Chronique : le décor de film

 

La seconde section de cet ouvrage porte sur 13 "études de cas" (13 analyses de décors) qui couvrent toutes les époques, y compris la plus récente puisqu'on y trouve le film Parasite, Palme d'Or à Cannes en 2019. L'auteur, Jean-Pierre Berthomé, s'appuie ainsi sur 13 films célèbres du 7e Art dont West Side Story, les Demoiselles de Rochefort, Orange Mécanique, Le Locataire, Blade Runner, Le Rideau déchiré, Metropolis ou encore Intolérance. 

 

 

Le livre est plutôt richement illustré. A chaque film, Jean-Pierre Berthomé réalise un beau travail descriptif sur les décors qui ont servi à tel ou tel film, à une scène en particulier, voire à une intro. Autrement dit, l'auteur analyse en quoi ce décor "dit quelque chose" des enjeux dramatiques du film. Un rapprochement passionnant. 

 

 

Ainsi dans le Locataire de Roman Polanski, Jean-Pierre Berthomé nous montre comment l'immeuble dans lequel se déroulent la plupart des actions du film, est un personnage à part entière. De même, dans Parasite de Bong Joon-ho, on comprend peu à peu comment l'agencement du décor des deux demeures du film (celle de la famille pauvre et de la famille riche) s'opposent et se répondent, tout comme le souterrain squatté par le mari de la gouvernante.

 

 

Chaque "étude de cas" comprend 8 à 12 pages dont plusieurs photos. C'est un rythme plaisant, qui permet d'approfondir la compréhension d'un décor sans que cela soit rébarbatif à lire. Le discours est technique mais sans jargon.

 

Comme précisé au début, le livre de Jean-Pierre Berthomé fait précéder ses 13 analyses de cas par des "généralités" passionnantes sur l'art du décor tout aussi intéressantes à lire. Cette section est la plus volumineuse puisqu'elle totalise 139 pages sur 263, soit plus de la moitié du livre. L'auteur découpe son raisonnement au moyen de thématiques étroitement liées au décor : l'incidence du tournage en studio ou en décors naturels, les représentations du passé et du futur, les particularités du cinéma vis-à-vis du théâtre ou de l'architecture, ou encore les trucages analogiques et numériques. 

 

 

J'avoue avoir grandement consolidé ma (maigre) culture personnelle sur le décor de cinéma en découvrant par exemple les 6 fonctions du décor de film : décor dénotatif, décor facilitateur de la mise en scène, décor expressif, décor métaphorique, décor spectacle, et décor acteur.

 

Autre satisfaction, l'auteur adopte parfois un point de vue critique qui n'est pas déplaisant. Ainsi il prend position lorsqu'il qualifie par exemple de faux débat l'opposition entre décors naturels et de studio.

 

 

Thierry Philippon