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L'EISA tacle le camescope et stimule la photo

19 août 2012 par Thierry Philippon


L'info nous semble révélatrice d'un état des lieux des marchés photo-vidéo et du milieu de la presse. L'EISA, organisme trentenaire regroupant une cinquantaine de magazines provenant de vingt pays européens, vient d'attribuer pour sa section Photo 9 récompenses à 9 appareils photo dans 9 catégories distinctes (*). De son côté, la section vidéo, pour ce qui concerne les appareils de prises de vues, récolte les miettes... Un seul élu émerge, le Canon LEGRIA HFM52  au titre de (meilleur) camescope européen 2012-2013. Mazette !

Canon HFM52, seul camescope digne d'intérêt aux yeux de l'EISA. Est-ce bien sérieux ?
 
Jusqu'à présent, les camescopes concouraient dans trois catégories dont une catégorie "European 3D-Camcorder", récemment créée. Une catégorie "Meilleur logiciel vidéo" avait même été initiée autrefois. Alors pourquoi un seul élu en appareil de prise de vue vidéo ?
 
Nous y voyons plusieurs raisons :
  • un certain reflet du marché : la cote du camescope grand-public est en nette baisse auprès des fabricants d'autant que le secteur est surtout porté par les produits entrée de gamme et les Pocketcam.
  • une logique interne à l'EISA : cet organisme a plutôt tendance à récompenser les produits pour lesquels les fabricants sont susceptibles de communiquer car l'EISA rémunère ses membres par la publication de pages de publicités dont le nombre et la date de parution sont prédéterminées (comprenez "imposées" aux fabricants). Comme ces derniers communiquent très peu, voire pas du tout, sur les camescopes en presse magazine, il est plus malin d'accorder des prix à des valeurs sûres comme le Samsung Galaxy S III, le Sony Xperia P ou le Nikon D4.
  • un reflet de la presse magazine vidéo européenne : l'EISA n'accueille aucun titre véritablement spécialisé en tests de camescopes. Il faut dire qu'il en existe très peu, sauf en Allemagne, en Angleterre et dans une moindre mesure, en Italie.

 

Sony HDR-CX740, salué par les utilisateurs avertis et toute la presse Web, mais inconnu chez nos confrères de l'EISA...

 
Malgré les contingences du marché (vidéo et de la presse), on peut tout de même regretter cette situation. D'abord, de très bons appareils de prises de vues vidéo hauts de gamme auraient pu recevoir une distinction comme le HC-X900 de Panasonic ou le CX740 de Sony ainsi que leurs déclinaisons respectives en milieu de gamme. L'année 2012 a également vu de nombreux modèles étanches à l'image d'un Pocketcam vertical unanimement salué par la presse et les utilisateurs, le Sony HDR-GW55. Ce ne sont donc pas les produits récompensables qui font défaut. Et pourquoi ne pas intégrer de catégorie "camescope pour prosumers", les prétendants se seraient bousculés au portillon !
 
Ensuite et enfin, l'EISA est enfermée dans son schéma "presse magazine" et dans son fonctionnement interne qui n'a pas su évoluer avec le Web, n'ouvrant la porte de son jury à aucun site Web indépendant (**). En 2012, à l'heure ou des sites comme "lesnums" (pour ne citer qu'eux !) ont une influence considérable sur les achats des marchés audio-photo-vidéo, un tel sectarisme décrébilise complètement la prestigieuse organisation…
 
(*) Certaines catégories sont tout de même très marquetées comme la récompense au Sony DSC-HX20V au titre du "(Meilleur) appareil photo de voyage 2012-2013". Comme si les autres n'étaient pas doués pour le voyage !
(**) La plupart des magazines, à de rares exceptions près (Video Popular, Chasseur d'Images) ont un site vitrine, mais dénué de tout contenu éditorial autonome.
 
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