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Se fabriquer une grue : La tête orientable et le haubanage de renfort (2e partie)

L'art de la bricole

 

01 septembre 2015 par Bricol'art (alias Gérard Galès)

 

grue perso

La conception d'une tête de grue doit être particulièrement soignée car, au-delà du simple aspect sécurité du camescope, c'est de sa qualité de fabrication que dépend la fluidité du mouvement pendulaire. Par ailleurs, les importantes contraintes horizontales et verticales subies par le bras imposent de rigidifier l’ensemble bras/tête avec un haubanage de qualité. Celui-ci permet de faire travailler le bras en compression afin d'empêcher tout effet nuisible de flexion, exactement comme sur un mât de voilier. Il est composé de plusieurs câbles, ancrés sur de solides embases, qui relient les extrémités hautes et basses du bras. Pour être efficace, chaque câble doit tirer le plus possible en biais (d'où l’utilité de la barre de flèche qui l'écarte du bras). Voici les techniques et matériaux que j'ai utilisés pour mener à bien la finition de cette grue, toujours dans un objectif d'économie et de facilité de mise en oeuvre.


grue avec arceau

> LIRE LA SUITE : Le matériel de base

Le matériel de base

Pour la fabrication de la tête de grue, je me suis muni de 2 m d’aluminium plat (largeur 4 cm x 0,5 cm), de 2 m de cornière alu 25 x 25 x 1 mm, d’un mètre de profil d’alu en U 27 x 15 x 1 mm, de petites équerres plastique 50 x 50 mm à riveter (prévoir rivets pop et pince), de 2 molettes plastique avec filetage mâle 6 mm et de 4 goupilles diamètre 4 mm. S’y rajoute de la tige filetée de 10 mm et de la classique boulonnerie diverse avec écrous et rondelles. La platine de fixation rapide du camescope est issue d’un vieux trépied de récupération. Pour les haubans eux-mêmes, la matière première se compose de 10 m de câble acier multibrin diamètre 2 mm, de 8 serre-câbles adaptés, de 6 crochets (ou petites manilles) et de 3 ridoirs en acier galvanisé taille 80 mm. Pour assurer leur mise en place : un mètre de fer plat pré-perforé, de la tige filetée de 10 mm et 8 mm, des écrous et rondelles. L’achat de ces fournitures, qui peut se faire dans n’importe quel magasin de bricolage, représente globalement moins de 100 euros.
matériel de base


(Se fabriquer une grue : La tête orientable et le haubanage de renfort (2e partie))

Préparation du haubanage

Une paire de haubans va empêcher tout mouvement horizontal de flexion du bras et un troisième hauban en vertical va éviter la flexion verticale, « le dos rond » du bras pliant sous la charge. Les contraintes sur ce dernier hauban étant les plus fortes, j’ai décidé de doubler par sécurité le câble et de sur-dimensionner les points d’accroches. Dans ce but, j’ai percé l’extrémité avant du bras, y ai solidement fixé deux crochets sur les côtés et un troisième sur le dessus de la règle d’alu, par le biais de boulons traversant de 6 mm. Les trois extrémités des câbles métalliques peuvent ainsi s’y accrocher d’un seul geste.


fixation hauban
A l’autre extrémité, près de l’axe de l’étrier de support trépied, j’ai traversé les trois épaisseurs de règles avec une longueur de 30 cm de tige filetée de 10 mm, dont la longueur est équitablement répartie de chaque côté. Puis, avec le fer plat pré-perforé, j’ai mis en forme deux pattes d’embases disposées en diagonale. Ce sont là des renforts indispensables pour éviter que la tige filetée ne se torde sous la tension du câble. Un côté du fer plat est boulonné sur la tige filetée (en y rajoutant un crochet) et l’autre côté fixé plus en arrière du bras, par le biais là aussi d’un boulon traversant de 10 mm. Dans le même esprit, j’ai réalisé une patte d’embase pour le hauban vertical, sous forme d’un U inversé en fer plat perforé, placé sur l’arrière du bras et fixé solidement par un boulon traversant.
fixation hauban


(Se fabriquer une grue : La tête orientable et le haubanage de renfort (2e partie))

Mise en place des câbles

La longueur utile de chaque câble se détermine en tenant compte de la longueur du ridoir (desserré au trois quart) et de celle des crochets de fixation. J’y rajoute également 5 cm de marge à chaque extrémité afin de pouvoir créer les boucles de liaison, solidement maintenues par des serre-câbles. Pour confectionner les trois barres de flèches sur lesquelles ces câbles vont s’appuyer, j’ai coupé trois longueurs égales de tige filetée de 8 mm (33 cm, afin d’en sortir trois sur une longueur standard de 1 m). Etant donné que j’ai précédemment placé des manchons femelles aux endroits stratégiques (voir fiche bricolage première partie), il me suffira ensuite de les visser à la main dans ces manchons au moment du montage de la grue. Enfin, sur chacune d’elles, j’ai créé à la scie une petite fente de 3 mm de large dans laquelle vient s’insérer le câble. Celui-ci est de cette façon bien maintenu en place et peut même coulisser légèrement en fonction de la tension due aux ridoirs.
embase de haubans

Il ne reste plus qu’à mettre en place les câbles de haubans et les tendre sans exagération, tout en vérifiant que les barres de flèche restent bien perpendiculaires par rapport au bras.



