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Comprendre le mode 25p

Le mode progressif, comment ça marche ?

 

08 septembre 2007 par Antoine Désir

 

Depuis un certain nombre d'années, quelques caméscopes offrent des modes progressifs ou pseudo-progressifs. Le vrai mode progressif restait l'apanage des capteurs plutôt haut de gamme (ce qui a fait la réputation d'un certain DVX100), les caméscopes grand public se contentant de modes pseudo-progressifs divers (GS400, GS500). L'arrivée des capteurs CMOS a changé la donne : il est maintenant bien plus facile d'avoir de vrais modes progressifs avec les caméscopes grand public. Ce mode se nomme 25p (dans les pays respectant le standard PAL) et 24p ou 30p (dans les pays suivant le standard NTSC). Si l'arrivée progressive du progressif (sic) coïncide avec l'arrivée de la HD, ce n'est pas non plus un hasard, les écrans HD étant progressifs.


mode 25p progressif
En fait, le mode progressif n'est pas une nouveauté, c'est le mode normal d'une image : la photo est évidemment progressive, le cinéma l'a toujours été (la pellicule prend une image en entier). C'est le mode entrelacé qui est une anomalie temporaire, dictée par des considérations techniques lors de l'invention de la télévision : la rémanence du tube était insuffisante pour éviter le scintillement. L'astuce a donc été de balayer l'écran deux fois par image avec le faisceau électronique qui dessine sur le tube deux demi-images successives entrelacées. Cela a aussi bien arrangé les fabricants de capteurs CCD un peu lents. C'est donc la télévision à tube qui a imposé ce mode entrelacé. Les progrès électroniques (les écrans informatiques à tube fonctionnent en progressif) et l'arrivée des écrans plats, auront eu raison de cette "bidouille", après un temps de transition.

> LIRE LA SUITE : Le mode progressif en images fixes

Le mode progressif en images fixes

Le mode progressif nous fait revenir à quelque chose de plus simple en vidéo : une vraie succession de photos prises à 25 images par seconde. Le premier effet, c'est que les arrêts sur image sont aussi nets que des photos :

Image entrelacée au 1/50e


mode entrelacé



Image progressive au 1/50e


mode progressif

Le second effet, c'est que la vitesse d'obturation du caméscope retrouve un intérêt. Les images ci-dessus sont prises au 1/50e, ce qui est trop faible vu le mouvement. Qui penserait à prendre une photo au 1/50e dans de telles conditions? Si le flou passe inaperçu en mode entrelacé, ce n'est pas le cas en mode progressif.



Image entrelacée au 1/250e


mode entrelacé



Image progressive au 1/250e


mode progressif
Ici, le caméscope est réglé en mode manuel au 1/250e. Si l'intérêt en mode entrelacé n'est pas évident (le fond fixe est un peu plus net), il le devient en mode progressif (le caméscope prend 25 vraies photos de 2 megapixels par seconde). Un résultat plus propre serait même possible si le caméscope ne devait pas compresser toutes ces photos au format MPEG-2.



(Comprendre le mode 25p)

Le mode progressif en vidéos

Comme des images valent mieux qu'un long texte, voici ce que ça donne en vidéo. La séquence suivante montre quatre passages quasi-identiques (merci à Adrien pour son effort de régularité) avec des réglages différents du HV20 (idem pour le HV30). Attention, la séquence est visible dans le format H.264 en 1280x720 pixels. Assurez-vous que la lecture est bien fluide sur votre  ordinateur pour éviter d'attribuer d'éventuelles saccades au mode progressif.


25p


(en cas d'impossibilité de voir la vidéo dans cette résolution, visionnez-la en 420x236 ici).


  • mode auto (donc au 1/50e), entrelacé. Disons, "à l'ancienne",
  • mode auto (donc au 1/50e), progressif. Flou, mais parfait sur écran plat ou informatique,
  • mode manuel (bloqué au 1/250e), entrelacé. Pour un fond plus net et une meilleure décomposition,
  • mode manuel (bloqué au 1/250e), progressif. Vous pouvez étudier le pédalage image par image, avec un excellent rendu sur écran HD !


(Comprendre le mode 25p)

Et si je veux fluidifier la vidéo ?

L'aspect de l'image progressive avec une obturation rapide peut paraître trop saccadée. Mais il est possible d'introduire un peu de flou pour fluidifier visuellement les mouvements rapides. Le terme anglais de cet effet assez classique est "motion blur" (flou de mouvement). Pour cet usage, il sera très modéré.

Même à la vitesse d'obturation standard en vidéo (1/50e), l'utilisation du mode progressif amène une "texture" particulière à l'image. Ce n'est pas l'aspect cinéma souvent recherché (il nécessite d'autres ajustements), mais c'est la première étape pour y arriver.


Le HV20 utilisé ici est capable d'un vrai mode progressif. Les célèbres caméscopes GS400 puis GS500 offraient déjà un mode "pro-cinéma" qui tente d'approcher l'aspect cinéma en combinant un mode pseudo progressif (appelé frame mode, ce mode donne 25 images pleines par seconde au prix d'une perte de résolution), la proportion 16/9e et un réglage de gamma plus proche de la pellicule :


25p

Le clip suivant est tourné en HDV avec le mode 25p du HV20, que l'on trouve à l'identique sur le HV30, regardez bien la texture et les mouvements lors du gros plan :


25p

Un autre effet bénéfique du mode progressif est la possible baisse de la vitesse d'obturation à 1/25e de seconde si l'image bouge peu. Autant il est difficile d'imposer une obturation au 1/25e lorsque 50 demi images sont prises chaque seconde (on obtient des saccades difficilement supportables), autant il est plus facile de le faire lorsque 25 images pleines sont prises chaque seconde. Certes le flou est supérieur, mais deux fois plus de lumière entre dans l'objectif pour chaque image, augmentant la sensibilité perçue. La vitesse minimale d'obturation n'est donc plus de 1/50e, mais de 1/25e en progressif. Dans les situations de faible luminosité, cela peut dépanner.

Mais bien sûr, le principal avantage du mode progressif, c'est son adaptation évidente aux écrans progressifs. Pour diffuser une vidéo sur le web (qui sera donc affichée sur un écran informatique progressif), pourquoi tourner en entrelacé alors que cette vidéo sera désentrelacée à un moment ou à un autre de la chaîne de diffusion ? Toutes les vidéos que vous venez de voir s'affichent en mode progressif (sauf si vous gravez un DVD avec et que vous le regardez sur une télé à tube). Les séquences tournées en entrelacé ont été désentrelacées par le lecteur QuickTime pour éviter les stries visibles sur les photos.


Le désentrelacement nécessaire à l'affichage d'une vidéo entrelacée sur un écran informatique ou sur un écran plat (notamment en HD) provoque une perte de finesse de l'image, aboutissant à une diminution de la résolution réelle. Pourquoi avoir un bel écran Full HD si c'est pour afficher une image dont la résolution est déjà attaquée par le désentrelacement ?



(Comprendre le mode 25p)

Conclusion

Finalement, on en revient aux fondamentaux, les mêmes qui ont amené en son temps le mode entrelacé : il faut capter l'image pour qu'elle corresponde le mieux à la diffusion finale. Le mode progressif va donc doucement passer de l'option à l'essentiel. À bon entendeur, salut !



(Comprendre le mode 25p)

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