Premiere pro sur Mac: où en est-on ?

A l'occasion du Satis 2011, Adobe nous a livré une partie de sa philosophie passée, actuelle et future vis-à-vis de Premiere Pro sur Mac. Une mise au point nécessaire au moment où beaucoup de professionnels se posent la question du devenir du leader Final Cut Pro ou des passerelles à envisager. 

 

Etats des lieux

Chercher à concurrencer une position bien établie, en l'occurrence celle de Final Cut pro et dans une moindre mesure celle d'Avid avec Media Composer, n'est pas chose facile. Depuis 2008 environ, Adobe affine pourtant son logiciel de montage Premiere pro version Intel-Mac en cherchant à répondre avec pertinence à la forte exigence des utilisateurs Mac. L'arrivée de Final Cut pro X ne peut que redoubler l'intérêt d'Adobe pour le montage sur Mac, la firme de San Jose sachant que la déception (justifiée ou pas) qui a entouré le débarquement de FCPX est susceptible de générer l'arrivée de "switcheurs", vexés, voire furieux de la politique Apple envers les pros. Selon Denis-Pierre Guidot, responsable avant-ventes des solutions vidéo chez Adobe, Apple se comporterait comme s'il lâchait le monde professionnel (même si ce dernier s'en défend). En 2012, la sortie de la Creative Suite CS6 amplifiera sans doute le positionnement de Premiere Pro sur le terrain du Mac. Cette suite devrait sortir en mai 2012, soit 2 ans après la sortie de la CS5. Adobe Premiere Pro sera proposé seul ou intégré à l'une des deux suites Production Premium et Master Collection.

 

 

Un contexte favorable

Si Adobe reconnaît que la période est plutôt favorable aux produits de montage de la marque (*), l'éditeur de logiciels estime que les switcheurs FCP vers Adobe et les nouveaux venus, ne débarquent pas par hasard. Il en veut pour preuve le passé de la marque et la longue histoire de Premiere sur Mac, à l'image des toutes premières versions de Premiere (1.0 à 3.0), apparues dans les années 90, qui étaient uniquement compatibles… Mac. S'il est vrai qu'Adobe s'est désengagé commercialement du montage sur Mac dans les années 2003-2007, ce n'était pas sans raison. Il y avait une forte occupation de ce terrain de la part d'Apple et d'Avid, sur fond de leadership de FCP qui n'a fait que se confirmer d'année en année. Ajoutons que le montage sur Mac reste un "petit" marché sur le plan professionnel pour lequel Adobe n'avait pas forcément envie de se battre. Premiere Pro sur Mac souffrait par ailleurs d'une mauvaise image (bugs). Néanmoins, Adobe n'a jamais abandonné Premiere Pro Mac, d'autant que la base Intel était déjà en place. 

 

 

 

 

Sur un plan technique, Premiere Pro a amélioré progressivement ses fonctionnalités dès la CS3 avec une optimisation du workflow, et dès la CS4 avec une plus grande ouverture comme l'export OMF, l'import/export AAF ou surtout, l'import/export FCP via l'XML permettant à partir d'un projet FCP initial, de retravailler finement son montage sous Premiere en liaison directe avec After Effects… Mais la version CS5 apparue en 2010 (*) marque probablement un tournant décisif avec la plus grande rapidité du nouveau moteur de lecture Mercury 64 bits, sous couvert que la machine soit équipée d'une carte Nvidia. Avantage, une capacité de lire les projets sans effectuer de rendu. Amélioration aussi du côté des codecs : en natif, on trouve depuis la CS5 le support de la Red ou du XDCam. Enfin, depuis la version 5.5, les passerelles sont beaucoup plus cohérentes avec une meilleure synergie : par exemple, on peut importer directement sur la time-line de Premiere pro des compositions créées sous After Effects. En dehors du pro, et même si c'est plus anecdotique, rappelons que le petit frère de Premiere Pro - Premiere Elements - est devenu compatible OS X en 2010 avec Premiere Elements 9.

 

Aller plus loin ?

Pour hisser Premiere pro le plus haut possible, les seuls arguments technologiques ne suffisent pas. L'axe de développement d'Adobe est d'étudier les habitudes des utilisateurs de FCP en écoutant particulièrement leurs doléances. Pourquoi ? Parce que le chouchou d'Apple reste particulièrement ergonomique et intuitif, ce qu'Adobe sait bien. L'éditeur cherche ainsi à prendre en compte ce qui peut gêner un monteur FCP qui se retrouve aux commandes de Premiere pro pour la première fois ou qui connaît déjà Premiere, mais qui ne parvient pas à travailler rapidement dessus. Les remontées utilisateurs sont d'autant plus importantes pour Adobe que son point fort est sa réactivité plutôt supérieure à celle de ses rivaux en matière de mises à jour. Les améliorations du logiciel peuvent se situer sur un plan "cosmétique" comme la faculté de modifier les tonalités de l'interface (du sombre au clair) afin de correspondre à l'univers de l'interface du monteur FCP. Ou sur un plan ergonomique comme la possibilité de personnaliser le clavier sur Premiere Pro afin d'accéder aux raccourcis clavier de FCP 7. L'étendue des fonctionnalités à améliorer dans le futur reste vaste, qu'il s'agisse de l'importation des fichiers, la présentation des fenêtres, ou l'identification automatique des formats / codecs. 

 

 

 

(*) Sur son pôle vidéo pro, Adobe a enregistré une hausse de 30% et sur la plate-forme Mac, la croissance en volume atteint 45%. Ces hausses seraient 6 fois plus importantes que la moyenne du marché.

 

(**) Rappelons que la BBC, anciennement sous Avid, a adopté Premiere pro CS5 pour équiper près de 2500 postes de cette fameuse entreprise audiovisuelle (toutefois, au quotidien, la BBC travaillerait toujours principalement sous Avid). Premiere Pro a été également choisi par James Cameron sur son film Avatar, pour différents usages en pré et post-production, notamment pour assurer les compositions avec les scènes animées, venant en complément du montage effectué sous Avid. 

 

 

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