peux donc vous assurer qu'il ne se couchera que s'il est à son aise et qu'il a totalement confiance en son leader. Le cheval est un animal de fuite, ne l'oublions pas et il a constamment besoin d’être rassuré.
MV : Dans le pitch du court métrage, vous évoquez la notion de handicap. Et votre titre fait référence à la vision. On finit par comprendre que Lex, le cheval, est aveugle. Un public non connaisseur ne s’en aperçoit pas au premier visionnage. Recherchiez-vous cette ambiguïté ?Prettyhorse : Il fallait que ce moment soit subtil et qu'on ne puisse pas vraiment déceler son problème directement. J'ai préféré ne pas axer sur le fait que le cheval soit totalement aveugle mais plutôt sur la complicité qui les unit. Ce n'est qu'à 3min30 qu'on découvre vraiment son handicap.
MV : Quelle est l’histoire de Lex ?Prettyhorse : Lex appartient à Gilbert. Il a 23 ans. Sa complicité avec Lex est très forte, ils ne forment qu’un. Un couple très uni.
Propos recueillis par Thierry Philippon. |
Pour découvrir les photos et autres vidéos de Prettyhorse, vous pouvez visiter sa page Facebook et son site personnel (www.prettyhorse.be). |
(L'art de la prise de vues équestre)



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