Magazinevideo > Actus > Actus vidéo

GoPro, quand l'image vacille

16 septembre 2014 par Thierry Philippon


Voici une affaire bien instructive qui touche à la fois une star de la formule 1, un produit technologique de première ampleur, et la force marketing de l'image de marque. C’est à ma connaissance la première fois qu’un tel cocktail est réuni. Une histoire d’arroseur arrosé stupéfiante. Explications.
 
Le pilote Schumacher descend une piste de ski, une GoPro fixée sur son casque. C’est l’accident. Après examen, la GoPro avec laquelle il filme sa descente, est considérée comme ayant pu aggraver le choc en raison du système de fixation (le pilier) de la caméra sur le casque, qui indice troublant, n'est pas cassé. La suite des débats d’experts qui commencent à essaimer sur la Toile, promet des batailles d’avocats dantesques s'il y a procès. On va chercher à déterminer si la caméra a pu être un facteur aggravant, alors que Schumacher a pu renforcer lui-même la fixation, détournant l’usage prévu de la GoPro. Etant donné l’opacité qui entoure cet accident, et les enjeux tant pour GoPro que pour la famille Schumacher, je doute que le grand-public ne sache un jour la vérité.
 
Une autre vérité fait jour, celle de l’absence de réaction de la marque. Au lieu de démentir les accusations et rassurer ses clients, GoPro a choisi la stratégie périlleuse du silence : jusqu’à ce jour, pas de communiqué officiel sur cette mise en cause. Pourtant, l’action GoPro a chuté de 10% dès les premières révélations (qui ne sont pas tout à fait les premières mais elles ont été affirmées plus fort). Il faut dire que coïncidence du calendrier, GoPro sort sa Hero 4 juste en ce moment. On comprend que son plan de communication, toujours très huilé, n’avait probablement pas anticipé ce « télescopage » de retombées presse… GoPro s'est peut-être d'ailleurs fait surprendre car ces mêmes accusations na datent pas d'hier et avaient d'ailleurs été classées sans suite sur le plan pénal, en février 2014. Mais entretemps, il y a eu l'entrée en bourse de l'action GoPro et la sortie de la Hero 4, qui ravivent peut-être la volonté de désigner un "coupable idéal".
 
Malgré tout, et même si la marque n'est ni coupable ni responsable, GoPro devient l’arroseur arrosé : celui qui a bâti sa fortune en sachant parfaitement maîtriser la communication par les réseaux sociaux devient en même temps celui qui pourrait voir sa suprématie ébranlée par une erreur de communication. Dans notre monde de surréaction, le silence est interprété au mieux comme de l’indifférence ou du mépris, au pire comme un aveu de culpabilité. Toujours plus haut, toujours plus fort... jusqu'à la chute.
 
Une entorse à la success story de GoPro qui colle à l’image d’une marque un peu arrogante qui parvient à vendre ses produits comme des petits pains, mais adopte une attitude commerciale assez désinvolte quand ses clients rencontrent des soucis ou dans son relationnel avec la presse. GoPro est aussi victime à la fois de son succès et de "l’auto-centrisme" des sportifs que la marque a accompagné : il n’est pas si étonnant que les psychopathes les plus infréquentables aient utilisé cette "Hero" : en première ligne Anders Breïvik, Mohammed Merah et Mehdi Nemmouche. On trouve aussi des personnages médiatiques moins dérangés mais tout aussi frappadingues telles que la chasseuse de fauves - Melissa Bachman - dont le compte YouTube a d’ailleurs été clôturé. 
 
Le service juridique de GoPro a certainement prévu que des accidents de ce type puissent survenir, y compris chez ses ambassadeurs les plus renommés. Et Schumacher a certainement une part de responsabilité dans cet accident et ses conséquences. Comme le disait un internaute, cette recherche effrénée de coupable alors que c'est avant tout un accident tragique d'un sportif peut-être trop sûr de lui, est épuisante. Bientôt, on accusera le rocher d’avoir rencontré la tête du pilote de F1 !
 
Mais même si GoPro sortira probablement disculpé de cette affaire, la marque vit la première vraie crise de son histoire commerciale. GoPro va devoir puiser dans ses ressources pour qu'on continue d'associer davantage la marque au souvenir de Baumgartner qu'à celui de Schumacher…
 
Dernière minute : GoPro a fini par réagir officiellement en menaçant le principal réactivateur de cette info (Jean-Louis Moncet), de diffamation. Curieusement, ce dernier qui tenait du propre fils de Schumacher que la GoPro était responsable de la gravité de l'accident, aurait affirmé désormais que le fils de Schumi ne lui avait rien dit de tel. A suivre...
Bénéficiez des tests Premium et téléchargez les fichiers natifs
Créez un compte Premium et abonnez-vous à l'indépendance

Vos avis !

avatar mehdimedia Membre
sérieusement, je trouve la polémique ridicule, ça valait pas le coup d'en faire tout un article il me semble. Gopro va vacillé suite à cette info, ah bon, vous êtes sérieux là ?...
yapa Invité
Bonjour. Plutôt qu'un article de ce genre, j'aurais vraiment préféré un test exhaustif de(s) dernière(s) camera(s) de la marque de votre part. Cordialement.
Thierry P. Invité
Un produit n''est pas déconnecté de sa stratégie marketing et il est bon d'avoir un peu de recul de temps en temps. Vous payez d'ailleurs - surtout chez GoPro - une bonne part de marketing dans le produit. Par ailleurs, la notion de prise de risque est au coeur de la problématique de ces "accessoires de sport". Enfin, et nous y faisons allusion dans l'article, le relationnel avec la presse est difficile avec GoPro. La marque prête difficilement ses produits pour test, n'a jamais de produit disponible, etc. Ceci explique cela. Espérons que cela changera...
cslevine Invité
je découvre ici le sujet concernant Schumarrer. Mais je lis que le plan comm chez Gopro est "bien huilé". S'il était si bien huilé chez Gopro, ils auraient entendu parler des techniques de l'effet d'annonce. Or leur silence voulu leur permet sans doute de ne pas trop avoir de ventes à gérer : faute de stocks dans les magasins l'été dernier, avec des annonces de report non démentis de sortie de la "4" en mars 2015, beaucoup se sont acheté une Drift ou une Sony dans les boutiques boudées par Gopro. Si c'est celà qu'on appelle un plan communication sérieux, c'est plutôt bon signe : bonne marge de progression à venir...
MANU09 Invité
Quel que soit le parti pris (ou l'absence de parti pris) , et l'aspect complet de cette article, j'aurais bien vu un point d'interrogation à la fin... C'est bien sûr que mon point de vue pour dire que comme pour Go Pro à travers sa com., une simple ponctuation peut induire l'opposé de ce que l'on souhaite produire, c.a.d. une analyse un peu écorchante tout en restant objectif et ouvert : là on pense au contraire que la chute est souhaitait...l'article ne laisse aucune autre possibilité...tout est fermé, dommage ?

Articles correspondants