Filtre Kenko Variable NDX
Une autre façon de moduler la lumière
06 février 2012 par Antoine Désir
Faire entrer la bonne quantité de lumière dans l'objectif, c'est essentiel pour obtenir une bonne image, que ce soit en photo ou en vidéo. Il existe plusieurs façons de faire varier cette quantité : en ouvrant ou fermant le diaphragme (l'iris), en limitant la durée d'entrée (vitesse d'obturation) ou en interposant un filtre affaiblissant la lumière. Les deux premières méthodes sont courantes en photo et en vidéo, la dernière est plus pratiquée en vidéo, surtout professionnelle. L'amélioration de ce système de filtre a donné ce "nouvel" accessoire fabriqué par Kenko : le filtre neutre variable. |
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Ouverture, vitesse ou filtre ? Chacune des trois méthodes de variation de la lumière a ses avantages et ses inconvénients et impacte plus ou moins l'image. En faisant varier l'ouverture, la profondeur de champ (voir article sur ce sujet) varie fortement. Mais l'ouverture a aussi une influence sur le rendu des objectifs qui présentent souvent des défauts à pleine ouverture mais aussi lorsqu'ils sont trop fermés : manque de piqué, distorsion, aberration, vignettage. Il est donc intéressant de régler l'ouverture de l'objectif en fonction de la profondeur de champ voulue et de la qualité souhaitée. L'ajout d'un filtre permet de garder une grande ouverture pour détacher un objet du reste de l'image même avec une forte luminosité. En faisant varier la vitesse, c'est le mouvement qui est plus ou moins bien saisi. Une prise de vue avec une haute vitesse d'obturation fige tout mouvement, alors qu'un flou ciblé est souvent plus parlant pour rendre la dynamique d'une situation. Mais la variation de la vitesse a peu d'influence sur la qualité d'image. En vidéo, une vitesse d'obturation élevée altère le rendu et il est souvent préférable de suivre la fréquence d'image (obturation au 1/50e pour 25 images par seconde). L'ajout d'un filtre permet des temps de pose importants, par exemple pour obtenir des "filés" en plein jour. |
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Reste la technique des filtres ND, qui se contentent - en théorie - de diminuer la quantité de lumière sans autre impact. Ils sont dits "neutres" car ils n'introduisent pas de variation chromatique, contrairement aux filtres colorés et aux filtres polarisants. Les photographes sont parfois équipés de tels filtres qui sont montés devant l'objectif selon la lumière ambiante. La bonne sensibilité des derniers capteurs numériques permet d'ailleurs de les utiliser plus souvent. |
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Les caméscopes grand public haut de gamme sont parfois équipés de filtres ND automatiques, alors que les caméscopes professionnels proposent presque toujours ce réglage, mais en manuel avec un rappel à l'écran. Ici, le filtre ND à 4 positions du Canon XF 300. A condition d'avoir suffisamment de lumière et/ou un capteur sensible, la combinaison des trois méthodes offre bien plus de possibilités de contrôle de l'image que les classiques vitesse / ouverture du photographe amateur. |
Le test du filtre variable
Kenko Tokina n'est pas le premier à commercialiser un filtre variable, mais c'est un fabricant important et la technologie du filtre variable va donc être plus facile à acquérir et à utiliser avec ce nouveau produit. Le principe de ces filtres neutres variables est d'utiliser la perte de luminosité des filtres polarisants. Or ces derniers ont une influence notable sur l'image. Kenko, contrairement à d'autres fabricants, a donc intégré une technologie d'annulation de la polarisation. Ce qui rend son filtre variable plus neutre que d'autres, jusqu'à un certain point. La variation est très importante, puisqu'elle varie de ND 2,5 à ND 1000 (c'est à dire que la quantité de lumière entrante est divisée de 2,5 à 1000). Cependant, les valeurs les plus fortes affectent la colorimétrie et sont donc à utiliser avec prudence. Mais entre 2,5 et 400, c'est neutre. Et diviser 400 fois la quantité de lumière, c'est quand même très intéressant ! Cela équivaut par exemple à passer du 1/50e au 1/20000e en vitesse d'obturation (théorique, le 1/20000e n'est pas atteignable par les appareils commercialisés). |
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Soleil d'hiver en pleine face. A ne prendre qu'avec un filtre très fort sous peine d'abîmer le capteur ! Vitesse 1/320e, ouverture f/7,1, filtre presque au maximum. | ||
Vitesse identique au 1/50e en plein soleil, ouverture variant de f/20 et f/3,5 compensée par la rotation du filtre.
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Ci-dessus, vitesse de 1/100e, 100 ISO, ouverture f/4,5 et f/4, sans filtre ou avec filtre bien fermé. Les filtres ND sont souvent utilisés pour les sports d'hiver lorsque le soleil et la neige aveuglent facilement les capteurs. Disposer d'un filtre variable augmente les possibilités de belles photos et vidéos sur les pistes. C'est moins fréquent, mais il peut aussi être utilisé en photo technique, par exemple pour déterminer le fonctionnement d'une ampoule. La variation de luminosité en fonction de la rotation de la bague n'est pas du tout linéaire, mais exponentielle : très faible au départ et jusqu'à la moitié de la rotation environ, elle s'accélère pour devenir brutale sur la fin. C'est la construction même du double polarisant qui veut ça, mais cela demande du doigté près du noircissement maximum. Le filtre existe avec un filetage de 82 mm ou de 77 mm de diamètre. Il est livré avec une bague adaptatrice pour un objectif avec un filetage de 67 mm, mais pas pour d'autres diamètres. Le filetage utilisé est reproduit sur l'avant du filtre pour pouvoir y visser un autre accessoire ou simplement fixer un bouchon d'objectif du même diamètre. |