(Se fabriquer une grue : La tête orientable et le haubanage de renfort (2e partie))

Réalisation à petit prix d'un arceau orientable

L’option numéro 1, faute de budget d’investissement dans une tête motorisée, a été de fabriquer un arceau aussi léger que possible, permettant d’exploiter divers camescopes en suspension pendulaire. Mais en se donnant quand même la possibilité de choisir au préalable un certain angle de cadrage, aussi bien en vertical qu’en horizontal. Pour cela, j’ai conçu mon arceau en plusieurs parties. J’ai tout d’abord fabriqué un étrier horizontal en plat d’alu, fixé en bout de bras et qui comporte un axe transversal en tige filetée de 8 mm. Puis un étrier vertical en cornière d’alu, suspendu à cet axe, et qui présente sur sa partie inférieure une platine standard de fixation avec vis 1/4 et 3/8. Afin de disposer d’une orientabilité sur le plan horizontal, cet étrier vertical est fabriqué en deux parties reliées par un axe central. Le blocage de l’arceau dans un angle particulier s’obtient par simple insertion de goupilles dans des trous pré-percés sur un disque solidaire de l’axe central. Ma solution a été d’exploiter pour cela une épaisseur de trois CD compactés à la colle époxy mais tout autre matériau léger (découpe de bois, plastique, alu) aurait pu faire l’affaire.


arceau pendulaire
L’orientabilité sur le plan vertical est pour sa part assurée par un axe horizontal doté de deux molettes latérales de serrage, sur lequel j’ai monté le support de platine camescope. Le sécurisation du blocage dans l’angle choisi (plongée, contre-plongée) est là aussi assurée par insertion de goupilles dans des petits disques pré-percés (en l’occurrence ici de simples couvercles de bocaux à conserve).


(Se fabriquer une grue : La tête orientable et le haubanage de renfort (2e partie))

S'offrir le luxe d'une tête motorisée

Dans un second temps, il m’a été possible d’investir dans une tête motorisée, capable de supporter un camescope pro d’épaule. Pour des raisons économiques, j’ai opté pour un modèle vendu par DvCity sur eBay pour 380 euros, présentant à mon avis un bon rapport qualité-prix. Je ne regrette pas mon achat car cette tête motorisée est de construction robuste en acier, dotée de deux moteurs et d’un large boîtier de télécommande/alimentation 220V/24V avec joystick ergonomique. Les câbles fournis offrent une connectique pro XLR. Mais cette robustesse se paye par un poids élevé qu’il faut compenser par l’ajout de plusieurs kilos de contrepoids. Pour la fixer, j’ai simplement boulonné sa platine supérieure en lieu et place de la partie basse de l’étrier vertical.


tête motorisée


(Se fabriquer une grue : La tête orientable et le haubanage de renfort (2e partie))

Les têtes motorisées du marché

Une des plus compactes et économique est la petite MotionCam MPH100, vendue 170 euros, par exemple ici sur Digistore.fr. Ne pesant que 0,8 kg mais supportant jusqu’à 2,7 kg, elle peut fonctionner avec de simples piles 1,5V AA ou sur secteur et bénéficie d’une télécommande filaire avec joystick intégré. Mais l’inclinaison verticale est limitée à 30° et la vitesse maximale autorisée, surtout en rotation verticale, s’avère plutôt poussive. J’ai repéré aussi sur le site Broadcastor la gamme de grues et de têtes motorisées de fabrication américaine Glidecam. Du matériel réputé dont le premier prix démarre à 1194 euros avec le modèle Glidecam Vista head HD. Mais les prix des autres modèles de têtes motorisées Glidecam grimpent très vite et s’échelonnent entre 2500 et 22 000 euros.
grues et têtes pros
Un bon rapport qualité/prix se trouve par ailleurs dans la gamme Varizoom dont le modèle VZ-MC50, léger et de qualité, pouvant supporter une caméra jusqu’à 5,4 kg, est proposé sur Amazon.com à 1600 $ (soit actuellement environ 1275 euros). DvCity distribue également diverses solutions complètes grue/tête motorisée à prix très attractifs. Par exemple celle-ci pour moins de 650 euros. Mais qui n’offre en contrepartie qu’un système d’articulation très rustique et ne monte qu’à un peu plus de 3 m de haut. Comparativement, la construction de ma grue et de son arceau de tête pendulaire me revient à 200 euros seulement. Avec l’achat de la tête motorisée, le coût s’élève à 580 euros, pour une réalisation soignée en aluminium, tout à la fois légère et extrêmement robuste, aisément démontable, capable de soutenir de lourds camescopes d’épaule et de le hisser sans difficulté jusqu’à plus de 4 m de hauteur.


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